Le monde oublié

Chapitre 9

Je me tiens face à John, paniquée et encore fatiguée de mon exploit face au feu. Les autres conseillers ont essayé de lui faire comprendre que cet affrontement n'est pas une bonne idée mais il ne veut rien entendre.

Il affiche pour la première fois un sourire, pas un sourire de joie mais un sourire de fierté. L'igni tend les bras vers moi et, avant que je puisse dire quelque chose pour l'arrêter, une colonne de feu avance dans ma direction. Je m'affole, si je ne fais rien, dans moins d'une seconde je serais carbonisée ! À moins que je réussisse la même prouesse qu'il y a quelques heures à peine. Il faut toujours essayer. Je rassemble toutes mes émotions et lève mes mains au-dessus de mes épaules. Un mur d'eau se dresse devant moi et vient percuter l'élément orangé en créant des étincelles dorées. J'essaye de maintenir ma puissance mais les flammes prennent de plus en plus de terrain et se rapprochent dangereusement de moi. Je me concentre encore pour faire perdurer la façade qui me protège. Je suis rattrapée par ma fatigue. Mes membres ne répondent plus. La faiblesse qui s'était emparée de moi ressurgit et m'anéantit. Je tombe à genoux à bout de force. Candice se précipite vers moi.

— Pas mal, lâche John. Tu auras parfaitement ta place dans une section de cinquième année.

Tous les adultes de la pièce se retournent vers John ahuris en répétant tous la même chose.

— Cinquième année, cinquième année...

Finn m'a expliqué qu'on passait six ans à l'académie mais que rarement, certaines personnes sautaient un an. Je ne peux pas entrer en cinquième année alors que je suis arrivée à Elyria il y a même pas une semaine !

— Elle vient de résister pendant une bonne dizaine de secondes à ma pleine puissance ; alors si quelqu'un s'oppose à cette décision qu'il le fasse savoir.

Aucune main ne se lève dans l'assemblée.

— Très bien, déclare l'igni au bout de quelques secondes.

— Nous nous proposons, en l'absence de parents, de garder Diana chez nous.

James et Candice font un pas en avant pour accentuer leur plein dévouement dans cette tâche.

Je souffle, contente qu'on en arrive à ce sujet. Je suis vraiment reconnaissante envers les Avery d'être aussi généreux envers moi.

— Je ne suis pas du tout surpris par cette déclaration mes chers amis, répond John d'un air mauvais. Mais je préfererais, à la vue des capacités extraordinaires de notre chère Diana, qu'elle reste ici sous ma surveillance.

James serre les poings.

— Bien sûr le vote de la dernière fois était clair ; les autres membres du conseil sont contre ma revendication.

À mon plus grand soulagement Julia et les deux autres hochent la tête.

— Je t'attends demain Diana, déclare l'aquili. Je te ferai visiter l'académie et te présenterai à tes nouveaux professeurs.

Je suis contente d'être une aquilie. Je n'aurais pas supporté être une ignie et passer quelques instants toute seule avec John. Tout le monde commence à partir pendant que je suis toujours pétrifiée à l'idée de rentrer dans l'académie avec cinq ans de retard par rapport aux autres.

— Nous allons passer prendre un uniforme et de nouveaux vêtements avant de rentrer. Je suis sûre que le bleu ira parfaitement avec tes yeux, décrète Candice pour essayer de me détendre.

James rentre chez lui pour expliquer tout ça à ses enfants pendant que je me rends à la boutique avec Candice. Cette fois-ci, Marcus n'est pas le seul à nous accueillir, il est accompagné d'une ignis qui, d'après Candice, est sa mère. Durant ma séance d'essayage, je ne prête pas attention au sourire charmeur du jeune homme, j'ai hâte de finir enfin cette journée.

L'essayage de l'uniforme est le plus compliqué. J'ai réussi jusqu'à présent à éviter les jupes et les robes mais là je n'ai pas vraiment le choix. Le point positif c'est que le chemisier est exactement de la même couleur que mes yeux ce que je trouve assez joli pour une fois. Bien sûr cela m'a valu des compliments de la part de Marcus.

En arrivant chez les Avery, qui est désormais mon véritable chez moi, je suis soulagée que la journée soit finie, mais en même temps je n'ai pas envie de répondre à toutes les questions qui vont m'être posées par les absents de la réunion au conseil.

Quand je pénètre dans l'habitation, l'odeur du feu emplit mes narines. Je remarque que les enfants ont tout rangé et que, à part les objets qui ont brûlé et qui sont couverts de suie, comme le canapé, tout a été remis à sa place. Avant même qu'ils ne remarquent ma présence, je me faufile dans ma chambre en missionnant Candice de leur expliquer que je suis fatiguée et que je suis allée me coucher.