Chapitre 41

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Je suis la clé de notre victoire.

Suivi par ses deux compagnons, Thomas s'était engouffré dans le château en passant par la partie réservée au personnel. Il savait que cet endroit lui permettrait d'accéder aux sous-sols puis d'atteindre le secteur sheikah, dissimulé depuis des millénaires et des millénaires. Grâce à son cœur antique, il percevait le mécanisme activé et pouvait donc se déplacer dans sa direction. Cependant, leur avancée ne serait certainement pas aisée à cause des corrompus qui peuplaient la forteresse et la défendaient. Thomas libèrerait chacun d'eux se dressant sur son chemin. Il lui était impensable de laisser des âmes perdues être utilisées de la sorte. Elles devaient rester auprès de l'Alpha, l'unique entité veillant et protégeant les morts. Ganondorf le défiait ouvertement en exploitant les guerriers défunts et les dragons.

Dans les couloirs adjacents, le petit groupe entendit les cris de leurs alliés qui se battaient, ainsi que les entrechoquements des armes qui crissaient de manière déplaisante. Les combats en infrastructure étaient sans doute la situation la plus difficile à gérer en temps de guerre ; les couloirs étroits offraient une marge de manœuvre restreinte, notamment quand les corps jonchaient le sol et ralentissaient l'avancée. Les trois anciens apprentis entrèrent dans la zone réservée aux provisions des cuisines. À cet endroit se trouvait déjà le cadavre d'une soldate à moitié rongée par la corruption. L'estomac d'Iris se retourna et manqua de rendre le dernier repas qu'il contenait. Jamais elle ne s'habituerait aux horreurs de la guerre... Impossible d'oublier de telles scènes.

Devant eux, trois corrompus apparurent à l'angle d'un couloir, puis ils se précipitèrent dans leur direction en créant leur arme à partir de leur corps de corruption. Thomas fronça les sourcils tandis que sa lance se pointa vers eux.

- Je m'en occupe, assura-t-il avec détermination.

Pendant que son arme fusait sur les trois soldats du néant, Léon s'empara de son espadon puis il conseilla à Iris de prendre son arbalète et de la recharger avec un carreau. Cette dernière affichait un air perdu, son front en sueur attestait de la peur qui la tiraillait et la troublait. Machinalement, elle fit ce que son compagnon lui demandait pendant que Thomas, devant, éliminait leurs ennemis. Iris se dit que, contrairement à elle, ce n'était pas la première fois qu'il participait à une guerre et qu'il découvrait tous ses revers. Avec les motifs singuliers qui parcouraient sa peau, il ressemblait plutôt à un guerrier des anciens temps, appartenant à un peuple disparu.

À peine eut-il fini de libérer les corrompus, des pas précipités et des cris de peur se firent entendre dans le couloir d'où leurs ennemis avaient débouché. Iris sursauta avant de s'arrêter en même temps que ses deux compagnons qui échangèrent un regard inquiet. Tout à coup, des soldats de Panah et d'Aurean se présentèrent à eux, l'air affolé et terrorisé par ce qu'ils venaient de voir.

- Fuy... ! s'écria un homme lorsqu'un jet de flammes puissants sortit du couloir puis recouvrit tous les nouveaux arrivants, leur arrachant des hurlements de douleur insoutenable.

Le sang de la châtaine se glaça face à cette vision infernale. L'air autour d'eux devint brusquement plus chaud, plus étouffant, tant et si bien que les trois jeunes gens reculèrent par réflexe en protégeant leur visage. Au bout de quelques instants, les cris cessèrent ainsi que le feu ardent, dévoilant les corps calcinés qui dégageaient une odeur nauséabonde et insupportable. C'en fut trop pour Iris, ses forces la quittèrent soudainement et entraînèrent sa chute. Léon la rattrapa tant bien que mal puis la tira avec brusquerie pour revenir sur leurs pas en courant.

- Thomas, faut pas rester là ! s'écria-t-il en regardant par-dessus son épaule.

L'androïde acquiesça avant de lui emboiter le pas. Un feu aussi chaud, au sein d'un jet aussi puissant, pouvait endommager sa lance. Avant de tourner sur sa gauche pour rejoindre le quartier des lavoirs, il jeta un bref coup d'œil vers l'arrière et découvrit l'objet de leur fuite : une tête de dragon faite d'un matériau qu'il ne put reconnaître. Le soldat du néant qui la portait arborait une tenue inconnue aux yeux de Thomas qui eut un très mauvais pressentiment à son égard. En particulier car il n'avait encore jamais vu une arme de la sorte, même dix mille ans auparavant.

Les ruines des tourmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant