Chapitre 16

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Lina

Deux nuits sans sommeil ou presque. Mon cerveau tourne à plein régime. Trop d'informations à digérer. Entre la révélation de l'identité de Felicity et la confession de Ruben, je ne sais plus comment penser. Il faut à tout prix que je me recentre afin de continuer à avancer. Et puis, si j'ai l'esprit embrumé, comment vais-je pouvoir aider Felicity ?

La semaine redémarre et je dois être opérationnelle. Il en va de ma santé mentale. Quoi de mieux qu'une bonne séance de footing aux aurores pour évacuer ce surplus d'ondes négatives. De toute façon, je suis incapable de fermer l'œil. Autant optimiser le temps perdu.

Je termine de m'habiller et enfile mes baskets. Je me fais une queue de cheval rapide et quitte mon appartement. L'immeuble est silencieux. Tout le monde dort. Ils ne connaissent pas leur chance. Je prends l'ascenseur pour faire le moins de bruit possible et éviter de réveiller le bruyant toutou de Mme Cruz. Une vraie calamité celui-là.

Je m'échauffe rapidement en bas des marches de mon bâtiment puis part en petites foulées. Je prends mon circuit habituel. J'aime passer par le parc. Le son de Ritual de Tiësto résonne dans mes oreilles. Un bon beat pour démarrer. Mon allure est modérée et mon souffle est doux. Je n'éprouve aucune difficulté. Le rythme de la musique accélère et ma vitesse se calque sur celui-ci. Les battements de mon cœur suivent le tempo et mes muscles s'échauffent. L'endorphine libérée par l'effort me procure ce bien-être que je suis venue chercher. Les morceaux de ma playlist s'enchainent les uns après les autres, tantôt rock, tantôt électro. Je termine mon troisième tour du parc avant de rentrer.

Il est sept heures et je viens de courir pendant une bonne heure. Je prends une douche rapide. J'ai à peine le temps de délasser mes muscles mais j'aimerais arriver tôt au bureau. Une fois lavée et hydratée, j'enfile une combinaison pantalon jaune moutarde. Elle possède des manches à volants et un décolleté en V à l'avant et l'arrière. La fermeture à glissière au dos, souligne la touche sexy de ma tenue. Je l'assortis avec une veste courte cintrée bleue marine et des escarpins de la même couleur. J'attache mes cheveux en un chignon flou et mon maquillage est vite expédié ; un trait d'eye-liner noir au-dessus de mes cils, du mascara et un rouge à lèvres beige rosé. Je suis prête à partir.

Il est huit heures trente quand je pénètre dans mon bureau. Seth n'est pas encore arrivé. J'aime quand tout est calme. Je n'ai croisé que Jenny en arrivant. Je pose mon sac et vais me chercher un café avant de démarrer. Je n'ai pas pris le temps de déjeuner.

Je check mes mails. Rien de trop urgent. Je préfère m'atteler à préparer mon plaidoyer pour l'affaire Turner. L'audience a lieu jeudi et je dois être prête. Il est hors de question que je me foire sur ce coup-là. Surtout après ce qu'il s'est passé... Rien que d'y penser, j'en ai froid dans le dos. Je me rappelle son regard de pervers sur moi et mon corps quand il est passé à ma hauteur. J'ai eu envie de vomir. Il n'a pas seulement été le bourreau de trois enfants. Il s'en prendrait aussi aux femmes. C'est ce que Ruben a dû ressentir quand il s'est adressé à lui et qu'il lui a balancé ces saloperies. Je comprends qu'il ait voulu me défendre. Mais cet accès de violence n'était vraiment pas nécessaire. Ce côté de lui me fait vraiment peur. Quel paradoxe alors qu'il peut s'avérer tendre et doux. Le rappel de notre dernier baiser me fait frémir. Une bulle de chaleur et de bien-être éclate dans mon ventre. Puis je reviens à la réalité. Nous deux ce n'est pas possible. On travaille ensemble et cet aspect sombre de sa personnalité me fait freiner des quatre fers. Même si j'y vois un peu plus clair sur les raisons qui l'ont façonné tel qu'il est.

Je suis sortie de mes pensées par l'arrivée de Seth. Il a le sourire jusqu'aux oreilles. Et je connais cet air par cœur. Mon ami s'est amouraché de son cavalier du week-end.

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant