Chapitre 6

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Je me réveille en sursaut. Des gouttes de sueur coulent le long de mon dos. J'essaye de ralentir ma respiration qui devient haletante. Les images de mon cauchemar réapparaissent à chaque fois que je ferme les yeux. Néanmoins, la douleur a disparu. Je n'avais jamais fait ce rêve auparavant.

Après m'être habituée à la faible luminosité, je regarde autour de moi. J'arrive à distinguer certaines choses. Le petit bureau en bois se tient toujours à ma gauche et la porte qui se dresse devant moi est bel et bien celle de la petite chambre elfique. Je suis encore fatiguée mais impossible de me rendormir. Je me lève donc et me dirige vers la sortie. J'abaisse la poignée et me faufile à l'extérieur. Les bougies se sont éteintes mais grâce aux fenêtres entourant la pièce et à la faible lueur qui s'en échappe, je peux voir sans problème.

Je m'approche des livres. Parcourant les titres inscrits sur la tranche, je remarque que ce ne sont pas les types d'ouvrages présents dans la bibliothèque de ma chambre où l'on trouve plutôt des romans de science-fiction ou d'aventures. Chez les Avery, je ne vois aucun roman fantastique ou imaginaire. La plupart sont des ouvrages d'histoire. Ils parlent souvent d'Elyria, des premiers elfes ou de leurs découvertes. Je suis surprise de voir également beaucoup de documentaires qui parlent du monde des humains. Les inventions mécaniques, la découverte de l'Amérique, les nouvelles technologies...

— Tu es du matin on dirait.

Je sursaute et fais tomber le livre que je feuilletais. Je m'empresse de le ramasser et regarde la personne qui vient de me parler : James. Il porte un pantalon gris foncé et un T-shirt beige.

— Tu as bien dormi ? demande-t-il.

Je reste un instant figée sans rien dire. Je suis surprise qu'il me pose cette question avant de me rappeler que la plupart des familles demandent ça habituellement. Pour ma part, cela faisait longtemps que quiconque ne s'était intéressé à moi.

— Oui très bien merci, je finis par murmurer reconnaissante de cette attention.

Il est inutile de lui parler de mon cauchemar, ce n'est qu'un petit rêve, même s'il me semble encore ressentir la douleur, comme si elle était réelle.

— C'est un de mes préférés, déclare James en montrant le livre sur l'invention des voitures que je tiens dans les mains. Je m'intéresse beaucoup aux humains, c'est d'ailleurs pourquoi j'en ai fait mon travail.

Voyant mon incompréhension, il poursuit.

— Je travaille pour le conseil, je les tiens au courant de ce qui se passe dans l'autre monde, les nouvelles inventions, les nouvelles lois ou des choses comme ça.

C'est donc pour cela qu'il a autant de livres sur les humains.

— Au fait, reprend-il, tu as vécu plus de seize ans là-bas, tu pourrais m'en parler.

— Il n'y a pas grand-chose à dire, Elyria est bien plus beau et votre moyen de transport est beaucoup plus original.

Je rigole en prononçant ces paroles. Je suis à peu près sûre que des scientifiques ont déjà travaillé sur la téléportation ; j'ai entendu parler d'une expérience au Pays-Bas.

— Est-ce que je pourrais vous emprunter un ou deux livres ?

— Oui bien sûr, tu habites ici à présent, fais comme chez toi.

Je ne sais pas vraiment ce que ça fait d'être chez soi. À part avant l'accident, où je vivais avec mes parents. J'ai toujours été accueillie quelque part, d'abord à l'orphelinat puis dans ma famille d'accueil. J'aimerais tellement me souvenir de ce que ça fait de se sentir chez soi.

Le monde oublié Où les histoires vivent. Découvrez maintenant