Chapitre 12

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Ruben

Mais quel con !

Je ne peux pas m'empêcher de cogner des abrutis. C'est plus fort que moi.

Quand je l'ai entendu manquer de respect à Lina. Mon cerveau a vrillé. Jamais un homme ne doit s'adresser comme ça à une femme. C'était immonde et gratuit. Du coup, j'ai répondu de la seule manière dont je suis capable. Avec mes poings. Il a pris la dérouillée de sa vie. Je regarde mes poings dont les jointures saignent tellement ils ont cogné. La génétique ne m'a pas oublié. Je suis le digne fils de mon père. Il a eu de la chance que le procureur soit arrivé à temps.

J'ai été surpris par sa force et sa maitrise. Il doit être formé aux sports de combat parce qu'il a su m'immobiliser d'un seul geste et a maintenu sa prise le temps nécessaire. Je ne l'ai pourtant pas loupé. Dans ma folie, je lui ai asséné un sacré coup de coude. Il aura sûrement un hématome demain.

J'avais l'adrénaline chevillée au corps. Si bien que je n'ai pas vu tout de suite la détresse de Lina. Quand je l'ai remarqué, j'ai essayé de m'approcher. Mais la belle m'a fui. Plus j'avançais, plus elle se dérobait, ses bras en protection de son corps. Comme si je pouvais, elle aussi, la frapper. Elle a cette lueur dans le regard. Je l'ai déjà vu quelque part mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Tout le monde est parti. Ma petite démonstration les a tous fait déguerpir.

Je ne sais pas quelle heure il est quand je quitte le tribunal. Je récupère mon téléphone dans la poche de mon jean et enclenche l'appel.

- Ça va mon pote ? me questionne Matthew

Je ne réponds pas à sa question.

- On sort ce soir ?

- Si tu veux. Tu as quelque chose à fêter ?

- Non. Juste me vider la tête.

- Toi, t'as encore déconné, devine-t-il

- Ouais. Bon t'en es ou pas ?

- Evidemment.

- On s'rejoint à l'appart et tu m'emmènes où tu veux.

- A c'point là ?

Je raccroche sans lui avoir apporté la moindre explication. Il l'aura bien assez tôt. Je monte dans ma voiture et file au poste. Je suis nerveux au possible. Il ne va pas falloir qu'il y en a un qui sorte des cases parce qu'il risque de prendre cher.

Le temps de la route, je ne parviens pas à descendre la pression. Je suis encore essoufflé et mon cœur court dans ma poitrine. Mes muscles sont encore tendus et mes doigts sont crispés sur le volant. Mon t-shirt me colle l'échine. J'étais hors de contrôle. C'est toujours la même rengaine. Dès qu'un abruti commet l'erreur de trop, je vois rouge et ma colère s'abat avec mes poings. Un véritable enragé. En contre-partie, le visage de Lina ne me quitte pas. Son air meurtri et apeuré. J'ai vraiment dû la faire flipper. Ce constat me trouble. D'habitude, je n'en ai rien à faire. L'opinion des autres m'importe peu. Mais là...

Le reste de la journée au poste s'est passée rapidement et sans crise majeure. Toutefois, j'ai aboyé pour un oui ou pour un non. Au grand dam de mes collègues qui ont pu découvrir le côté sombre de ma personnalité. Toujours sous tension quand je quitte mon bureau, je dois trouver un exutoire avant de rentrer à l'appartement. Je ne peux pas rejoindre Matthew dans cet état.

Mon subconscient me conduit à l'entrepôt. Il faut croire que la meilleure façon de me détendre c'est de cogner. Au moins ici, c'est dans les règles du sport. Pas de coup bas, juste du défouloir. J'ai toujours une tenue dans mon casier, pour les jours où je viens sans l'avoir programmé.

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant