Une odeur prononcée de bois... Telle fut la première chose qui attira l'attention de Link. Dans un premier temps, il n'osa pas ouvrir les yeux à cause de cette profonde nostalgie qu'il ressentait. Il connaissait ce parfum. Pourtant, cela remontait si loin dans ses souvenirs que le jeune homme ne savait pas exactement à quoi le relier. Il était sûr d'une chose : le sortilège d'Impa avait l'air de fonctionner. Maintenant, il devait rouvrir les yeux et rejoindre Zelda dans les plus brefs délais.
Ses paupières se soulevèrent pour lui dévoiler des marches d'escalier juste au-dessus de sa tête. Link fronça les sourcils, ne comprenant pas ce que cela signifiait. Il n'était pas au château. Mais alors... Ses yeux s'écarquillèrent, il se releva brusquement dans le lit et observa l'environnement dans lequel il se trouvait. Un lit sous les escaliers, un bouquet de fleurs et de céréales séchées accroché au mur... Il n'y avait plus de doute, il était de retour chez lui. Des voix lui parvinrent. Deux, pour être exact. Deux voix qu'il chérissait depuis si longtemps et dont il avait fini par oublier la tonalité au fil des années. La gorge sèche, Link quitta le matelas et se décala afin de ne plus avoir l'escalier qui lui obstruait la vision en direction de la pièce principale. Sa mère apparut devant lui, attablée en train de siroter un thé à la camomille, tandis que son père parlait tout en examinant la petite bibliothèque dans un coin. Le cœur du prodige se serra si fort que ses yeux le piquèrent et un vaste sentiment de solitude s'empara de lui. Tout cela... Ce n'était qu'une illusion, une reconstitution de sa précédente vie. Ces êtres qu'il avait tant aimés n'étaient pas réels, Link en avait conscience. Mais les revoir après tout ce qu'ils avaient vécu, cela le peina profondément.
- Link, tu émerges enfin de ta sieste, sourit Adélaïde après l'avoir vu. Jeannot est passé te voir. Je lui ai dit que tu dormais.
Son père se retourna et posa une main sur sa hanche.
- Il doit sans doute t'attendre au moulin de Justin, ajouta le chevalier qui vint s'asseoir à côté de sa femme.
Sans voix, Link les dévisagea avec émotion. Adélaïde n'avait pas des cheveux châtains si longs dans ses souvenirs. Étaient-ils si altérés pour avoir une vision trouble du visage de sa propre mère ? À travers ses yeux, il reconnut les siens. C'est vrai, il avait hérité de leur couleur bleue. Quant à son père, ses cheveux blonds restaient les mêmes qu'à l'époque. Les voir vivants, tous les deux, suffisait à sidérer le jeune prodige.
- Pourquoi pleures-tu, Link ? s'inquiéta sa mère en se levant. Tu te sens mal ?
Il n'avait même pas osé retenir ses larmes de tristesse mêlées à une infime joie. Il aurait préféré ne pas apparaître ici. Cela lui faisait bien trop mal de les revoir. Adélaïde posa une main sur son épaule et s'accroupit devant lui pour l'examiner.
- Laisse-le, il a dû faire un cauchemar. Comme toutes les autres fois.
- C'était il y a plusieurs années, Karl, lui rétorqua sa femme en se relevant. Je n'ai pas l'impression que ce soit ça.
Elle donna un mouchoir en tissu à son fils pour qu'il sèche ses yeux ainsi que ses joues. Link le fit dans un silence inhabituel aux yeux de ses parents. Une fois qu'il eut repris ses esprits, sa mère l'invita à s'asseoir mais l'Hylien refusa en silence. Il n'avait pas de temps à perdre. Zelda allait devoir l'attendre bien plus longtemps que prévu... Le trajet entre Elimith et le château durait entre trois et cinq heures à cheval.
- Tu as faim ? lui demanda son père face au mutisme de son fils.
- Non, pas vraim... commença à répondre Link avant de s'arrêter, les sourcils haussés par la stupéfaction.
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Les ruines des tourments
Hayran KurguHyrule est libérée de l'emprise de Ganon, le Fléau. Link et Zelda se retrouvent enfin après cent ans de séparation et doivent à présent veiller à la reconstruction du royaume afin de lui redonner sa beauté et sa puissance d'antan. Malgré la récipro...