Chapitre 36

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Il fait complètement noir quand je me réveille de mon cauchemar. Je me lève et tâtonne afin de trouver un T-shirt pour remplacer celui que j'utilise comme pyjama qui est maintenant trempé de sueur. Depuis que je suis chez les Wilson mes mauvais rêves sont de plus en plus intenses. C'est sûrement dû au fait que j'ai déclenché un autre élément.

Je me rapproche de la fenêtre à la recherche de lumière. Le clair de lune illumine légèrement mon carnet, assez pour que je puisse voir ce que j'écris. En comparant les écrits de mes rêves précédents je me rends compte qu'ils sont de plus en plus détaillés. La même scène est écrite une vingtaine de fois sur ces pages, mais chaque fois un élément est rajouté.

Comme lors de mes rentrées scolaires, je me souviens plus en détails de chacune au fur et à mesure que je grandis.

Je me recouche sans faire de bruit en espérant me rendormir. Malheureusement ça ne se passe jamais comme je le voudrais. Mes paupières ne veulent pas rester fermées et mon esprit se pose mille questions en même temps.

Je ne sais pas combien de temps se passe avant que les rayons du « soleil » commencent à traverser la fenêtre pour éclairer ma chambre, mais en tous cas je n'ai pas dormi.

J'étais en train de lire le quatrième volume de l'histoire d'Elyria quand une voix me provient de derrière ma porte.

— Diana. Diana il faut se lever.

C'est Hélène qui, comme chaque matin, vient me réveiller.

— J'arrive !

Une fois dans le salon, Hélène me demande :

— Tu étais réveillée depuis longtemps ?

— Euh... non ça va, je mens.

— Tu as encore fait le même cauchemar ?

— Oui.

Ça ne sert à rien de mentir à Hélène, elle lit dans les pensées des gens comme dans un livre.

— C'est toujours la même chose ?

— Oui.

Elle doit voir que je n'ai pas envie d'en parler car elle ne dit rien d'autre et prépare le petit déjeuner.

Je n'ai pas vu passer ma journée. Entre les cours, les révisions, Talia, Marcus et mon entraînement avec John, je ne me suis jamais arrêtée. Celui-ci a été encore plus intense qu'hier. Malgré quelques progrès, mes mains ont été brûlées une douzaine de fois.

Je trouve facilement une pensée joyeuse pour m'endormir, je l'utilise souvent quand je suis anxieuse ou énervée, elle m'apaise facilement. Cette pensée c'est Marcus. J'ai l'impression que ça fait déjà des siècles qu'il est venu chez les Wilson, le jour où il m'a embrassée. Depuis je n'arrête pas d'y repenser. Talia avait raison bien sûr, je l'aimais. Mais je pense que je ne m'en rendais pas forcément compte. Alors que maintenant je le ressens encore plus que jamais. Marcus éprouve probablement la même chose pour moi vu comme son visage s'illumine quand il me voit, ou comme son regard change quand il a les yeux rivés sur mon moi. J'adore quand il me regarde différemment des autres, c'est une des premières fois où j'aime me sentir si différente.

Les jours passent et je vois de plus en plus de cases cochées sur mon calendrier. Les examens se rapprochent à grands pas et je n'ai pas le sentiment de connaitre la moindre chose. Avant, dans l'autre monde, je n'ai jamais appréhendé une évaluation, un oral ou même mon brevet. Mais ici c'est différent. Je suis super anxieuse. Heureusement que Talia est là pour m'aider dans la matière où je suis le plus en difficulté. Nous passons, Marcus, Talia et moi nos dernières soirées de révisions ensemble. C'est plus facile de travailler à plusieurs plutôt que tout seul face à un livre.

Petit à petit, le « jour J » arrive.

— Diana ! Il ne faut pas que tu sois en retard pour les examens !

J'enfile vite mon uniforme, prends mes affaires et file dans le jardin. Chiara et Adam eux, ne vont pas à l'académie aujourd'hui, elle est réservée pour les cinquième année.

— Bonne chance !

— Merci ! je crie à Chiara qui nous regarde partir depuis l'entrée.

L'académie est extrêmement calme quand nous pénétrons dans la pièce. Des panneaux ont été affichés afin de savoir avec qui et où nous allons passer les examens. Après avoir remercié Hélène de m'avoir accompagnée, je rejoins Talia et Marcus qui discutent près de leurs casiers. Ça me fait du bien de les voir parler tous les deux. Ils ont mis un moment avant de s'apprécier et je n'aimais pas faire l'intermédiaire.

Une fois arrivée à leur hauteur, Marcus me prend la main et me caresse les cheveux. C'est une habitude que l'on a prise en à peine quelques jours. Ce petit signe d'affection me fait me sentir un peu mieux à chaque fois.

J'aperçois Finn, Lina et Jason qui nous observent de l'autre côté du hall, visiblement ils ne cautionnent toujours pas ma relation avec Marcus. Et bien tant pis pour eux, ils n'avaient qu'à s'expliquer au lieu de me tourner le dos sans même que je sache pourquoi.

Je retourne la tête vers Marcus qui me sourit.

— Pas trop stressée ? me chuchote l'igni.

— Si, je déclare en essayant d'en rire. Et vous ça va ?

— Moi j'ai juste à avoir un résultat « très bien » de partout pour pouvoir avoir la boutique dans ma liste de choix. Ça devrait le faire.

— Juste très bien ? C'est déjà beaucoup ! Moi il faut que j'aie « parfait » en histoire d'Elyria, dit Talia, peureuse.

— Tu vas y arriver, c'est certain, je la rassure du mieux que je peux.

— Tu vises quoi toi ? me questionne Marcus.

— Un « convenable » et je serai déjà contente, je ricane.

Les elfes utilisent des mots plutôt que des chiffres pour représenter le résultat du test. Le pire est « mauvais » puis « convenable », « bien », « très bien » et enfin « parfait ».

— Dit pas n'importe quoi Diana ! Déjà c'est sûr que tu vas avoir « parfait » en histoire de l'autre monde.

— Peut-être...

Les professeurs arrivent un par un dans la salle et appellent les sections concernées.

— Section trois, aquilis, appelle Mme Myers.

Je me fraie un chemin parmi les elfes pour rejoindre ma professeure. Avant d'avoir trop avancé, je me retourne et fais un geste d'encouragement à Marcus. 

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