Lina
Une semaine s'est passée depuis que j'ai rencontré notre anonyme dans sa chambre d'hôpital. Depuis une semaine, je passe la voir chaque jour. Je ne reste jamais longtemps car elle est en convalescence. Par ma présence, je veux lui montrer qu'elle peut compter sur moi, que je suis l'oreille à qui elle peut se confier, si elle le souhaite.
Pour l'instant, je n'ai obtenu aucune réaction de sa part. Elle reste mutique. Elle est comme prisonnière de son corps. Pas un mot. Pas un regard. Une statue de cire.
Durant mes rapides entrevues, j'ai eu le loisir de l'observer. Derrière les coups qu'elle a reçus, je discerne une belle femme. Son visage est fin et son port de tête est altier. Elle a de longs cheveux blonds comme les blés. Ceux-ci sont tressés afin de ne pas s'emmêler. Ses iris sont d'un bleu azur, mais vides de toute expression.
Pour essayer d'entamer le dialogue, je lui parle de banalités. Je lui raconte mes affaires les plus rocambolesques, comme cet homme qui a gagné contre sa compagnie d'assurances. Il avait acheté une boîte de cigares très rares et très chers. Il les avait assurés auprès de sa compagnie pour plusieurs choses, notamment contre le vol et le feu. Puis il les a tranquillement fumés chez lui et a fait une déclaration de sinistre. La compagnie ayant refusé de payer, l'homme a porté plainte. Sa victoire a tenu dans une faille des conditions générales ; fumer n'étant pas une exclusion dans l'incendie...
Je lui parle du refuge pour femmes pour lequel je suis bénévole. Je lui explique qu'elle y sera à l'abri et que si besoin, elle pourra être accompagnée pour démarrer une nouvelle vie. Mais chaque jour je repars bredouille. Comme je suis tenace, je ne perds pas espoir. Il faut laisser le temps au temps.
Et puis une semaine est passée sans que je n'aie eu l'opportunité de croiser Ruben. A vrai dire, j'ai esquivé quand les occasions se sont présentées, laissant Seth se rendre seul au commissariat. Je passe pour une gamine capricieuse mais tant pis. Pour le moment, je ne suis pas prête. Son corps me fait trop d'effet pour que je puisse aligner une suite de mots compréhensibles de tous.
***
Ce matin, avec Seth, nous avons rendez-vous au tribunal pénal pour l'affaire des enfants Turner. L'oncle de ses derniers a été arrêté et a passé quelques heures en garde à vue pour y subir un interrogatoire. Nous serons reçus par le juge en charge du dossier pour l'audience préliminaire.
Sur place, nous retrouvons les parents des enfants ainsi que l'aîné de la fratrie, les plus jeunes étant trop fragiles psychologiquement sont absents. Installés dans la salle du tribunal, nous attendons l'arrivée du prévenu et de son avocat, escortés par les forces de police. L'attente est de courte durée. L'oncle pénètre dans la pièce menotté et encadré par deux officiers. Précédé de son avocat, il avance comme si de rien n'était, le menton haut. Pourtant, quand il passe près du jeune Turner, son regard se fait vicieux et ses lèvres pincées arborent un sourire pervers. Ce mec me donne envie de vomir.
Dans le fond de la salle, je distingue le capitaine Suarez et Ruben. Ils sont concentrés et veillent à ce qu'il n'y ait pas de dérapage. Mon regard croise celui du lieutenant. Il ne se détourne pas, moi non plus. Diable, ce qu'il peut être sexy dans l'exercice de ses fonctions. J'avale difficilement ma salive. Ce n'est clairement pas le moment mais son corps m'attire inexorablement et augmente la température de la pièce de quelques degrés. Foutues hormones.
L'arrivée du juge me file une douche froide. Il se cale dans son fauteuil et ouvre le dossier.
- Quels sont vos chefs d'accusation Maître ? demande-t-il à Seth
- Ils sont au nombre de quatre votre Honneur. Viols sur mineurs, abus sexuels, inceste et harcèlement moral.
- Quelles sont vos preuves à charge ?
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Après coups
RomanceSubstitut du procureur de New York, Lina Meadows se bat chaque jour pour défendre les femmes victimes de violences conjugales. Combattive et déterminée, elle tire sa motivation de son vécu. Aussi, elle préfère les histoires d'un soir à celle d'une v...