Chapitre 42 : Channy

921 100 0
                                    


Mon cœur battait rapidement. J'étais stressée. Ce moment avait son importance. Cela était une sorte d'aboutissement à tout ce que j'avais pu traverser. Une sorte de revanche sur mon passé. Montrer à tous que même si j'avais vécu l'horreur, avec du temps, je pouvais m'en sortir et continuer à vivre.

Pour en arriver à ce résultat, j'étais passé par des phases terriblement difficile. J'ai bien cru, à un moment, que la folie d'Alexander aurait eu ma peau. Trois ajours après mon hospitalisation, j'étais rentré à la maison. Je n'en étais plus ressortie jusqu'à la semaine dernière. Durant ce temps, j'ai dû entamer un combat contre moi-même. Cela fut éreintant pour le corps et l'esprit. Une guerre contre la dépression. Six mois de bataille. Je ne fus pas seule, cependant, et je pensais que cela m'avait grandement aidé à ne pas craquer sous la pression de mes souvenirs. Le docteur Andrews y avait été pour quelque chose dans ces réussites successives. J'avais découvert un professionnalisme et un investissement de sa part totale. Il s'était impliqué à cent pour cent dans ma guérison après avoir appris ce que j'avais subi. J'étais devenue sa toile de maître. Il voulait absolument que je parvienne à obtenir ce que je méritais, d'après ses mots. Avec Brett et Mase, il s'était concerté afin de m'offrir le cocoon dont j'avais besoin au début. Puis, petit à petit, au fil de mes progressions, il avait ordre de lâcher du lest pour me laisser affronter certaines situations seules. Cela fut long et douloureux. Ils avaient le devoir de me laisser seule à la maison depuis deux semaines, à peine, sans craindre que j'attente à ma vie. Jusqu'à cette date, le docteur Andrews n'était pas sûr que je n'entreprendrais rien de risquer pour moi. Il était vrai que je n'avais pas encore eu la prise de conscience qui me fallait. Je n'arrivais pas à voir que j'avais évolué, que mon esprit se jouer moins de moi. Je partais toujours du principe que seule la mort pourrait me tirer de cet enfer. Cela était la dépression qui parlait. Puis un jour, je m'étais réveillée avec la conviction que tout irait bien pour moi, que j'avais presque réussi à franchir les derniers mètres de ce trou béant dans lequel j'étais tombé. Il ne fallait pas lâcher à quelques mètres. J'avais trop travaillé sur moi-même pour cela. Eux aussi. Ils avaient trop sacrifié pour que je les laisse tomber. Alors je m'accroche, parvenant même à trouver des moments de joie dans mes longues journées. Lorsque je levais la tête, vers la sortie du trou, je pouvais voir la lumière. J'y étais presque et grâce au docteur Andrews et les garçons, je savais que j'avais la force nécessaire pour franchir le cap. À ce moment-là, je pourrais me retrouver à l'air libre. Je pourrais emplir mes poumons d'oxygène pur. Je pourrais sentir les rayons de soleil réchauffés ma peau et je pourrais enfin découvrir le monde sans peur. J'avais conscience que les agissements d'Alexander à mon encontre seraient gravés à jamais en moi mais j'apprenais, progressivement, à accepter l'idée que je l'avais vécue mais que cela n'était pas une fatalité, que ce n'était pas cet instant qui devait annoncer ma fin. Ce n'était qu'un autre recommencement, avec une nouvelle Channy qui en ressortirait plus forte. C'était l'état d'esprit que j'enregistrais à mon rythme, jour après jour.

Il y avait quelques mois, les garçons avaient voulu connaître mes rêves, mes aspirations, me demandant de faire fi de mon pessimisme face à mon avenir. Ils voulaient savoir ce qui me m'apporterait une motivation de plus pour progresser dans ma thérapie. Je m'étais alors replongé dans l'esprit de la jeune adolescente que j'avais été, jadis. Celle-ci avait bien un rêve d'avenir mais l'avait vu fauché en pleine lancée. Je m'étais préparé, au lycée, à faire des études de droit, comme mon père. Celui-ci les avait commencés avant de mettre ma mère enceinte et de devoir les abandonner pour travailler. Il m'avait mis en tête que les études seraient ma bénédiction pour l'avenir depuis que j'étais une toute petite fille. Il me racontait à quel point le métier d'avocat pouvait être exaltant. Je l'ai toujours pris au mot. Cela avait éveillé mon intérêt jusqu'à devenir mon objectif personnel.

A blinding encounterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant