A blinding encounter

Chapitre 40 : Channy

La porte de ma chambre s'entrouvrit. La démarche si discernable de Brett m'indiquait qu'il s'approchait doucement.

- Où étais-tu ? chuchotais-je pour ne pas réveiller Mase.

- J'avais besoin de prendre l'air, rétorqua-t-il brutalement.

- Tu es en colère... je l'entends parfaitement. Pourquoi ?

- D'après toi, Channy ? On aurait dû fuir, comme je l'avais dit. Au lieu de ça, on les a écoutés. On est resté et tu as dû affronter ce monstre, seule. Tu as subi l'impensable. J'étais censé te protéger et j'ai failli. Je suis en colère contre Alexander. Je suis en colère contre Mase. Je suis en colère contre moi-même.

- Te rends-tu compte que même en fuyant, il nous aurait retrouvé, Brett ? Alexander était déterminé. Il nous aurait pourchassé. Le fait est, qu'il ne pourra plus jamais faire de mal à qui que ce soit. Je t'aime, Brett, de tout mon cœur mais tu ne peux pas avoir prise sur tout. Je n'en veux qu'à une seule personne dans cette histoire. La personne responsable de tout ceci. Alexander. Tu n'y es pour rien. Mase non plus alors cesse de te tourmenter pour une chose qui est irréversible. Ça ne sert strictement à rien.

- J'aurais dû...

- Il y a plein de choses à imaginer avec des si, Brett, le coupais-je afin de ne pas l'entendre s'autoflageller. Seulement, je pense que cela n'aurait été que retarder. Il ne m'aurait jamais laissé tranquille... oui, j'ai vécu quelque chose qui m'a marqué à vie. En ce moment, je me sens très mal, j'ai l'impression d'avoir été dépouillée de mon propre corps. J'aurais même à tendance à vouloir m'enfermer à la maison jusqu'à la fin de ma vie. Je suis triste. J'ai mal à l'intérieur... mais j'irais mieux et je sais que cela sera pour de bon, cette fois, parce qu'Alexander est plus parmi nous. Il ne pourra plus jamais m'atteindre. Il a payé de sa vie ce qu'il m'a fait subir et maintenant, je suis libre de cette angoisse qu'il faisait naître en moi. J'irais mieux, Brett... j'ai seulement besoin de temps. Je l'ai déjà fait. Je peux le refaire... j'espère...

Il s'avança jusqu'à mon lit et m'enlaça par les épaules.

- Je t'aime tellement, ma puce. J'ai eu tellement peur de ne jamais te retrouver. Je n'ai jamais ressenti une telle impuissance. Comment j'aurais pu survivre si tu...

- Ce n'est pas le cas... pleurais-je devant la douleur de celui que j'aimais comme étant un frère. Je suis bel et bien là, Brett, et je ne compte pas partir... nous pouvons demander s'ils peuvent nous greffer l'un à l'autre si tu veux, tentais-je une blague sans trop de conviction.

Il déposa un baiser appuyer sur mon front.

- Ne me tente pas.

Incapable de résister à la chaleur de l'affection que me portaient ces deux hommes, je fondais enfin en larmes. Je m'étais trop longtemps retenue. J'avais tout fait pour ne pas cédait aux larmes. Je ne voulais pas les accabler plus qu'ils ne l'étaient déjà mais cela était trop. J'en avais besoin. Je devais me purger de tout ce qui s'était passé. J'avais besoin de faire le deuil de celle que j'étais, il y avait encore quelques jours. Celle qui vivait avec l'espoir. Celle qui était suffisamment confiante pour penser qu'il ne pouvait rien lui arriver. Celle qui avait vu le jour à Dallas. La Channy qui possédait encore un soupçon d'innocence en elle. Je n'avais plus cela. Cette épreuve allait me changer pour de bon, j'en étais persuadé. Par le passé, j'avais pleuré ma séparation avec Jordan. J'avais pleuré la mort de mes parents mais je n'avais jamais versé une larme pour moi, pour cette jeune fille qui souffrait atrocement. Il était temps, à présent, que celle-ci s'exprime, qu'elle se laisse guider par ses émotions, qu'elle expulse tout ce qui pourrissait en elle. Il fallait que je me donne le droit d'être malheureuse. Alors je pleurais. Je pleurais pour moi, pour ma douleur, pour mon passé et pour mon avenir incertain. Je pleurais pour ce qu'on m'avait pris et qu'il était impossible de me rendre. Je pleurais pour ce que j'avais aussi et que je ne voulais surtout pas voir disparaître. Je pleurais parce que je me sentais si mal. Je pleurais parce que, malgré cela, je me sentais aimée si fort que cela pourrait suffire à mon futur rétablissement. Je ne serais jamais seule dans ce processus. J'aurais Mase et Brett à mes côtés. Je savais du plus profond de mon cœur qu'ils seraient toujours présents pour moi. Je pleurais pace que dans mon malheur, j'avais encore une fois trouvé un bonheur inespéré. Mes sanglots étaient déchirants, douloureux et libérateurs. Je me laissais aller à cette peine, trop longtemps, refoulé. J'avais droit à cela.