Chapitre 38

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— Diana, Diana c'est l'heure.

Une main se pose sur mon épaule et me secoue tout doucement pour me réveiller.

— Mmmmh... je murmure en me retournant.

— On va être en retard pour les examens, fait la voix que je n'avais pas tout de suite reconnue.

Je me lève en sursaut, tellement que je me cogne violemment la tête sur l'épaule de Marcus.

— Je ne savais pas que tu étais resté, je déclare en me frottant la tête.

Il me sourit, et cela me remet instantanément de mon réveil difficile.

— Nous t'avons amené un uniforme d'aquilie pour les examens.

— Merci beaucoup Marcus, je déclare en baillant.

— Je t'attends dans le salon.

Une fois que le garçon a refermé la porte, je retire mon T-shirt et mon bas pour enfiler le nouvel uniforme que les Austen m'ont apporté de leur boutique. J'attache mes cheveux avec mon ruban favori. Malgré le fait que je ne le porte plus souvent comme il est bleu, il reste mon préféré.

— Bonjour Hélène.

— Coucou Diana, bien dormi ? elle me questionne avec un clin d'œil en direction de Marcus.

— Oui merci, je lui réponds en souriant.

— Dépêchez-vous. Vous allez être en retard, elle s'exclame en regardant son poignet.

Je me dirige vers la porte mais je m'arrête au moment de prendre mes ballerines.

— Je n'en ai pas de bleu !

— Ce n'est pas grave, on va passer rapidement à la boutique.

Nous sautons donc dans un portail en direction du travail de la mère de Marcus.

— Où vous étiez passés ! s'écrit Talia quand nous arrivons enfin dans le hall. Notre section est déjà partie !

— Oh non... Merci de m'avoir attendue Talia.

— Il faut se dépêcher d'y aller maintenant, déclare l'aquilie en montrant les escaliers.

— Talia, tu as vu ma section ? demande Marcus en regardant autour de lui.

— Je crois qu'ils attendent au pied de vos escaliers.

— Ok merci.

Talia commence à m'entrainer dans les escaliers mais Marcus me retient par le bras.

— Bon courage.

Je hoche la tête en essayant de paraître la plus sereine possible, avant d'être noyée dans la foule.

— Vous êtes en retard, gronde notre professeur quand il nous voit arriver par le portail.

— Pardon M. Tolga, s'excuse Talia d'une toute petite voix.

— C'est de ma faute monsieur, je n'avais pas de chaussures d'aquilie, je m'explique.

Il nous examine tellement intensément que je suis obligée de baisser les yeux. Puis il soupire et souffle :

— Vous avez de la chance pour cette fois. Allez rapidement avec les autres.

Nous nous asseyons sans dire un mot sous les regards de nos camarades.

— Comme je le disais, je vais vous appeler chacun votre tour et vous allez passer par un portail que j'aurai moi-même programmé pour vous envoyer vers l'aquili qui va vous faire passer l'examen.

Une fois que tous les murmures et les voix se sont arrêtés, il poursuit.

— Vous allez tous devoir faire exactement la même chose et être jugés de la même façon. Zedoe, c'est à toi.

Elle se lève en déglutissant et se dirige vers le portail que son enseignant vient de créer. Contrairement à d'habitude, elle a attaché ses longs cheveux noirs. Elle est si souvent en train de rire que je ne l'ai jamais vue avec un air aussi sérieux sur le visage.

Nous ne sommes plus que quatre quand Talia franchit le portail. Chaque passage me semble interminable et quand c'est fini j'espère entendre mon prénom.

— Hale.

Encore une fois ce n'est pas moi. Je devais m'y attendre, comme je suis arrivée après, j'ai été rajoutée à la fin de la liste. Plus que deux elfes et ensuite c'est à mon tour. Ophira puis Adei franchissent tous les deux le passage et je me retrouve seule avec M. Tolga. Je ne cesse d'appréhender mon passage. Et puis enfin...

— Diana, c'est à toi.

Je me redresse sur mes jambes tremblantes et parcours les quelques mètres qui me séparent du portail. Je jette un dernier coup d'œil derrière moi puis me laisse aspirer.

Dès que je reconnais la personne qui se trouve en face de moi, mon cœur se desserre, Maxime, le représentant des aquilis au conseil.

— Diana ! Je t'attendais avec impatience. L'exercice ne devrait pas être trop dur pour toi vu ce que tu as déjà accompli, déclare l'aquili en dévoilant ses dents magnifiquement blanches qui contrastent avec sa peau mate.

Maxime se lève de sa chaise qui est proche d'une petite table ; ce sont les seuls meubles présents dans une pièce sombre. Je pense que c'est un monde créé de toutes pièces. Comme me l'a expliqué John, beaucoup d'endroits d'Elyria ne sont en fait pas vraiment à Elyria.

— Tu vas devoir effectuer trois exercices rapides. Dans un premier temps, je vais te demander de simplement absorber l'eau que je vais envoyer. Tu es prête ?

— Oui.

Une sphère d'eau s'élance dans ma direction. Je lève les mains et me concentre sur les exercices que j'ai pratiqués avec John. Bien sûr, là il ne s'agit pas de feu et l'élément est bien plus lent. Comparé à ce que John m'entraine à faire tous les soirs ; cet exercice est un jeu d'enfant. Je sens une légère humidité pénétrer dans ma peau et l'instant d'après, la sphère a disparu.

— Parfait. Maintenant, je vais te demander de bien vouloir remplir cette bassine...

Maxime sort de derrière la table, un gros récipient qui doit faire environ la taille d'une valise de voyage si mes souvenirs sont exacts.

— ...En moins de temps possible, évidemment. Ce temps définira ta réussite, ou non, à ce stade. Il commencera à la seconde ou une goutte touchera le fond et se terminera quand une goutte débordera.

Je m'approche de la bassine afin de pouvoir placer mes mains juste au-dessus. J'accumule le plus possible d'énergie jusqu'au bout de mes doigts, puis la relâche d'un seul coup. Deux jets d'eau viennent s'écraser sur le fond gris du réceptacle. J'essaie de compter dans ma tête en restant concentrée sur ma puissance. Dix, onze, douze... J'arrive à la moitié, je redouble d'effort afin d'accélérer la progression de l'eau. Seize, dix-sept, dix-huit... Un léger filet d'eau coule le long de la bassine et se répand sur le sol.

— Impressionnant, bravo, me félicite Maxime. Je n'en attendais pas moins de toi.

Je souris en me détendant encore un peu. Je me demande ce que peut être la dernière chose à faire.

— Pour finir, je vais juste te demander de créer avec ton élément. Tu peux représenter quelque chose dans l'air grâce à des formes. Tu peux aussi dupliquer un objet, une chaise par exemple. Il faut juste que tu laisses parler ton imagination.

Je hoche la tête puis ferme les yeux. J'essaie de trouver une idée en m'inspirant de différentes choses que j'ai vécues. Pourquoi pas quelque chose de l'autre monde ? De ma vie d'avant ?

Mais d'un coup, une pensée encore plus géniale me traverse l'esprit. Cela risque d'être très compliqué et je n'ai jamais essayé de faire une chose comme ça. Je pense que c'est un risque à prendre.

Je m'approche du mur le plus proche et commence ma création. 

Le monde oublié Où les histoires vivent. Découvrez maintenant