Le monde oublié

Chapitre 54

La cérémonie d'adieux, comme ils l'appellent, n'est pas très différente d'un enterrement dans l'autre monde. Je suis aux côtés de Finn et Lina. Nous regardons Candice apporter une chemise qui appartenait à James jusqu'à un portail. Je me souviens qu'il la portait souvent. Cette chemise grise assez simple est le premier vêtement que j'ai vu porter le caeli, la chemise qu'il avait le jour de notre rencontre. Je ne cesse de me remémorer ce moment, un moment que je n'oublierai jamais. Ce jour-là, j'ai découvert une fabuleuse personne qui m'a tendu les bras.

Les conseillers, dont un nouvel igni, attendent Candice près de l'ouverture. Elle jette le tissu à l'intérieur et retourne s'asseoir avec nous.

Ensuite ce sont les adieux à Thaïs. C'est Talia et moi qui apportons une de ses robes préférées. Elle la portait lors de la fête des examens et lors de la soirée chez les Wilson. Je l'ai trouvée particulièrement jolie dedans.

Il n'y a pas quelqu'un qui énonce des éloges funèbres ou des prières. Le silence est total et je trouve ça mieux.

Nous sommes tous plongés dans nos souvenirs avec les défunts. Je me remémore le beau sourire de Thaïs, ses cheveux bouclés et épais mais qui étaient toujours magnifiquement coiffés. Sa voix mélodieuse et son tempérament exemplaire. Sa peau douce légèrement foncée.

Puis des images de James surgissent. Sa bonne humeur qui me faisait toujours sourire même durant les moments difficiles. La confiance qu'il arrivait à me donner. Je me souviens comme il a insisté auprès du conseil pour m'accueillir chez lui et comme il défiait John pour me défendre. L'étreinte qu'il m'avait adressée...

Que de beaux souvenirs dont je ne veux jamais me séparer.

À la fin de la cérémonie, tout le monde s'étreint et se console. De chaudes larmes coulent sur mes joues.

Accompagnée de Candice, Finn et Lina je retourne chez les Avery, le regard perdu sur un point devant moi. Talia est retournée chez ses parents, je passerai les voir ce soir.

— Diana !

Je me retourne, Finn s'est arrêté quelques mètres avant moi et me fait signe de le rejoindre. Une fois arrivée à sa hauteur, il admet :

— Je sais que ce n'est pas forcément le bon moment mais je tenais à te dire merci pour ce que tu as fait.

Il paraît gêné en prononçant ces paroles mais ce n'est pas pour autant qu'il ne me regarde pas dans les yeux. Je le regarde surprise.

— Je vais être franc avec toi. Tu m'as fait beaucoup de mal, à moi et à ma famille, et je t'en voulais énormément pour ça. Mais je pense que sans toi, on ne serait pas ici aujourd'hui. Et même si mon père...

Il n'arrive pas à terminer sa phrase tellement l'émotion le submerge, des larmes commencent a monter aux coins de ses yeux mais il les ravale très vite.

Il me fixe un long moment comme pour chercher les bons mots. Finalement il dit juste :

— Je voulais que tu saches que ce qui s'est passé avant est oublié.

Il semble vraiment plus détendu une fois sa phrase dite comme si cela lui pesait beaucoup. Je lui souris sincèrement et le prends dans mes bras. Je suis consciente que ce geste est particulier pour lui mais il ne me repousse pas. Nous restons un instant comme ça, sans rien dire, puis je m'échappe de ses bras et lui murmure reconnaissante.

— Merci à toi.

Je suis consciente que ça ne va pas être aussi facile que ça mais mainteant je suis sûre qu'il veut la même chose que moi, repartir de zéro. Il ne reste plus qu'à réaliser notre souhait. Pour cela, nous allons devoir être patients, mais ça prendra le temps qu'il faudra.

Nous marchons tous les deux vers la porte d'entrée où nous attendent Candice et Lina.

— Venez-là les enfants, nous invite Candice en ouvrant grand ses bras.

Finn et sa sœur s'y précipitent immédiatement. J'hésite un moment. Ne devrais-je pas les laisser tous les trois ?

— Toi aussi Diana, viens, dit-elle avec affection.

Elle pose ses yeux remplis de tendresse sur moi.

— Tu feras toujours partie de notre famille Diana, murmure Candice dans mon oreille avec plein de douceur.

Je ne peux m'empêcher de verser une petite larme. Mais elle est différente de toutes les autres. Elle ne contient pas de tristesse, ni de haine. Elle contient de la joie, de la gratitude mais surtout de l'amour.