Chapitre 38 : Channy

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L'antiseptique me montait au nez violemment. Je connaissais cette odeur. Je la détestais. Je levais une main jusqu'à mon visage pour me frotter les yeux. Ils me brûlaient. Mes lunettes me manquaient. Une main étrangère capturer la mienne.

- Ne touche pas, Channy. Ils t'ont mis un produit dans les yeux. Tu as une légère infection, me prévint Brett d'une voix douce.

J'abaissais mes mains mais ne permis pas à Brett de retirer la sienne. J'avais besoin de ce contact pour réellement me rendre compte que je n'étais plus aux prises d'Alexander.

- Ça me brûle, me plaignis-je de ma voix horriblement cassée.

- Je sais. L'infirmière m'a prévenu que ça aller t'être douloureux mais elle m'a dit aussi que tu ne devais pas les frotter pour te soulager, mon ange.

Je ne rétorquais rien. Il me fallait penser à autre chose afin d'oublier mes yeux. Malheureusement pour moi, j'avais matière à réfléchir. Ces cinq jours avec Alexander, la police et mes amis qui me retrouvent mais un sujet me taraudait le plus. Un sujet qu'il me faudrait éliminer au plus vite s'il était existant. Le menton tremblant, je refluais les larmes qui menaçait de couler en me tournant vers mon frère.

- Ils... est-ce qu'ils m'ont fait un test de grossesse, Brett ?

Sa main se resserra sur la mienne. Son souffle s'accéléra. Je pouvais sentir sa colère latente.

- Non. Il est trop tôt pour détecter une éventuelle grossesse, ma puce, m'informa-t-il entre ses dents.

Il était très en colère. Je l'étais aussi mais je ne me sentais pas en capacité de faire le tri dans tout ce que je ressentais. Toutes ces émotions me rendaient amorphe. Mon esprit ne parvenait pas à laisser la place à une émotion. Toutes se succédaient, venaient en même temps par moments. Tout allait trop vite en moi.

- Si je suis enceinte, je veux avorter, Brett. Je n'en veux pas, m'exprimais-je avec véhémence.

- Ne t'en fais pas pour ça maintenant, ma puce. Calme-toi. Tu as besoin de repos.

- Promets-moi que tu m'emmèneras avorter, Brett, insistais-je ayant besoin de son approbation.

- Bien sûr, je te le promets. Je ne te laisserai jamais devoir supporter une grossesse non désirée. Surtout dans les circonstances de cette conception. Maintenant, calme-toi, s'il te plaît. On réglera ça en temps et en heure.

Rassurée, je hochais la tête et me rallongée de tout mon long. Je ne m'étais pas rendu compte que sous la panique qu'il ne veuille pas me faire subir un acte de ce type, je m'étais redressé.

La porte de ma chambre d'hôpital s'ouvrit. Elle était silencieuse. La seule façon pour moi de le distinguer était les bruits du couloir qui se fit plus bruyante. Cependant, je ne pus empêcher mon corps de se crisper. Brett caressa du pouce le dos de ma main pour m'aider à me détendre.

- Oh, tu es réveillée ? se réjouissait Mase en prenant place près de moi, sur mon lit. Comment te sens-tu ? Tu as mal quelque part ? Je vais aller chercher une infirmière, débita-t-il.

Je pouvais percevoir l'angoisse dans sa voix. Il ne me laissait pas en placer une. Craignait-il que je ne parvienne toujours pas à prononcer un mot ?

- Reste, s'il te plaît, suppliais-je presque. Appuie sur le bouton pour l'appeler.

Je ne voulais pas qu'il parte. Je ne voulais qu'aucun des deux ne me quitte. Je voulais que tous les deux restes auprès de moi pour toujours. C'était ces deux hommes qui m'avaient libéré de ce malade. Ils étaient actuellement ma seule protection face à ce monde emplie de féroce loup affamé. Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas senti aussi apeurée de vivre dans ce monde. J'avais surpassé ce sentiment par le passer. Le voilà revenu. J'avais peur de ce qui pouvait m'arriver sans eux, même si je savais consciemment que cela était ridicule. La menace, d'après Mase, avait été éliminé. Je n'avais plus rien à craindre mais je redoutais toujours de l'entendre, de le sentir, arriver derrière moi. Je savais, également, qu'il me faudrait du temps pour le réaliser. Tout le chemin que j'avais entrepris, ces deux dernières années avaient été réduites à néant par Alexander. En cinq jours, il avait détruit des années de travail sur moi-même. Je me retrouvais à mon point initial. J'espérais que la force, que j'avais cumuler, m'aiderait, néanmoins, de retrouver ma santé plus rapidement. Après tout, j'étais bien entourée. J'avais auprès de moi deux hommes. Ils n'avaient pas hésité à tout entreprendre pour me retrouver et me ramener en sécurité mais il me faudrait du temps et de l'aide d'un professionnel pour oublier la sensation du corps de l'homme sur le mien. Je pouvais encore sentir tout ce qu'il m'avait fait subir. C'était atroce et dégoutant. Alors que je m'apprêtais à accorder de nouveau ma confiance à un homme et laisser Mase entrer dans ma vie d'une façon différente de la place qu'occupait Brett dans celle-ci, Alexander était arrivé et avait tout détruit. J'étais très attacher à Mase mais, à présent, je ne me sentais plus capable d'envisager une relation avec lui. Je ne voulais plus être toucher de cette façon-là. Cela me rappellerait bien trop les mains, le souffle, l'odeur de l'homme. Je lui en voulais pour avoir gâché cette prémices de relation entre le pompier et moi. Cela s'annonçait être quelque chose de beau et je voyais cette relation s'inscrire dans la durée. Alexander avait tout détruit sur son passage...

A blinding encounterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant