Cette nuit-là, j'ai fait un rêve. Étrangement, je n'en étais que spectatrice et cela ne m'a guère déplu. Je n'éprouvais ni peur ni colère, seul cet agréable sentiment de paix me berçait. Je voyais Elimith, ses rues baignées de soleil, ses nombreuses maisons de pierre qui s'étendaient sur toute la colline ainsi que ses habitants qui travaillaient ou discutaient calmement. Parmi eux se trouvait Link qui devait sans doute avoir vingt-cinq ans au vu de ses cheveux coupés mi-longs et de sa courte barbe. Sa bonne humeur se lisait nettement sur son visage, je n'en doutais pas. Ce n'est qu'une fois chez lui que je me suis vue en simple tenue hylienne, plongée dans une énième lecture d'un ouvrage scientifique. À l'arrivée de Link, j'avais levé la tête pour lui offrir un sourire affectueux. Il me l'avait rendu en disant ces mots :« Je ne veux pas être roi ».
Zelda ouvrit lentement ses yeux dont s'écoulaient quelques larmes à intervalles irréguliers. Elle les essuya puis se redressa dans l'obscurité de sa chambre, le cœur particulièrement lourd en ce début de matinée. Le soleil peinait à quitter l'horizon, quelques oiseaux chantaient sans grande aisance et donnaient une impression de temps presque figé. La jeune femme se tint la tête pendant qu'elle se rallongeait sur le dos. Son inconscient lui montrait pleinement ce qu'elle semblait ne pas voir depuis tout ce temps. Et c'était pourtant une évidence... Link lui avait fait plusieurs fois comprendre que ce rôle ne lui siérait pas.
Il ne désirait pas devenir roi.
Link avait toujours préféré la liberté et la découverte plutôt que l'immobilité. Être souverain signifiait rester constamment au château sauf pour visite exceptionnelle. Cela voulait dire prendre de grandes décisions, soutenir sur ses épaules le poids des espoirs, des vies, des reproches. Mais Link n'en voulait plus. Pas après tout ce qu'il avait enduré. Tout lui pesait, ses cauchemars en étaient les témoins directs. Zelda le voyait bien : s'il acceptait de prendre le rôle de roi, ce n'était ni par devoir, ni par conviction : il ne le ferait que pour elle. Et cela, la princesse ne pouvait l'accepter. Jamais il ne pourrait s'épanouir dans un rôle qu'il n'aurait pas choisi. Être monarque constituait un énième fardeau pour lui. Quand allait-elle enfin écouter le cœur de son futur fiancé ?
- Puis-je seulement abandonner l'héritage de tous mes prédécesseurs ? murmura-t-elle, rongée par l'indécision et ses sentiments.
Toutes les Zelda qui l'avaient précédée... Elle délaisserait ce qu'elles avaient construit, ce pour quoi elles s'étaient battues. Cependant, la princesse n'avait pas choisi de naître au sein d'une famille royale. Tout lui avait été imposé dès sa naissance, et ce jusqu'à son décès. En fin de compte, sa condition représentait les dernières chaînes qui l'aliénaient et l'empêchaient d'être pleinement elle-même. Les rares moments où elle avait senti sa vie lui appartenir entièrement s'étaient déroulés en dehors du château, presque à chaque fois aux côtés Link. Néanmoins, une chose effrayait la princesse plus que tout : la réaction du peuple s'il apprenait qu'elle abdiquait. Et s'il se sentait trahi, abandonné ? Ou au contraire, il pourrait fêter la fin d'une monarchie trop longue. Zelda émit un faible soupir. Il lui tardait que Link revienne pour se sentir en sécurité et être rassurée par sa présence.
Quelques heures plus tard, la princesse traversait un long couloir en direction de la salle du trône, là où la table des cinq dirigeants avait été installée. Cependant ce jour-là, le froncement des sourcils de Zelda témoignaient de son inquiétude vis-à-vis de l'absence de Link. Il aurait dû revenir la veille... Peut-être que ses recherches prenaient plus de temps que prévu ? Elle l'espérait. Du moins, elle espérait que ce soit pour cette raison et non parce qu'il aurait été attaqué.
VOUS LISEZ
Les ruines des tourments
FanfictionHyrule est libérée de l'emprise de Ganon, le Fléau. Link et Zelda se retrouvent enfin après cent ans de séparation et doivent à présent veiller à la reconstruction du royaume afin de lui redonner sa beauté et sa puissance d'antan. Malgré la récipro...