Lina
C'est l'heure de mon autre mission.
Fin d'après-midi. J'éteins mon ordinateur et sors du bureau.
J'arrive au centre pour femmes battues. Le soleil commence à décliner doucement en cette saison. L'automne arrive et je me réjouis de voir les arbres se parer de leurs couleurs chaudes, rouge et or. Le centre se situe sur Dean Street. Tout proche du commissariat, je m'y rends très régulièrement pour y faire du bénévolat. Il accueille les femmes victimes de violence 24h/24, tous les jours de l'année. Le centre leur offre un accueil et l'accès à une consultation médicale. Elles sont ensuite dirigées vers les différents acteurs gravitant autour de la structure : la police, l'assistance sociale, l'éducation, la religion... Et aussi ces petits plus qui aident les femmes à se reconstruire et à ne pas oublier qui elles sont. Toute une équipe de bénévoles œuvre pour la sécurisation des femmes et leur bien-être. A mon niveau, je dispense des consultations d'ordre juridique. Pour celles qui le souhaitent et qui ont d'ores et déjà porté plainte, je les représente face à leur bourreau au tribunal. C'était le cas de Penelop.
Je rejoins Mme Fisher, la directrice du centre, dans son bureau. C'est une femme extraordinaire qui a dédié sa vie à ces femmes. Elle-même battue par son ex-mari, laissée pour morte, elle s'est relevée et a décidé de dire STOP. Stop à ces violences passées sous silence, mises de côté par le système judiciaire. Forte de sa chance d'être toujours en vie, elle a tout mis en œuvre pour faire ouvrir ce refuge. Les débuts n'ont pas été simples. Et elle a été longtemps la risée des politiciens, qui n'y voyaient aucun intérêt. Mais elle a tenu bon et s'est accrochée à son projet. La loi fédérale américaine contre les violences faites aux femmes signée par le Président Clinton dans les années 90 lui permis d'être reconnue d'utilité publique. Elle est aujourd'hui une référence dans ce combat. C'est pourquoi, chaque année, le centre accueille de plus en plus de femmes.
Je suis venue faire le point avec Mme Fisher sur les nouvelles arrivantes. Certaines d'entre elles sont des régulières. Elles rejoignent le centre quand elles n'en peuvent plus de subir quotidiennement les violences physiques et psychologiques de leur mari. Malheureusement, après quelques semaines, elles retournent auprès de leur bourreau. Soit ce dernier trouve le moyen de faire oublier son comportement par de multiples attentions, soit c'est elle qui se sent coupable de son attitude. Quoiqu'il en soit, elles en sont intimement persuadées, la violence a submergé leurs amoureux malgré eux et cela ne se reproduira plus.
Malgré l'aide apportée par une psychologue, malgré les témoignages de femmes qui s'en sont sorties, la prise de conscience n'est pas toujours aisée. Nous gardons toujours espoir de les revoir à nouveau et de les convaincre définitivement. Mais nous gardons aussi en tête qu'elles peuvent ne pas sortir de cet enfer et y laisser la vie.
C'est pourquoi j'apporte ma contribution dès que mon planning le permet. Je mets une énergie toute particulière à défendre ces femmes et à mettre hors d'état de nuire leurs conjoints brutaux.
Trois nouvelles victimes ont poussé la porte du refuge cette semaine. Elles ont toutes été reçues par le médecin bénévole du refuge. Celui-ci les a auscultées et a pu établir un diagnostic sans équivoque sur les sévices subis. Des photos sont prises également, avec leur consentement. Le diagnostic du médecin et les photos sont autant de preuves à charge pour la procédure à suivre.
- Alors Lina ? m'interroge Mme Fisher. Comment s'est déroulé le procès pour Penelop ?
- Sans surprise. Son ex-mari en a pris pour 5 ans derrière les barreaux de Rikers.
- Tu as l'air satisfaite.
- Vous savez bien que non.
Je ne le suis jamais totalement. Il n'y aurait que moi, je les ferais enfermer à vie pour tout ce qu'ils ont pu faire subir.
- Mais bon, 5 ans, ça laisse le temps de la réflexion et de s'affranchir de ses actes... ajouté-je
J'ai aussi un peu de mal à croire à la rédemption de ces fumiers. Mais pour ne pas fâcher Mme Fisher, je garde mes pensées pour moi.
- Où en sommes-nous avec les nouvelles ? demandé-je
- Pour l'instant, aucune d'entre elles n'a souhaité porter plainte contre son conjoint.
- Ça viendra. Laissons-leur du temps. Dis-je optimiste.
Nous continuons de parler de choses et d'autres tout en faisant le tri dans les papiers. C'est fou ce qu'il peut y avoir comme documents. Comme le refuge est le centre névralgique de plusieurs intervenants, il est important de bien tout référencer.
Comme Mme Fisher n'a plus besoin de moi, je quitte le centre et retourne à mon appartement. J'ai une victoire à fêter ce soir et je dois me préparer. J'y attache une importance toute particulière. On ne sait jamais sur qui on va tomber et avec qui je pourrais passer du bon temps.
J'allume mon enceinte Bose et y connecte mon téléphone. Rien de mieux que de la musique pour se relaxer. Je ne peux pas vivre sans. Elle est l'air que je respire. J'enclenche ma playlist cocooning. La voix de Sam Smith sur Dancing with a stranger se met à résonner dans mon appartement.
Allez au boulot !
Je n'ai pas besoin de passer par la case épilation. Ne supportant aucun poil, je vais très régulièrement chez l'esthéticienne. Du coup, je n'ai que ma crème hydratante à appliquer sur mon corps. Je commence par mes jambes. Celles-ci sont longues et musclées. C'est la partie de mon corps que je préfère après mes cheveux. Ces derniers sont longs, souples et faciles à coiffer malgré leur épaisseur.
Ma peau divinement hydratée et parfumée, j'enfile ma lingerie des grands soirs. Elle sera rouge et en dentelle. Sur ma peau naturellement hâlée, cette couleur me met en valeur.
Côté maquillage, je reste relativement naturelle. Je ne m'encombre pas de fond de teint. Juste une poudre légère. Pour mes yeux noirs, un trait d'eye-liner noir au ras de cils et du mascara. Un peu de blush pour donner bonne mine et un rouge à lèvres carmin pour terminer.
En ce qui concerne ma coiffure, mes cheveux seront lâchés sur mon dos. Je les attache uniquement au travail ou quand je fais du sport. Je les brosse et y passe une huile parfumée pour les rendre encore plus doux.
Ce soir, je me sens l'âme d'une femme fatale et ai envie d'user de mes charmes. Je me trémousse devant mon dressing en sous-vêtements, cherchant la tenue accordée à mon humeur du soir. Sur les rythmes latino de Pedro Capo, je mets la main sur LA robe. Elle est noire et arrive à mi-cuisses. Elle est moulante et dos nu. Elle s'attache autour de mon cou et laisse apercevoir le galbe de mes seins. Adieu soutif ! Tu seras de trop ce soir.
Une touche de J'Adore et je chausse mes escarpins à bride Louboutin. Leurs semelles rouges s'accordent parfaitement à mon rouge à lèvre et à ma lingerie. Le cuir effet dentelle met mes pieds en valeur. Et le talon de 16 cm ne m'empêchera pas de bouger sur la piste.
Je reçois un SMS. Mon Uber est arrivé.
Je prends ma pochette et ma veste cintrée noire.
Installée dans le taxi et en route vers le Barrio Latino, j'envoie un message à mes amis : « J'arrive ! »
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Après coups
RomanceSubstitut du procureur de New York, Lina Meadows se bat chaque jour pour défendre les femmes victimes de violences conjugales. Combattive et déterminée, elle tire sa motivation de son vécu. Aussi, elle préfère les histoires d'un soir à celle d'une v...