Chapitre 10

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La nuit noire avait englobé Hyrule, seule la lune éclairait à peine la citadelle et créait des ombres inquiétantes sur les murs. Le peuple dormait. Ou du moins, une grande partie. En effet, le même soir que les fiançailles de Link et Zelda, un petit groupe de Sheikahs menait une mission aux abords de la citadelle, là où se trouvaient quelques maisons isolées appartenant à de vieux domestiques du château : les cibles de ce meurtrier qui en avait après Link. Pahya s'était jointe à sa dizaine de semblables pour enquêter et débusquer l'organisation derrière tout ça. La nuit précédente, ils n'avaient rien trouvé mais dans la journée qui suivit, on leur avait rapporté la mort d'un soldat blond non loin du village reconstruit de Caroc. Pahya avait l'intuition que l'assassin reviendrait chercher des informations à la citadelle. Les ordres qu'elle donna aux autres Sheikahs furent clairs : se diviser pour guetter le moindre mouvement et alerter les autres s'ils avaient le moindre soupçon.

La nouvelle conseillère royale choisit de se percher sur le toit d'ardoise d'une des maisons en dehors des anciens remparts de la citadelle. Il n'y avait pas de route à proprement parler, juste un semblant de chemin de terre qui passait entre les différentes habitations. À vrai dire, Pahya ne savait pas à quoi s'attendre. Un homme ? Une femme ? Plusieurs personnes ? Elle plissa les yeux et s'accroupit pour mieux se dissimuler. Elle avait attaché son habituelle chevelure blanche en une longue natte dans le dos pour mieux la cacher des rayons de la lune et elle portait sur sa tête un chapeau conique en paille, caractéristique de son clan.

- Non, atte... ! hurla une voix avant de s'éteindre dans la nuit.

Pahya frissonna puis se retourna d'un coup vers la provenance du cri. Un cri d'effroi, cela ne faisait aucun doute. La jeune femme se releva d'un coup et courut vers la maison d'à côté avant d'escalader son toit, sans un bruit. Par Din, d'où cela venait-il ?! Pahya bondit de toiture en toiture en cherchant le moindre mouvement. Elle tiqua puis s'arrêta à contrecœur pour écouter le bruit environnant. Son regard glissa de droite à gauche, elle se retourna pour tenter de percer la profondeur de la nuit. Seule une désagréable odeur de sang frais l'atteignit et la fit grimacer. Elle n'était pas loin. L'assassin se trouvait encore dans les parages, elle le ressentait au fond d'elle-même. Guidée par l'odeur de la mort, la jeune femme se résigna à quitter les toits et revint au sol en se réceptionnant sans un bruit. À pas feutrés, elle courut vers le lieu où s'intensifiait l'odeur jusqu'à ce qu'elle découvre un corps gisant dans un coin. Son sang se glaça quand elle reconnut l'un des siens.

- Ort'ha ! s'affola-t-elle se précipitant vers sa semblable.

La conseillère royale tomba à genoux et reconnut, malgré l'obscurité, le faible éclat de la lune qui se reflétait dans le sang. La Sheikah, grièvement blessée, attrapa difficilement la manche de Pahya et parvint à articuler avec difficultés :

- J'ai... J'ai vu... un démon...

Ort'ha gémit de douleur et laissa sa tête retomber en arrière pour essayer de se fatiguer le moins possible. Pahya déchira un morceau de tissu de sa semblable puis l'appliqua sur la blessure ventrale en lui indiquant de presser le plus fort possible.

- Je vais chercher de l'aide. Tâche de calmer au mieux ton rythme cardiaque et de bouger le moins possible.

- Tu n'iras nulle part, prononça une voix lugubre dans son dos.

Pahya se releva d'un coup et tira ses deux dagues avant de faire face à une silhouette en plein centre du chemin. Surtout, il ne fallait pas que les habitants sortent de leur maison pour voir ce qu'il se passait. Sinon il leur en coûterait la vie...

- Qui es-tu ? aboya la Sheikah qui restait sur la défensive.

Son interlocuteur ne répondit pas. Il se contenta seulement de dégainer son épée et de se mettre en position de combat. Ses traits se tirèrent, elle ressentit tout le danger qui émanait de cet homme. Ses iris verts qui semblaient légèrement luire dans la nuit, tout comme cette marque rouge sur son bras dénudé... Ce n'était pas un Hylien.

Les ruines des tourmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant