Ruben
Voilà deux semaines que Lina m'a jeté comme le débris que je suis. Deux semaines que je n'ai pas l'ombre d'une solution pour réussir à me canaliser quand ça tourne à l'orage et que l'envie de cogner crépite sous ma peau. Deux semaines que la belle ne quitte pas mes pensées. J'ai bien conscience que je dois avant tout changer pour moi-même. Cela n'empêche qu'elle a bien élu domicile dans mon crâne. Cette femme battante qui sait ce qu'elle veut dans la vie. Et ce qu'elle ne veut pas. Moi en l'occurrence. J'ai beau me le répéter, il n'y a rien à faire. Je suis plus mordu que je ne le croyais et cela me perturbe. Le muscle qui bat fort dans ma poitrine, quand son image s'imprime sur ma rétine, est tout à fait nouveau pour moi. Je pensais que cet organe était mort lorsque la personne que j'aimais le plus au monde m'a été arrachée. Je n'ai pas tendance à penser sans arrêt à la même femme. J'ai plus l'habitude des histoires sans lendemain et sans attache. Du coup, je ne sais vraiment pas quoi faire de tout ça.
Alors pour éviter de penser, je me noie dans le travail. Je ne refuse aucune garde et accepte toutes les enquêtes, aussi nazes soient-elles. En agissant comme ça, je ne suis que très rarement au commissariat. Ainsi, je diminue considérablement mes chances de la croiser dans les couloirs.
Entre une enquête sur du harcèlement dans une faculté, et l'arrestation d'un patron qui fait travailler des hommes illégalement, je me vide la tête au stand de tir. Nous devons toujours être entrainé en cas de besoin. Mais là j'avoue que je suis le plus assidu. Les collègues ont bien remarqué mon caractère taciturne du moment mais ne me posent pas de question. Eux aussi doivent avoir peur que je m'emporte et que j'en amoche un. Ça craint putain ! Si même mes collègues ne me font pas confiance, j'ai du souci à me faire pour la suite.
Mon autre échappatoire, c'est la course. Tous les soirs, en quittant le commissariat, je chausse mes baskets et rentre en courant à l'appartement. Et ce soir n'échappe pas à la règle. Je descends au vestiaire et pars me changer. Mes écouteurs sur les oreilles, les basses d'Aerosmith m'électrisent et me donnent le rythme. Je suis à peine arrivé au coin de la rue que mon portable se met à sonner. Je grogne avant de voir qui est l'abruti qui me coupe dans mon élan.
- Ouais ! aboyé-je en décrochant.
- Toujours d'aussi bonne humeur à c'que j'vois mon pote ! ricane Matthew.
- Tu veux quoi ?
- Tu rentres bientôt ?
- Comme d'hab. J'habite avec toi, j'te rappelle.
- T'es sûr ? Ça fait longtemps qu'on s'est croisé alors, se moque mon pote.
- Je suis en route. Suis à l'appart dans quarante-cinq minutes.
- J'ai du nouveau pour ton affaire.
- Ok. A toute !
Cette nouvelle me booste davantage. Young Blood de 5 Seconds of Summer m'accompagne et donne le tempo de mes foulées. L'avantage de la course c'est que rien ne vient parasiter ma tête. Seuls mon souffle et le martèlement de mes pas sur le bitume se font entendre. Quand j'arrive à l'appartement, mes muscles sont tendus sous l'effort et mes fringues sont trempées de sueur. Je salue Matthew et, parce que j'ai un peu pitié de mon pote, je file sous la douche pour me décrasser et me détendre. Les mains appuyées sur la faïence, je laisse l'eau chaude ruisseler sur mon corps. La vapeur envahit la salle de bain et je ferme les yeux. Encore une fois, derrière mes paupières, le visage de Lina vient se fixer. Comme pour me narguer. Et comme à chaque fois, dès que je reconnais ses traits si fins, je me sens comme un ado pré pubère en rut. Je bande comme un con. Mais je refuse de me soulager. Ce serait trop simple. Je préfère être frustré. Cela me permet de ne pas oublier. Alors, pour réfréner mes ardeurs, je tourne le robinet sur l'eau froide. Elle n'a pas que des vertus pour resserrer les pores de la peau...
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Après coups
RomanceSubstitut du procureur de New York, Lina Meadows se bat chaque jour pour défendre les femmes victimes de violences conjugales. Combattive et déterminée, elle tire sa motivation de son vécu. Aussi, elle préfère les histoires d'un soir à celle d'une v...