Le monde oublié

Chapitre 23

Je suis soulagée de voir Marcus sur l'aire d'entraînement. Il n'a plus de pansement et son habituel sourire a repris place sur son visage. Les séances précédentes, je n'ai pas pu travailler à deux comme les autres élèves, il est temps que nous nous remettions au niveau pour les examens. Nos yeux se croisent immédiatement quand les professeurs demandent de se mettre par binôme.

— Ça va mieux ?

— Oh, tu sais Diana, ce n'est pas une petite chute qui va m'anéantir. T'es prête pour que je te mette une grosse déroute ? me dit-il avec un clin d'œil.

— Avec plaisir, je lui lance un reculant pour me mettre en place.

Je lui envoie gentiment des petites rafales d'eau pour m'échauffer. Lui, ne prend pas son temps, plusieurs boules de feu se dirigent déjà dans ma direction. Je les fais disparaître grâce à l'opposition de nos éléments et essaye de l'attaquer à mon tour.

Notre combat commence à prendre une grande ampleur, roulant de tous côtés je manque de percuter une de mes camarades. Je crois que tous les élèves ainsi que les professeurs nous regardent attentivement. Je ne peux pas vérifier cela, si je détourne les yeux rien qu'une seconde je risque de m'enflammer.

Nous utilisons toutes les techniques possibles pour battre l'autre, sauf une, que nous évitons tous les deux visiblement. Les étincelles argentées. Il ne faut pas que nos éléments se percutent sur une trop longue durée.

L'herbe qui est à côté de moi commence à prendre feu, je me décale vers la droite mais trop tard, cet endroit aussi est rempli de flammes. Je fais plusieurs tours sur moi-même mais je n'ai pas été assez rapide. Marcus a réussi à m'encercler.

— Alors ? Tu abandonnes ?

Il se trouve derrière moi et me fixe en rigolant, fièr de lui. La lueur qui nous entoure remplit son visage d'ombres et de lumières. Ce contraste semble faire apparaître, en même temps, un ange et un démon.

Je tends les bras vers le cercle de flammes et délivre la plus grande puissance dont je suis capable. Un jet de feu percute ma magie et m'empêche d'atteindre le mur. Des étincelles commencent à apparaître, je retire brutalement mes mains, paniquée.

Marcus croise ses mains contre son torse, penche la tête et me lance un sourire en coin.

— Je n'ai pas envie de te renvoyer voir Mme Brown, je m'explique. Est-ce que tu pourrais faire disparaître tout ça s'il te plaît ? je demande en décrivant un cercle avec mon index.

— Mmmmh, laisse-moi réfléchir... Il porte une main à son menton en regardant en l'air.

— Marcus, sérieux.

— Ok, ok...

Il tourne sur lui-même en tendant les bras afin de réaspirer son énergie. Bientôt, toutes les flammes ont disparu et les professeurs se dirigent vers nous, épatés.

— Bravo les enfants, excellent. Vous êtes prêts pour les examens, nous félicite Mme Leigh, la professeure de Marcus.

— Merci, nous répondons d'une même voix.

Les élèves se remettent à leur entraînement tandis que moi et mon partenaire nous écartons pour discuter.

— Tu t'es améliorée !

— J'ai eu le temps pendant que tu n'étais pas là.

Je ne sais pas trop si cette phrase sonne comme un remerciement ou plus comme un reproche mais il n'a pas l'air de s'être vexé.

— Ce n'est pas de ma faute si tu m'as envoyé valser contre un arbre !

— Ce n'est pas de la mienne non plus !

Vu de l'extérieur, nos paroles peuvent être prises pour un conflit mais nous sommes tous les deux conscients de notre ironie, du moins je l'espère.

— Tu allais bien ? Il me regarde, étonné. Pendant ces deux jours ça allait ? je complète.

— Tu t'inquiètes pour moi maintenant ?

Il lève les sourcils en me lorgnant. Je rougis légèrement en me forçant à ne pas détourner le regard malgré mon immense envie de fixer le sol.

— Je voulais juste savoir si je ne t'avais pas traumatisé, je déclare quand j'ai trouvé une réponse adéquate.

Cette fois, il lève les yeux au ciel et s'approche de moi.

— Dès que je t'ai vue, j'ai été traumatisé.

— Je suis censée le prendre pour un compliment ou une insulte ? je demande en rigolant à moitié.

— À toi de voir.

Il me fait un clin d'œil et rejoint les professeurs qui viennent de nous appeler pour le compte rendu.