Chapitre 14

59 12 3
                                    

Ruben

Je suis adossé sur la colonne de pierre, en bas des marches du bureau du procureur. Je l'attends. J'ai eu du mal à connaître ses horaires. J'ai dû batailler ferme avec Samia. Mais quand elle a enfin compris que je voulais m'excuser de mon comportement et mettre les choses à plat, elle a cédé. Par contre, j'ai insisté pour qu'elle ne la prévienne pas. J'ai trop peur qu'elle se défile sinon. Elle aurait de quoi de toute façon.

Je suis fébrile. Je ne sais pas trop ce que je vais lui dire en fin de compte. J'ai les mains moites et je les essuie nerveusement sur mon jean. Fait chier. Il faut dire que je n'ai jamais eu besoin de m'excuser de quoi que ce soit. Je n'en ai jamais eu rien à faire de ce que peuvent penser les autres. Mais bon, comme j'ai encore déconné, je dois faire profil bas et ravaler ma fierté de mâle alpha. Je vais la voir souvent puisqu'on va bosser ensemble. Alors, je dois lui montrer que je ne suis pas un monstre. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et j'ai la boule au ventre. Comme un enfant qui veut s'excuser d'avoir fait une bêtise.

Et soudain je la vois sortir. J'ai de la chance, elle est seule. Son procureur de mec n'est pas avec elle pour la raccompagner comme un mignon petit couple. Comme elle a les yeux rivés sur son smartphone, j'en profite pour la détailler. Elle est magnifique. J'en ai le souffle coupé. Elle porte toujours ses escarpins aux semelles rouges. Rien que ce détail me donne chaud. Je ne sais pas combien de paires elle possède de ces accessoires ultra sexy, mais à chaque fois que je l'ai vue, elle en portait des différentes. Je continue mon inspection et caresse ses jambes de mon regard. Je me les rappelle enroulées autour de ma taille. Ça y est, je suis à l'étroit dans mon jean. Mes yeux remontent encore un peu et sa robe fluide prune épouse ses formes divines. Le décolleté en cache cœur est un appel à la débauche. Le sautoir qu'elle arbore autour du cou s'arrête à la naissance de ses seins. J'ai chaud et suis parcouru de frissons en même temps. Une vraie contradiction. Sa nuque est dégagée. Je me souviens de la peau sensible de son cou sous mes baisers fiévreux. Ses cheveux sont attachés dans un chignon strict. Je la préfère tellement avec sa chevelure libre, sauvage et douce. Ses lèvres sont peintes de rose. Comme un bonbon délicieux. Son nez mutin, ses yeux noirs aux ombrés de longs cils.

La belle me voit et ses iris s'aimantent aux miens. Elle a un mouvement de recul et c'est la douche froide. Elle s'apprête à rebrousser chemin. Je monte les marches deux par deux et la rejoins avant de la perdre.

- Attends, lui dis-je essoufflé, la main sur son avant-bras.

Ma paume est parcourue de picotements à son contact. Mais Lina retire rapidement son bras. Parce qu'elle a ressenti la même chose ? Parce qu'elle a peur de moi ?

- Qu'est-ce que tu veux ? me demande-t-elle, froide comme la glace

Je suis tout penaud. Je ne sais pas du tout par quoi commencer. Je me frotte le crâne et la nuque à la recherche de la bonne idée, de la bonne attitude.

- Je... je voulais m'excuser de ce qu'il s'est passé l'autre jour au tribunal, tenté-je

- Et après ?

Ça va être plus difficile que je ne le pensais. Elle est fermée et rigide. Ses bras sont croisés contre sa poitrine et elle m'observe froidement.

- On peut aller boire un verre ?

- J'ai autre chose à faire Ruben.

- Ce ne sera pas long. Je veux juste t'expliquer... et puis comme on est amené à se voir souvent, je voudrais qu'on reparte sur de bonnes bases.

Elle hésite. Elle ferme les yeux. Comme si elle faisait le point avec elle-même.

- Je ne te ferai aucun mal, lui chuchoté-je pour la rassurer

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant