Chapitre 37

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Une fois ma dernière ligne écrite, j'observe les autres pour voir où ils en sont. Beaucoup d'élèves ont terminé et semblent se relire. Moi-même j'ai terminé mais, malgré le fait d'avoir répondu à toutes les questions, il y en a quelques-unes où je suis sûre d'avoir faux ; j'ai répondu au hasard parce que je n'avais aucune idée de la réponse.

Talia écrit très rapidement en regardant son poignet toutes les trois secondes par peur, je pense, de ne pas avoir le temps de finir de développer son texte qui fait sûrement déjà le triple du mien. Je ne peux pas voir de là où je suis. Elle se trouve à environ sept mètres de moi et l'elfe le plus proche à trois mètres.

J'ai vraiment hâte que ces examens se terminent. Je sais pertinemment que je ne trouverai pas les bonnes réponses aux questions bâclées. Je n'ai aucune idée du temps qu'il reste mais ça doit bientôt être fini car la majorité des elfes sont en train de remuer leurs poignets engourdis par l'écriture.

— Préparez-vous ! annonce Mme Myers. Finissez vite votre phrase ! Attention... TOP !

Tous les élèves posent leurs stylos en même temps que leurs feuilles. Je fais de même en m'imaginant à « Top chef » quand le est terminé.

— Laissez tout sur les tables. Je vais m'en occuper, nous affirme notre professeure.

Je rejoins vite Talia pour savoir comment ça s'est passé pour elle.

— J'ai juste eu le temps de mettre le dernier point, elle s'écrie encore sous le stress. Je n'ai même pas pu me relire !

— Je suis sûre que tu as assuré.

— Et toi ? On avait révisé ce chapitre ensemble, ça devait aller.

— Bof... Je ne sais pas trop. Peut-être que mon « convenable » de départ va se transformer en « mauvais ».

— Mais non ne t'inquiète pas, pour avoir ça il faut vraiment avoir tout faux et tu n'es sûrement pas dans ce cas-là.

Une fois dans le hall nous nous rendons au casier de Talia où doit nous rejoindre Marcus pour aller manger.

Je le vois arriver du couloir. J'essaie de décrypter l'expression de son visage mais je n'y trouve rien concernant son ressenti après l'examen. Il affiche juste son magnifique sourire.

— Alors ? Bien passé ? je lui demande quand il est assez près pour nous entendre derrière tout le brouhaha.

— Je dirais que je mérite un « parfait », fait-il en riant. Comme miss historienne.

D'habitude Talia se serait énervée en l'entendant l'appeler comme cela mais ce n'est pas le cas aujourd'hui.

— Cette fois, je ne peux pas te reprendre Marcus. J'adorerais que ce que tu dises soit vrai.

— Et toi Diana ?

— Je ne sais pas du tout, je réponds en haussant les épaules.

— On va manger ! s'exclame Talia. J'ai trop faim.

La file d'attente n'a jamais été aussi bruyante. Tout le monde raconte son épreuve aux autres en comparant leurs réponses. Les elfes ont l'air de prendre tous très à cœur cette épreuve, après tout elle est très importante.

— Il faut que notre spécialiste de l'autre monde nous fasse un peu réviser ! s'exclame Marcus quand nous nous asseyons à table.

— Moi, je réviserai à l'entre-deux, soupir Talia. J'ai l'impression que ma tête va exploser...

— Bon très bien, alors savourez bien cette pause car nous n'avons fait qu'une épreuve sur trois ! déclare Marcus en souriant et en soufflant en même temps.

L'après-midi se passe beaucoup plus sainement, pour moi en tous cas. L'examen m'a juste rappelé ma vie d'avant à l'époque des réseaux sociaux et des téléphones portables. C'est si loin maintenant mais pourtant si proche en termes de temps. À peine six mois...

Je suis triste de ne pas avoir pu aller chez les Charrif ce soir. Nous avions prévu de nous retrouver toutes les deux mais finalement les Wilson ont organisé une sorte de fête pour la première journée d'examens et ils voulaient absolument que j'y sois. Alors me voilà, entre félicitations, questions et encouragements, coincée chez les Wilson.

D'habitude j'adore ce genre de choses mais là, je ne suis vraiment pas d'humeur. Je me suis donc enfermée dans ma chambre, loin du bruit et de l'agitation, pour remplir mon carnet et me détendre.

TOC, TOC, TOC.

— Oui, entrez !

Je déclare avec une voix fatiguée, m'attendant à recevoir des paroles du type « viens t'amuser avec nous ! ». Mais non. C'est juste Marcus qui se faufile à travers la porte et vient s'asseoir à côté de moi. Il se contente de me regarder sans poser de questions. Il jette quelques coups d'œil à mes écrits sans vraiment vouloir lire ce qu'il y a dessus.

— J'écris ce qu'il me passe par la tête, je lui explique sans qu'il le demande. Comme mes émotions, mes souvenirs, mes rêves ou mes cauchemars.

— Tu en fais encore ? Des cauchemars ?

— Oui, souvent, presque toutes les nuits. Mais je n'en comprends toujours pas le sens. J'ai une sensation étrange de déjà vu à chaque fois...

— Tu fais tout le temps le même n'est-ce pas ?

— Quelques détails changent parfois mais globalement oui. Mais bon, je n'ai pas envie de parler de ça, en tous cas pas maintenant.

Je baille longuement sans vraiment pouvoir m'arrêter, je suis vraiment épuisée.

— Tu veux te coucher ? me demande Marcus.

— Je vais attendre que vous soyez partis, je lui réponds pour être polie.

— Non vas-y, ne t'inquiète pas pour ça.

Après des regards résignés, je me couche en tirant les couvertures contre ma poitrine.

— Bonne nuit, il murmure.

— Bonne nuit.

Marcus éteint calmement la lumière, reprend sa place assise à côté de moi et me caresse la main.

Je ne saurais comment décrire cette situation. Magique, peut-être. En tout cas je ne peux pas énoncer toutes les émotions qui me traversent quand je m'endors aux côtés de l'igni.

Le monde oublié Où les histoires vivent. Découvrez maintenant