Ruben
J'ai une hallucination ou quoi ? Qu'est-ce qu'elle fait là ? La souris a déjà filé dans son bureau que je n'ai pas réagi. Enfin, presque pas. La voir dans les bras du procureur me froisse plus que je n'aurais pu le penser. Tout mon corps s'est raidi à cette vision. Les courbes de son corps sont encore fraîches dans ma mémoire. Ces cheveux bruns. Ces escarpins aux semelles rouges.
Elle m'a reconnu, elle aussi. Et elle est autant surprise que moi. Son regard chocolat a coulé sur moi et m'a détaillé, comme si elle voulait se persuader qu'elle ne rêvait pas. Le temps est resté suspendu. Pourtant, malgré ma raideur et mon mutisme, je n'ai pas manqué le rose qui lui est monté aux joues. Elle aussi se souvient clairement de nos ébats.
Mais son mec ne détecte rien du tout. Il poursuit même son étreinte l'air de rien et l'embrasse au coin des lèvres, comme pour marquer son territoire.
Tu peux te la garder va !
Une femme qui a un homme dans sa vie et qui pimente ses week-end avec un amant, très peu pour moi ! J'aime moyennement être pris pour le toy boy d'une bourgeoise en manque de sensation. En tous cas, j'ai été berné comme un bleu.
- Enchanté Lieutenant, reprend le procureur en me tendant la main.
- Ruben.
- Ok. Comme vous voulez. Vous avez l'air contrarié.
Il m'observe, stoïque et attend une réponse. Il faut que je me calme ou il va me prendre pour le flic impulsif de service.
- Non, biaisé-je. Je suis passé pour me présenter. D'après mes collègues, nous serons amenés à nous voir souvent. Alors je suis venu voir à qui j'ai à faire.
Le procureur a l'air surpris de ma répartie mais ne semble pas s'en offusquer pour autant. Il sourit même. Je suis surpris par son âge. Je n'en ai jamais côtoyé d'aussi jeune. Malgré cela, il en impose par sa prestance et s'adresse à moi comme son égal.
- Asseyez-vous, j'vous en prie, reprend-il.
- Non merci. Je ne vais pas abuser de votre temps, ni du mien.
- Comme vous voulez. Vous êtes nouveau parmi nous alors ?
- Oui, j'ai commencé lundi. Avant, je bossais au commissariat du Queens.
- Ça n'a pas dû être évident tous les jours. Mon confrère en charge de ce district est quelque peu... particulier.
- A qui l'dites-vous. Si l'affaire ne vient pas servir ses ambitions personnelles, il passe à la suivante.
- Vous ne le portez en haute estime à c'que j'vois.
- C'est le moins qu'on puisse dire.
- Vous allez droit au but. J'aime ça. Et, c'est vous qui êtes en charge de l'enquête sur la jeune femme retrouvée ?
- Oui. Comme c'est moi qui l'ai découverte, ça s'est fait naturellement.
Je lui expose comment j'ai trouvé la jeune femme ainsi que tous les éléments dont nous disposons pour le moment.
- Qu'est-ce qui vous fait penser que ce n'est pas un vol qui a mal tourné ? La victime a l'air d'appartenir à une classe sociale aisée, m'interroge le procureur.
- C'est ce que j'ai pensé au début. Mais quand j'ai constaté qu'elle avait encore tous ses bijoux, j'ai douté. Et puis ses hématomes, les marques de strangulation. Ce sont des signes que j'ai trop souvent rencontrés sur des femmes victimes de violence.
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Après coups
RomansaSubstitut du procureur de New York, Lina Meadows se bat chaque jour pour défendre les femmes victimes de violences conjugales. Combattive et déterminée, elle tire sa motivation de son vécu. Aussi, elle préfère les histoires d'un soir à celle d'une v...