Chapitre 34

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— Au fait, je ne t'ai même pas demandé si ce que j'ai fait hier soir... ça t'a dérangé, s'inquiète Marcus quand nous nous rejoignons pour l'entraînement.

— Euh, non pas du tout...Je...J'ai bien aimé, je bégaie en rougissant.

Nous restons un moment à nous regarder sans bouger avant qu'il ne m'envoie une boule de feu droit dans la poitrine.

— Eh ! je crie en la repoussant de justesse.

Mais comme à chaque séance, il ne me laisse pas beaucoup de temps de répit, juste assez pour que je ne m'enflamme pas. Pour cela, il n'a pas besoin de son élément, sa présence suffit. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi après hier soir, après tout ce n'est peut-être qu'un baiser pour lui.

Une fois que je réussis à le stabiliser grâce à mon élément, j'essaie un peu maladroitement d'éclaircir la question.

— Ça voulait dire quoi ?

— De quoi tu parles ?

— Ce que tu as fait hier soir, ça signifiait quoi pour toi ?

Il prend son habituel sourire charmeur et me laisse mijoter quelques instants avant de me répondre quelque chose qui ne m'aide pas du tout.

— À toi de me le dire.

Je ne me suis même pas rendu compte que j'avais fait disparaître mon élément. Les entraves aux pieds de Marcus ont disparu. Il avance donc vers moi à présent. Il ne prend pas la peine de me regarder ou de me prendre la main comme hier. Il se penche et m'embrasse.

Cela me fait exactement le même effet, je voudrais que ça dure le plus longtemps possible mais, déjà, il se retire. Je ne comprends pas trop ce qu'il veut me faire dire en me regardant de cette façon, alors je reste muette et attends.

— Je suis un peu perdu moi aussi... souffle Marcus, en baissant les yeux. Tout ce que je sais c'est que j'aime quand tu es là, j'aime te parler et je ne saurais comment décrire ce que je ressens quand je t'embrasse...

Mon cœur fait littéralement un bond dans ma poitrine, il vient exactement de décrire ce qui m'arrive à moi.

Ces paroles auraient pu passer pour des propos en l'air, trop facile pour séduire une fille mais... Marcus n'est pas un de ces garçons à ne pas penser ce qu'il dit et il a toujours été sincère avec moi. Je ne l'ai jamais vu aussi « vulnérable » que maintenant quand il regarde le sol et rougit après avoir prononcé ces quelques mots.

En guise de réponse, je pose délicatement mais rapidement mes lèvres sur les siennes et me recule pour continuer l'entrainement.

Je fais à peine trois pas que Mme. Leigh nous appelle pour la fin. Comme avec M. Fawley ce matin, elle nous annonce le nombre de séances d'entraînement qu'il nous reste avant les examens. Plus que six... Plus que six cours. Personne ne sait réellement en quoi va consister l'épreuve pour que nous ne puissions pas nous exercer sur un sujet précis.

Le soir, je devais aller chez Talia, mais, finalement, sa famille a un imprévu donc je me dépêche de sortir pour rejoindre Chiara avant son départ. J'arrive de justesse pour l'intercepter et sauter dans son portail.

Dès que j'arrive chez les Wilson, je vais immédiatement dans la chambre qui m'est attribuée et m'assois face au bureau. Mon carnet est bleu clair, comme la couleur du ciel à Elyria où je n'ai jamais vu aucun nuage, aucune pluie, aucun orage, rien. La météo est toujours la même : un ciel bleu dégagé avec une température parfaite.

Je l'ouvre à la page qui suit ce que j'ai déjà écrit et commence à raconter ce qui s'est passé aujourd'hui. Enfin... Cela se résume pour la plupart à mes sentiments pour l'igni. J'ai pris l'habitude de faire ça un peu chaque jour, ça me permet de me sentir plus relâchée et j'arrive mieux à dormir. Ce qui me fait le plus de bien c'est d'écrire mes cauchemars, ça peut paraître bête mais de les écrire sur papier c'est comme si je les transférais et qu'après ils ne hantaient plus mon esprit.

Une fois mon beau récit achevé, je me rends à la dernière page. J'y ai dessiné l'équivalent d'un calendrier, chaque jour représente un rectangle et chaque ligne une « semaine » que j'ai inventé en me basant sur l'autre monde. C'est-à-dire : mes quatre jours de cours + mes deux jours de repos, qui symbolisent un peu le « weekend ». Cette semaine-là ne fait que six jours mais ça m'aide beaucoup pour me repérer. Et grâce aux informations que m'ont données les professeurs sur les nombres de séances restantes je peux maintenant mettre une « date » aux examens. Dans neuf jours. Si j'ai bien compris dans neuf jours se passent ceux d'histoire et dans dix jours ceux de l'eau.

Il faut que je me mette à réviser. Je prends mes livres et m'allonge sur le sofa. J'ai à peine commencé à parcourir une page que quelqu'un frappe à ma porte.

— Oui ?

— C'est John, je viens t'appeler pour ton entraînement. Il commence ce soir.

— J'arrive ! je lance à travers la porte.

J'avais complètement oublié ça. Je n'ai pas besoin de me préparer ou de prendre quoi que ce soit, du moins je ne pense pas. Je m'empresse de sortir de la pièce et de rejoindre l'igni dans le couloir qui m'indique de sortir hors de la maison.

Comment John va-t-il s'y prendre pour m'enseigner cela ? Est-ce qu'il va être aussi violent que lors de ma première entrevue au conseil ? J'espère que non.

Le monde oublié Où les histoires vivent. Découvrez maintenant