Le monde oublié

Chapitre 27

Je ne me suis pas réveillée en sursaut comme lors de mes derniers cauchemars, à vrai dire je n'en ai pas la force. Bien que la voix et les liens aient disparu, la chaleur et les brûlures sont toujours présentes.

Je sens mes paupières s'ouvrir légèrement, j'aperçois juste une lueur orangée. Alors qu'une espèce de poussière tombe dans mon œil, une étrange odeur me brûle les narines. J'ai déjà senti cette odeur quand j'étais dans le jardin. Elle est associée aux flammes, à la fumée, aux cendres.

Je reprends tout à coup mes esprits, l'adrénaline parcourt mon corps. Ma chambre est bel et bien en flammes, je suis encerclée, impossible de descendre de mon lit. Je sens plusieurs brûlures sur mon corps mais celle sur le haut de mon dos me fait oublier toutes les autres. Je porte une main à ma bouche quand une violente toux m'assaille.

— Au secours !

Ma gorge s'enflamme rien qu'en prononçant ces deux mots.

— À l'ai...

Mes cris désespérés sont interrompus par une violente quinte de toux.

— À l'aide !

Je rabats ce qu'il reste de ma couverture contre moi pour me protéger des flammes.

— Diana ! Diana !

Ça vient de l'extérieur, quelqu'un essaie de pénétrer dans la pièce. La porte tremble sur ses gonds. Sa poignée est tombée, l'elfe essaie de la défoncer.

James, propulsé par son élan, lâche un cri lorsqu'il entre dans les flammes. Des exclamations de stupeur s'élèvent derrière lui. Il me semble que Candice, Lina et Finn se trouvent tous dans la bibliothèque mais je ne vois pas bien. Ma vision commence à se brouiller et mes yeux me piquent. Maintenant qu'ils sont là, je sens l'adrénaline retomber.

Je vois les lèvres de James remuer mais je ne perçois aucun son. Les murs qui m'entourent deviennent flous, la pièce tangue étrangement. Je sens ma tête tomber sur le reste de mon oreiller. Je ne vois plus, je n'entends plus. Je ressens juste la douleur et... Soudain un étrange apaisement. Un liquide froid passe de mes mains à mes bras, puis mon ventre, mes jambes et enfin mon dos avant de m'englober tout entière.

Suis-je au paradis ? Vais-je revoir mes parents ? Je n'en suis pas si sûre. Comment expliquer sinon que je sente les à-coups qui me font tressauter à chaque pas de la personne qui me porte ?

Tandis que je reprends peu à peu le contrôle de mon corps et de mon esprit, la douleur revient, encore plus fulgurante. Je n'ai pas envie de me réveiller, je ne veux pas découvrir ce qui s'est passé, je veux juste repartir vers l'inconscient pour ne plus souffrir.

Malheureusement, je sais que ça ne va pas se passer comme ça. Une violente secousse me fait presque tomber des bras de l'elfe et m'arrache un cri de douleur.

— Diana ? La voix est encore loin dans mon esprit brumeux. Tu vas bien ?

J'essaie de bouger lentement la tête pour acquiescer même si je ne suis pas sûre de la perceptivité de mon mouvement. Il doit l'être car je n'entends aucune autre question, aucune autre voix.

Je reconnais ce calme, le bruit des pas sur le sol, je sais où nous sommes et où nous allons. La secousse de tout à l'heure devait être le grand saut.

Si j'ouvre les yeux maintenant je verrais peut-être la grande mosaïque qui orne un des murs. Je tente de me focaliser sur mes souvenirs de l'œuvre pour oublier la douleur. Grande, majestueuse, magnifique, elle représente un combat entre deux elfes. L'eau et le feu, si je me souviens bien, s'entrechoquent et créent une multitude d'étincelles argentées. Cette mosaïque pourrait même représenter le moment juste avant notre accident avec Marcus.