Chapitre 26

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Lina

Preston n'est pas mécontent de son coup d'éclat. Il parade comme un coq. Mais moi, j'ai envie d'égorger la volaille qu'il est. Même dix ans après, il continue de me pourrir la vie. La colère roule sous ma peau et je suis prête à en découdre. Il va voir de quel bois je me chauffe.

- Jusqu'à preuve du contraire, celui qui tape aujourd'hui c'est toi ! aboyé-je

Son sourire s'évanouit. Match nul. Je le toise salement et ne détourne pas le regard. La confrontation c'est maintenant et ce n'est pas lui qui va gagner.

- Tu divagues ma chère, reprend-il serein

- Il y a bien longtemps que je ne suis plus ta chère.

- Oui, et c'est bien dommage. Tu t'es embellie avec les années.

Preston me regarde avec envie. Comme s'il se rendait compte de ce qu'il avait perdu. Il me dégoûte. Il n'est même pas divorcé qu'il est déjà en train de me faire du rentre dedans. Loin du désir que j'ai pu éprouver il y a quelques minutes pour Ruben, ma haine est sans limite pour Preston. Mon souffle est erratique et je suis tendue.

- Oui. Je me suis rendue compte à temps que tu ne me profitais pas, reprends-je. J'ai pris la meilleure décision de ma vie, le jour où je suis partie.

- Où tu t'es enfuie plutôt, répond Preston.

- Tu t'attendais à quoi ? A ce que j'attende bien sagement la raclée suivante ?

Ce mec est dingue. Il ne se rend même pas compte de ce qu'il dit.

- Tu m'avais manqué de respect, continue Preston. Je ne pouvais quand même pas te laisser t'en tirer à si bon compte.

- Alors, c'est ça. Quand l'orgueil de Monsieur est mis à mal, il corrige l'ingrate à coups de poings ?

- Tout de suite les grands mots.

C'est moi qui vais finir par le frapper s'il continue comme ça. Il n'assume même pas l'ampleur de ses actes. Je dois être rouge tellement la colère inonde mon corps. Mes émotions prennent le pas sur la raison et je dois me ressaisir. Je ne suis plus la Lina qu'il a connue. Je ne suis plus faible et suis devenue substitut du procureur. Et malgré toute l'influence qu'il peut avoir, je n'ai plus peur de lui. Alors, je prends une profonde respiration et poursuis.

- Plutôt que des mots, il me semble que mes parents ont conservé quelques photos du jour où tu m'as remise à ma place, comme tu te plais à le penser. Peut-être que les voir te rafraichirait la mémoire.

Je suis droite dans mes escarpins et observe Preston sans ciller.

- Il y a dix ans, j'étais jeune et naïve. J'étais aveuglée par l'amour. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, alors méfie-toi !

La bouche de Preston ne forme plus qu'une ligne blanche. Ses lèvres sont pincées et ses iris sont meurtriers. De mon côté, je reprends lentement conscience que je ne suis pas seule face à lui. J'avais oublié la présence de Ruben et de son avocat. Je peux lire dans les yeux de Ruben toute la haine qu'il porte à Preston en cet instant. Il a ce même regard qu'il portait à l'oncle pédophile. Son corps est tendu comme un arc et il est prêt à en découdre. Sauf que ce n'est pas son combat. C'est le mien depuis dix ans et je compte bien le remporter seule. Quant à l'avocat, sa mine est déconfite. Il assimile que son client a la correction facile avec les femmes et qu'il est loin d'être un ange. En revanche, il comprend que la bataille sera plus difficile à remporter. Je le vois déjà réfléchir comment il va le sortir de ce merdier. Plus il fait fonctionner ses méninges et plus les dollars s'affichent dans son regard. Cet homme me dégoûte. Peu importe qui il défend tant que la note est salée.

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant