Chapitre 18

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Ruben

Il est 10h30 quand j'émerge de ma nuit. J'ai fini mon service à 4h du matin et me suis couché frustré comme jamais. J'ai encore un goût de trop court dans la bouche. J'ai encore faim de ses lèvres, de sa langue joueuse, de ses gémissements sous mes baisers. J'en voulais plus et c'est toujours le cas. Je suis loin d'être rassasié. Je ne sais pas où ce baiser nous aurait mené. J'aurais pu lui faire l'amour sauvagement sur mon bureau après avoir dézippé cette fichue combinaison. Mais non, il a fallu que nous soyons dérangés. Note pour plus tard : verrouiller cette putain de porte. Pourtant, malgré ma privation, je suis rassuré. Rassuré parce que l'attraction mutuelle est indéniable. Je ne manquerai pas de retenter ma chance.

Pour l'heure, je dois me préparer et arriver au poste avant midi. J'ai une arrestation à élaborer et je ne dois pas me louper. Notre client fait partie de l'élite et se fera un plaisir de déjouer les vices de procédure. Il ne doit donc y en avoir aucun. Fort de ce constat, je file sous la douche effacer les traces de ma courte nuit.

11h45. J'arrive devant le commissariat. Avant d'entrer, je décide de prendre un hot dog au marchand ambulant installé en face. Je profite du moment de calme avant l'affluence. Seulement deux personnes me précèdent. Durant l'attente, la bonne odeur de pain chaud et de saucisse fumée me met en appétit. Mon ventre grogne de contentement par anticipation. C'est mon tour. Je commande mon sandwich avec moutarde et ketchup. Le vendeur est sympa et m'offre un coca pour accompagner mon repas. Une fois servi, je me dépêche d'aller à mon bureau et d'avaler mon déjeuner.

Samia n'est pas arrivée. Tant mieux. Si je peux éviter ses questions sur ce qu'elle a vu hier soir. Elle nous a forcément grillés. Pourtant, elle n'a fait aucun commentaire, ni aucune blague de mauvais goût. Peut-être que c'est mon regard de mec à bout qui l'a refroidi... Ouais, non. Ce n'est pas ça qui va l'arrêter. Ou alors elle attend le bon moment pour se payer ma tête ou me faire la morale. Je verrai bien. Comme elle n'est pas là, je vais en profiter pour aller voir le capitaine.

Après m'être assuré qu'il était là, je rejoins son bureau.

- Bonjour capitaine. Vous avez cinq minutes ?

- Oui mais pas plus. Je dois aller déjeuner avec le juge Brown et il aime la ponctualité si tu vois ce que je veux dire.

- Ne vous inquiétez pas. Je ne vais pas vous retenir trop longtemps. Vous vous souvenez de l'inconnue que j'ai retrouvée au bas d'un immeuble complètement amochée et inconsciente ?

- Oui. Elle a bien morflé si je me souviens bien du rapport médical.

- C'est le moins qu'on puisse dire. Eh bien, elle est passée au poste hier. Elle était accompagnée de la substitut. Elle a déposé plainte pour coups et blessures et tentative de meurtre contre son mari.

- Il est connu des services ?

- Pas que je sache. Mais il est connu tout court.

- Qui est le gagnant ?

- Preston Crowl.

- Nom de Dieu ! Il va falloir la jouer fine sur ce coup-là. Ses avocats ne sont pas des rigolos et il ne va sûrement pas se laisser accuser comme ça. On est sûr du témoignage de la victime ? Enfin, que ce soit bien son épouse ?

- Oui. Aucun doute là-dessus.

- Bon. C'est pas la peine de vous rappeler que toutes les procédures doivent être suivies à la lettre. Ces chacals vont se jeter sur le moindre faux pas. Alors pas de vague Ruben. Pas comme l'autre jour au tribunal.

Après coupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant