It seems that I am a legend 2 - Enfance interdite

Chapitre #14 "Bain de minuit."

Je trébuchais sur du branchage et m'écrasait pitoyablement sur le sol.
En pleine fôret, j'étais là, par terre.
Ma joue contre le feuillage humide, les deux mains à côté de la tête, le genoux écorchés, je ne me relevais pas. Je n'en avais pas envie. J'aurais aimé me laisser mourire là.
Je ne respirais presque pas, je voulais que mon coeur s'arête.
Je n'y arrivais pas. Je repensais à ma promesse que j'avais faite à ma mère.
Ma mère.
Miranda Howard.
Puis là, je me mis à pleurer.
À pleurer comme jamais, toutes les larmes de mon corps.
J'avais tout perdu. Ma maison, mes amis, mes parents, Percy...
Tout. Et même bientôt ma vie.
Je repensais au visage paisible de ma mère, la tête posée sur de la roche, comme sur un oreiller. Comme si j'étais vraiment sa fille, comme si nous étions vraiment une famille, comme si tout était normale.
À ses yeux vide, sans vie que j'avais refermé. Elle avait l'air de dormir. Je passa l'image de son corps mutilé et l'imagina dans son lit avec moi, petite. Quand je faisait des cauchemars, j'allais dormir avec elle. Elle me caressait les cheveux et je me rendormais en souriant. Mes larmes affluèrent et je fus secouée par d'incontrôlables sanglots.
Je me releva enfin, les jambes tremblantes mais retomba aussitôt à genoux. Je sècha mes larmes d'un coup sec du plat de la main et soupira bruyamment. Je me releva en me tenant le bassin. Je devais m'être cogné brutalement lors de l'attaque de la bête. Je grimaça de douleur et me traina péniblement dans la forêt.
Je ne pouvais m'empêcher de sangloter en trajet. Mon épaule me faisait mal, mon bassin de même. Mais la pire des douleurs se trouvait au fond de mon coeur. J'avais l'impression qu'on me l'avait arraché, pressé, et écraser plusieurs fois.
J'étais faible. Très faible.
Il faisait à présent noir et je ne voyais rien, la vue brouillée par les larmes. Je n'en pouvais plus.
Je vis au loin la lune refléter sur de l'eau. Un lac.
Je me laissa tomber sur le gravier de la rive et rempa jusqu'à l'eau pour la toucher du bout de mes doigts écorchés.
Je me releva et retira mon t-shirt et mon pantalon, les jettant sur le bord de l'eau et me plongea dans celle-ci.
Elle était froide mais je m'en fichais complètement.
Je me laissa couler au fond, profitant de chaques mouvement de l'eau contre ma peau et remonta à la surface. Je me laissa flotter sur le dos en regardant la lune. Lorsque j'y était exposée, je me sentais plus forte et plus sure de moi.
Je ferma les yeux et me laissa emporter lentement par le courant. Je sentais mes blessures me picoter.
Je nagea vers la rive après un temps de pause et enfila un legging noir et mon sweat gris pour aller me coucher. Je déploya mon sac de couchage et me glissa à l'intérieur. Je serais là demain. Ça devait se terminer.
En fermant les yeux, je me revis en classe, vers la fin de l'année scolaire, en cours de géographie.
La porte de bois s'était lentement ouverte en grinçant et le principale apparût en souriant.
Il prononça ses mots, dont je ne me souvenais plus en faisant des gestes avec ses mains. Un jeune garçon arriva derrière lui, ses cheveux foncés, ses yeux verts.
Son sourire.
Il m'avait regardé, je l'avais regardé.
J'étais sous le charme de ce garçon.
Il était devenu mon ami. Puis je revis ce jours lors de la bataille ou je l'avais regardé avant de me lancé vers un géant, et pour le faire taire avait déposé mes lèvres sur les siennes.
Et ensuite à l'hôtel, quand je me suis réveillée. Il était sur le balcon, attendant désespérément mon réveil. Il avait remis une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je vis ses lèvres se mouver dans une parole, ses yeux briller dans un regard et le soleil se coucher dèrrière lui.
Puis le gout sucré de ses lèvres sur les miennes, les papillons qui dansaient dans mon ventre et le feu d'artifice dans ma
tête.
Et j'avais tout gâcher. Ce petit bonheur que je vivais avec ce garçon, je l'avais perdu comme une feuille emportée par le vent.
Envolé.