June dormait enfin. Calée entre les bras de Brett, elle respirait enfin paisiblement. Elle avait voulu le calmer en lui disant que tout allait bien, mais elle sentait encore l'anxiété à plein nez. Ses longs cheveux roux retombaient à présent sagement le long de son dos, tandis qu'elle était blottie contre le blond. Par ailleurs, ce dernier ce demandait comment il avait bien ou perdre le contrôle de lui-même aussi rapidement. Satomi lui avait pourtant expliqué des centaines de fois l'importance de garder son calme en toute circonstance, sinon il risquait de révéler sa vraie nature aux autres ! Cependant, voilà, lorsqu'il avait entendu le cri de June quand Félix l'avait attrapée, il n'avait plus cherché à réfléchir et avait foncé sans plus attendre en direction de la bibliothèque. Déjà énervé, il n'avait fallu que quelques paroles de Félix pour le faire sortir de ses gonds. En fait, si June n'avait pas eu le réflexe de le calmer, il aurait sauté sur son ancien coéquipier et l'aurait probablement frappé jusqu'au sang.
La jeune fille bougea dans son sommeil, faisant sursauter Brett. Même endormie il la trouvait belle. Il sourit en constatant qu'elle lui avait inconsciemment prit la main alors qu'elle dormait. Il remonta la couverture de son lit sur elle afin qu'elle n'attrape pas froid, puis resserra l'étreinte de ses bras autour de son petit corps. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour sombrer à son tour dans les bras de Morphée, bercé par les battements de cœur de la rousse couchée contre lui.
***
June courait. Elle était affreusement en retard à son cours de théâtre. Ses pieds se prirent dans une racine d'arbre et elle tomba la tête la première dans les feuilles mortes tapissant le sol boueux des bois. Quelle idée idiote de couper par les bois ! Elle se releva difficilement, ses genoux endoloris par sa chute. Génial, maintenant ses vêtements étaient tous tâchés...
« Mais regardez qui voilà ! Ce ne serait pas notre chère June ? Qu'est-ce que tu fais là, au milieu des bois ? Ah oui, tu cherches sûrement l'endroit où se cachait ton misérable père. »
June ne répondit pas, les larmes aux yeux. Son père avait été retrouvé mort quelques semaines plus tôt dans un endroit qui lui était inconnu. C'était apparemment l'endroit où il venait se reposer après le travail, un petit chalet au fond des bois. Il n'avait jamais voulu dire à sa fille où cela se situait précisément. Elle avait effectivement tenté de retrouver ce mystérieux lieu autrefois, mais plus maintenant.
« Pas étonnant qu'il se barrait de chez lui le soir, avec une fille pareille ! Et ta mère, qu'est-ce qu'elle a dit ? Ah bah non, c'est vrai, elle s'est barrée quand t'es née. »
Un des garçons frappa dans la main de son ami, fier de la plaisanterie misérable qu'il venait de faire. Les larmes dévalaient à présent les joues de June. Un autre la saisit soudainement par le bras et la poussa pour la seconde fois sur le sol, tandis que le deuxième lui déversait le contenu d'une bouteille d'eau sale dans les cheveux. Après s'être moqués encore quelques minutes d'elle, ils repartirent en sens inverse pour rejoindre le parc public juste à côté du bois dans lequel ils étaient. Ni vu ni connu, comme d'habitude.
Seule, frigorifiée, trempée jusqu'aux os et pleine de boue, June pleurait. Elle s'était recroquevillée sur elle-même. Elle en avait marre. Elle voulait partir, loin d'ici, dans un endroit où personne ne connaîtrait son passé, où personne ne saurait que qu'avait fait sa mère ou ce qui était arrivé à son père. Un bruit dans les fourrés la fît sursauter. Elle releva la tête et croisa un regard bleuté. Une patte après l'autre, le loup avança. Il la fixait étrangement. Apeurée, la petite fille recula vivement, mais l'animal continua d'avancer lentement dans sa direction, jusqu'à effleurer sa jambe du bout de son museau.
Timidement, June avança sa main afin de caresser le haut de sa tête. Le loup vint finalement se coucher tout contre elle, la réchauffant de son doux pelage gris. Quelques instants plus tard, alors qu'elle était endormie, la rousse ne vit pas l'animal s'enfuir sous les cris des adultes inquiets qui avaient retrouvé la petite fille dans les bois, seule alors qu'elle aurait dû être à son cours de théâtre. Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin à l'orphelinat, June pleura. Longtemps. En vérité, elle ne pût jamais s'arrêter de pleurer. Elle ne s'arrêta jamais de pleurer...
***
« June ! June, réveille-toi. »
La concernée ouvrît grand les yeux, le souffle court. Brett était là, penché au-dessus d'elle, le visage inquiet. Il essuya délicatement ses joues trempée alors qu'elle se redressait lentement.
« Tu pleurais en dormant, alors j'ai pensé qu'il fallait que je te réveille. »
« Je... O-oui, merci. »
Toute chamboulée, elle ne sût quoi répondre d'autre. Ce rêve, elle ne l'avait pas fait depuis des mois. Brett la prît dans ses bras et elle se remit à sangloter sur son épaule.
« Hey June... Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Cette dernière ne répondit pas, elle se contenta de continuer de pleurer dans les bras du blond. Finalement, elle murmura :
« Tu sais, mes parents ne sont pas mes vrais parents. Ils m'ont élevée pendant une partie de ma vie, mais ce ne sont pas mes géniteurs. »
Brett hocha la tête. June essuya ses larmes, puis poursuit :
« Ma mère est partie en m'abandonnant devant la maison de mon père quand je suis née. Il s'est toujours occupé de moi, mais un jour... »
Incapable de poursuivre son récit, la jeune fille se blottit à nouveau dans les bras de Brett. Celui-ci pouvait sentir à quel point son cauchemar avait rouvert une plaie profonde en elle. Mais le décès de son père n'était que la partie émergée de l'iceberg. Il y avait tout le reste.
Il y avait les gens de l'orphelinat.
Il y avait les garçons dans les bois.
Il y avait le loup qu'elle n'avait jamais revu.
Il restait encore tant de choses qu'il devait savoir.
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Human But Not Alone - Brett Talbot [𝖳.1 FINI]
Fiksi Penggemar/!\ REPRISE ET CORRECTION DE MA FANFICTION SUR MON ANCIEN COMPTE /!\ June est loin d'être la fille la plus extravertie que Brett connaisse. D'ailleurs, il peut compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il l'a entendue parler. Cependant...