Le monde oublié

Chapitre 49

Je reste figée en regardant la porte qui vient de se refermer. D'après Candice, James a passé toute sa semaine dans leur chambre. Et maintenant il ressort comme si de rien était. Je n'ose même pas me retourner pour voir les visages de sa famille.

— Papa était ici ? demande Lina surprise. Il n'était pas dans l'autre monde ?

— Il a dû rentrer tout à l'heure, répond Candice d'une voix mal assurée qui la trahit instantanément.

— Maman, pourquoi est-ce que tu m'as menti ? Ne me regarde pas comme ça, je sais quand tu mens ! s'exclame la jeune fille.

— Où était papa pendant tout ce temps ? fait Finn avec une voix dure.

J'assiste à la scène choquée. Pourquoi Candice ne leur a-t-elle pas dit la vérité ?

— Il... Il était dans sa chambre.

— Dans sa chambre ? Maman s'il te plaît dit nous la vérité.

— C'est la vérité, je tranche fermement.

Les mots sont sortis tout seuls sans que je puisse les arrêter. Je ne devrais pas prendre part à ça. Maintenant qu'ils se sont tous tournés vers moi, je ne peux plus faire demi-tour.

— Je suis venue lui parler il y a environ une semaine et...

— Une semaine ? me questionnent en cœur les trois elfes.

Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de secondes que je comprends.

— C'est sept jours dans l'autre monde, je leur explique. Donc, il y a environ sept jours, je suis venue voir James et d'après Candice, il n'est pas sorti de sa chambre depuis.

— Elle a raison, confirme leur mère d'une voix triste. Je ne sais pas ce qu'il faisait, il ne voulait pas m'en parler. J'ai préféré ne rien vous dire. Il m'inquiétait beaucoup.

— Qu'est-ce que tu lui as dit pour qu'il reste enfermé aussi longtemps ? s'égosille Lina en se tournant vers moi.

— Diana, c'est quoi la chose dont il t'a parlé avant de partir ? me questionne Finn préoccupé.

Je me tourne vers le caeli, reconnaissante qu'il me débarrasse de la colère de sa sœur.

— Il m'a juste dit qu'il devait régler quelque chose avant de venir me voir. Comme il n'est pas revenu, j'ai décidé de venir ici, je me tourne vers Candice, il est resté dans votre chambre ou dans l'autre pièce ?

— Dans l'autre pièce, c'est son bureau. Il est caché car il peut contenir des informations confidentielles mais c'est rare. James n'a jamais vraiment cherché à garder le secret.

— Pour qu'on puisse comprendre, il serait bien que tu nous dises ce que tu lui as révélé avant qu'il ne s'enferme, précise Finn.

Je soupire, c'est vraiment la dernière chose dont j'ai envie de parler.

— Je pense que je n'ai plus trop le choix... je souffle.

Je suis repartie dans une longue tirade, racontant mes rêves et mon étrange cauchemar éveillé.

— Tu es sûre que c'était toi ? me questionne le garçon ahuri.

— Oui, certaine, je réponds en hochant la tête.

— Après tout, ce n'est qu'un cauchemar, ce n'est pas réel, fait Lina d'une voix hésitante.

Je suis surprise par le silence de Candice pendant que ses enfants débattent. En temps normal, elle serait intervenue.

— Diana, peux-tu me décrire le plus précisément possible ce que tu vivais dans tes rêves, murmure Candice encore perdue dans ses pensées.

— Je ne pouvais pas ouvrir les yeux, je n'avais plus assez d'énergie. J'étais attachée sur une surface dure par les poignets et les chevilles. J'avais mal de partout et mes pensées étaient embrumées. La seule fois où j'avais réussi à ouvrir les yeux, ils m'avaient immédiatement injecté quelque chose qui m'avait fait me rendormir.

Elle ne me répond même pas. Elle regarde la porte par laquelle son mari vient de partir puis l'escalier.

— Attendez-moi, je reviens, dit Candice en fixant le vide.

Elle se lève du canapé et gravit les marches une par une comme un fantôme. Une dizaine de minutes après, elle semble avoir retrouvé toute sa vitalité, elle dévale les escaliers. Les larmes aux yeux, elle se tourne vers nous.

— Restez là un moment. Diana, toi aussi s'il te plaît ne retourne pas chez les Charrif tant que je ne suis pas revenue. Je vous aime les enfants.

Un peu comme James, elle quitte la demeure sans explication.

— Qu'est-ce qu'ils ont les parents ? s'étonne Lina.

— Je ne sais pas, ce qui m'inquiète c'est pourquoi maman pleurait. Elle ne pleure pas souvent et jamais devant nous, répond son frère.

— C'est dans le bureau. Votre mère est sûrement allée dans le bureau de James pour comprendre la raison de son départ et elle est allée le chercher, je transmets mon idée aux deux autres.

— Tu ne crois quand même pas que tu vas aller mettre ton nez dans les affaires de mes parents ! s'égosille Lina en levant un sourcil.

— Lina, je sais que c'est interdit mais ça à l'air d'être grave, on jette juste un coup d'œil pour comprendre ce qui se passe et ensuite on repart, explique son frère.

— Si tu veux mais c'est ton idée, fait Lina sur la défensive.

Ils se lèvent tous les deux et survolent les escaliers. Je trottine pour les rattraper alors qu'ils sont déjà devant la porte de la chambre.

— Il est hors de question que Diana fouille dans le bureau de papa ! s'écrie Lina quand elle me voit.

— Lina je te rappelle qu'elle est déjà allée dans son bureau alors que toi jamais. En plus cette histoire la concerne. Si tu y vas, Diana y va aussi, expose Finn.

La jeune fille serre les poings et me lance un regard noir. Je fais un signe reconnaissant envers Finn qui hoche la tête.

Nous pénétrons dans la chambre, Finn actionne la poignée sans réfléchir. La porte s'ouvre dans le mur sur une pièce noire. Je crée une petite sphère de feu et la dirige jusqu'au milieu du bureau pour y voir plus clair.