Chapitre 5

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Ayo était allongée sur le dos, incapable pour le moment de bouger un seul muscle. Elle appréciait cette sensation de détente et de langueur. La tête de Bucky reposait sur sa poitrine et se soulevait délicatement au rythme de sa respiration. Il écoutait l'air entrer et sortir de ses poumons, les battements de son coeur, la vie couler dans ses veines. Du bout des doigts, elle dessinait des arabesques dans son dos, profitant de son grain de peau parfait.

- J'ai une question, souffla-t-il.

Ayo le sentit tendu.

- Tu penses que la réponse risque d'être indiscrète ?

- Oui.

- Crois tu vraiment que je puisse encore avoir la moindre indiscrétion face à toi après... Ça ? rit la jeune femme.

- Non, répondit-il dans un sourire. Puis plus sérieusement, il se redressa dans le lit et ajouta : tu as été exclue de ce monde toute ta vie, pourquoi aujourd'hui vouloir tout risquer pour lui ?

Ayo se rassit elle aussi et tira le drap sur elle en un geste pudique qui ralluma instantanément l'étincelle du désir dans les yeux de Bucky.

- Tu sais qui je suis Bucky, même si je sais que tu te questionnes sur certaines zones d'ombre de mon passé... Tu sais ce que la vie a fait de moi, mon rôle dans ce pays et la responsabilité qui pèse sur mes épaules. Tu sais ce à quoi les anciens m'ont préparée...

Les anciens. Quand elle était revenue de la terre rouge, après qu'il l'ait cru morte dans ses bras, elle avait finit par lui expliquer le processus qu'elle traversait à chaque enfouissement : l'arrivée dans l'entre deux, l'accueil des anciens, leurs enseignements, leur entraînement. Et puis, la confrontation avec son passé, la douleur à revivre, les épreuves à retraverser avant de pouvoir revenir...

- Mais plus que tout, reprit-elle, plus que cette menace planétaire, si je veux tout risquer c'est parce qu'aujourd'hui ce monde m'a donné quelque chose que je crains de perdre...

L'étincelle dans les yeux de Bucky se mua en flamme, le désir en affection. Elle posa sa main sur sa joue, caressant sa barbe naissante.

- Ton sourire m'est précieux, James...

Leurs lèvres se rencontrèrent encore. La flamme devint brasier et l'affection amour.

- Je pourrais rester là toute la journée, dit Ayo alors que Bucky s'emparait à nouveau de son cou.

- Mais tu dois partir...

- Mais je dois partir...

Il l'embrassa encore une fois et se détacha d'elle. Il posa ses yeux bleus brillants de milles émotions dans les siens et murmura :

- Je crois que je pourrais rester là plus longtemps encore. Bien plus longtemps...

Les yeux d'Ayo s'embrassèrent, reflétant les mêmes sentiments que dans la profondeur des iris bleus de Bucky. Un lien unique, puissant, indestructible.

A regret, leurs corps se détachèrent. Une douche rapide et ils s'habillèrent. A partir de leur anciens vêtements, Ayo leur créa deux tenues de combat en vibranium. Les minuscules plaquettes noires pivotèrent sur leur peau, sublimant leurs formes.

- J'aimerais te confier quelque chose, dit Ayo alors que Bucky finissait de se préparer.

Elle lui tendit un petit flacon au liquide bleu, semblable à celui que T'Challa lui avait injecté apres l'orage de Ravaka.

- C'est... Mon assurance vie. La toute dernière dose, Shuri n'a pas réussi à en synthétiser d'autre. S'il devait m'arriver quoique ce soit...

Bucky observa le flacon et l'interrogea du regard.

- Si tu ne peux venir me sauver, si tu n'es plus de ce monde, alors je ne veux plus rien avoir à y faire.

Elle fusionna le flacon dans son épaule en vibranium, à l'endroit même où se tenait jadis l'étoile rouge qui avait fait de lui un monstre. Aujourd'hui elle faisait de lui son sauveur. Il eut alors suffisamment de courage pour faire ce qu'il avait envisagé depuis quelque temps déjà. Il retira la chaîne au bout de laquelle pendait ses plaques militaires et la passa autour du cou d'Ayo. Il glissa ses doigts sur les bouts de métal avec nostalgie.

- Ce n'est pas du vibranium, dit-il, cela ne te sauvera pas durant les combats, ni ne te donnera plus de puissance, mais c'est... Tout ce qui reste du moi d'avant, la seule chose qui me relie encore au James Barnes des années 40. S'il m'arrivait de replonger, je sais que tu me retrouveras.

Ayo soupesa les plaques.

- Tu ne replongeras pas. Et tu te trompes, rien ne pourrait plus me protéger qu'un bout de ton âme...

Monsters Searching For Redemption [2] - La Gardienne du WakandaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant