Chapitre 17

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Je n'ouvre pas tout de suite les yeux quand mon esprit reprend sa place. Je ne sais pas où je suis, peut-être au paradis ? Non, je ne crois pas.

Je me souviens de mon « combat » contre Marcus, les étincelles, l'explosion... J'ai volé sur plusieurs mètres avant de m'écraser contre quelque chose de dur, sûrement un arbre ou un rocher.

La douleur dans ma tête est encore présente, pour le reste de mon corps, en revanche, j'ai l'impression que ça va mieux.

J'essaie d'abord de bouger mes doigts, mes orteils puis je remue un peu mes jambes et mes bras. Visiblement, il n'y a pas de casse.

Je me décide finalement à ouvrir les yeux pour voir où je me trouve. Une lumière m'aveugle, je suis donc obligée de tourner la tête vers la droite pour distinguer quelque chose.

Je me trouve dans une pièce principalement blanche, plusieurs placards se trouvent un peu partout. Mais ce n'est pas cela que je remarque en premier.

Un autre lit semblable au mien se trouve à quelques mètres de moi. Un jeune homme que je reconnais immédiatement est allongé dessus, Marcus. Son visage est crispé et dégoulinant de sueur. Quoi qu'il se passe dans sa tête, cela ne doit pas être agréable.

— Diana, enfin, je commençais à m'inquiéter.

Une voix fluette vient de s'élever de l'entrée. Je me tourne pour voir sa propriétaire. C'est une elfe assez âgée, elle porte les couleurs des terrelis. Elle s'approche de moi et s'assoit sur une chaise pour être à ma hauteur car je ne m'étais pas relevée.

— Je suis Mme Brown, j'aide les apprentis à se remettre de petits incidents.

Je hoche la tête, j'ai évidemment reconnu la pièce dans laquelle je me trouve, mais je ne suis pas seule.

— Il va bien ? je demande en montrant Marcus.

Mme Brown observe l'igni qui venait de se retourner violemment en poussant un léger gémissement craintif.

— Il devrait bientôt s'en remettre, ses blessures sont superficielles tout comme les tiennes. Vous avez pris un sacré coup sur la tête, dit-elle en essayant de paraitre détendue.

— Que s'est-il passé ? je la questionne pendant que je creuse moi-même dans ma mémoire.

— Justement personne ne sait vraiment, annonce-t-elle avec une grimace. Vos enseignants et certains de vos camarades sont venus témoigner. Chaque récit est identique : vous vous entrainiez face à face à défier vos éléments et d'un seul coup, tout a explosé et vous avez été projetés sur plus de dix mètres avant de vous écraser, toi sur un rocher et lui sur un arbre, révèle Mme Brown en mimant la scène avec des gestes brusques.

Nous restons comme ça pendant plusieurs minutes, perdues dans nos pensées en réfléchissant à différentes questions.

Soudain, un cri déchire l'espace. Je me retourne d'un bond, ce qui me vaut une vive douleur au crâne. Mais le plus important n'est pas là. Marcus, l'émetteur de ce bruit, vient de se réveiller en sursaut et tient maintenant sa tête à deux mains. Visiblement il souffre beaucoup et cela ne m'étonne pas vu la tache de sang qu'il a laissée sur son oreiller.

Mme Brown se dépêche d'apporter un petit gobelet rempli d'une substance jaunâtre. Marcus l'avale d'un seul coup sans même réfléchir à ce que c'est. Il a retiré les mains de sa tête et l'on ne peut qu'avoir peur en voyant le sang qui a totalement recouvert sa peau.

Je le regarde pendant un long moment durant lequel le jeune homme est perdu dans ses pensées. Il n'a pas levé la tête depuis qu'il s'est réveillé. Je ne sais même pas s'il est conscient de ma présence.

L'infirmière lui panse sa blessure avant de m'apporter à moi aussi un petit bol rempli d'un liquide, non pas jaune mais vert. J'observe la mixture en grimaçant, j'en viens presque à regretter les cachets effervescents.

Je retire immédiatement mon propos après avoir avalé le médicament ; malgré un arrière-goût assez spécial, la saveur sucrée du produit m'a redonné de l'énergie.

Marcus me fait sortir de ma réflexion, il vient de relever brusquement la tête pour poser son regard dans le mien. Ses cheveux d'habitude parfaitement coiffés lui tombent sur le front et devant les yeux. Son sourire habituel a disparu, il a laissé sa place à un visage blême et sérieux.

— Ça va mieux ? je tente de lui demander.

Il cligne des yeux comme pour intégrer ma demande puis, comme si de rien n'était, il sourit en rigolant presque.

— Oh, tu sais, j'ai vécu pire.

Je suis surprise par son changement soudain de comportement. Je ne sais pas ce qui lui a fait dire ça.

— Marcus, je me suis réveillée avant toi, j'ai vu que tu n'allais pas bien. Cela fait une bonne dizaine de minutes que tu regardes dans le vide sans lever la tête.

À mes mots il change immédiatement d'expression. Il est redevenu celui de son réveil. Je crois presque rêver en constatant la rapidité de sa variation d'attitude, peut-être que je suis victime d'hallucinations dues au choc.

Il ne prend même pas la peine de me répondre, Mme Brown déboule dans la pièce.

— J'ai pu prévenir vos parents de votre réveil, ils viennent vous chercher. Il ne faut pas que vous preniez le risque d'utiliser un portail seuls, et les cours sont déjà finis.

— On a été inconscients longtemps ?

— Jusqu'à la fin des cours je dirais, réponds la terrelie.

Une bonne partie de l'après-midi, je ne sais pas combien d'heures durent les entraînements. Je dirais environ deux heures et demie, trois heures.

À peine quelques minutes plus tard, M. Austen vient récupérer son fils, suivi de Candice. Marcus ne lève pas la tête jusqu'à la porte où il me regarde une dernière fois avant de disparaître.

Je ne suis pas non plus très bavarde avec ma mère adoptive ; après avoir récupéré un peu de médicament vert, nous empruntons un portail pour nous rendre chez les Avery.

Dès que je franchis la limite du jardin, avant même que je pénètre dans la demeure, je vois les silhouettes de James, Finn, Jason et Lina se diriger vers moi pour me mitrailler de questions.   

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