Elle fit remonter sa main dans le cou de son traitre de petit frère. Elle n'avait aucun scrupule à l'utiliser puisqu'il en avait fait de même. Elle se hissa sur la pointe des pieds et pressa ses lèvres contre les siennes. C'était un baiser qui n'en était pas un. Un simple contact physique. Ses yeux étaient toujours hermétiquement clos tandis que ses autres sens, et plus précisément l'ouïe, l'informaient que la porte était ouverte.
Héra avait souvent douté de l'amour de Zeus. Qui aurait pu le lui reprocher. Elle s'était assurée que plus personne jamais n'en parle autrefois mais elle n'était pas la première épouse du roi de l'Olympe. Elle n'était que la quatrième. Elle avait pensé qu'elle serait la dernière. Elle avait pensé que son sort serait différent de celles qui l'avaient précédé. Rhéa lui avait dit que son orgueil la conduirait à sa perte. Elle n'avait pas eu tort.
Comme elle regrettait s'être moquée de Métis. Le roi des dieux s'était servi d'elle pour sauver ses frères et sœurs avant de la dévorer alors qu'elle portait leur enfant, la si sage Athéna. Sans scrupules, il avait assis son pouvoir sur les dieux grâce à Thémis pour mieux la tromper avec Mnémosyne. La pauvre malheureuse avait abandonné son trône sans demander son reste, humiliée et jasée par les dieux. Les neuf muses nées de cet adultère avaient même composé un hymne pour son départ. Héra s'était amusée de cela, ne se doutant pas que son propre sort serait tout aussi funeste, si ce n'est plus. Personne n'avait pris le temps de retenir le nom de la troisième épouse : la belle Eurynome. Zeus s'était bien vite détourné de la belle océanide, lui préférant les bras de sa sœur Demeter avec qui il avait conçu la douce Perséphone.
Il ne s'était bien sûr pas arrêté là. Comme elle aurait voulu qu'il le fasse. Son destin aurait été si différent. Elle avait pourtant résisté à ses avances. Elle se croyait plus maligne. Encore ce fichu orgueil. Métis était la personnification de la sagesse et de la prudence. Cela ne l'avait pas protégé de son époux. Héra aurait dû se douter qu'elle ne ferait pas plus le poids que ces prédécesseuses.
Inlassablement, il avait demandé sa main. Nuit et jour, il n'avait de cesse de la poursuivre de ses élans, sans succès. Il avait alors fait ce pour quoi il était le plus doué. Il avait comploté, rusé, menti. Pour briser sa carapace d'indifférence et de froideur, il avait adopté la forme d'un oiseau minuscule blessé à l'aile après avoir traversé une tempête, atterrissant sur les genoux de la déesse qui se prélassait dans les jardins de son palais. Elle n'avait jamais été connue pour son grand cœur. Peut-être aurait-elle dû être plus fidèle aux portraits dépeint d'elle. Si l'occasion se présentait de nouveau, nul doute qu'elle briserait le cou du moineau sans aucun état d'âme plutôt que de le couver d'amour et de soin pendant des semaines. Plutôt que de partager avec lui ses peurs, ses joies...
Elle s'endormait en chuchotant au petit animal que Zeus était un imbécile. Qu'il lui avait encore offert des roses rouges alors que ses fleurs favorites étaient celles qui poussaient encore. Le lendemain, il avait fait fleurir pour elle mille rosiers. Elle lui confiait raffoler des fraises et le jour suivant, par magie, le dieu lui avait organisé un buffet composé uniquement de cet aliment. Petit à petit, son cœur de glace avait fondu. Il s'était mis à battre plus rapidement chaque fois qu'elle pensait à lui. Et lorsqu'elle s'était finalement risquée à murmurer son amour secret à son compagnon ailé, celui-ci s'était transformé. Elle aurait dû se sentir trahi mais elle n'avait pu penser à rien lorsqu'il l'avait embrassé. La seule chose qui raisonnait dans son esprit était la voix du dieu qui lui promettait le monde. Elle avait répondu comme une idiote qu'elle ne voulait que son cœur.
Son bonheur avait été sans pareil. Leur cérémonie de mariage avait duré des mois. Elle s'était crue spéciale. Après tout il n'avait pas fait tout cela pour les autres. Même Gaïa s'était déplacée pour elle, lui offrant un arbre produisant des pommes d'or. Leur lune de miel avait été encore plus fastueuse. Les mortels étaient même allés jusqu'à conter que leur nuit de noces avait duré trois cents ans. Ils n'étaient pas si loin du compte. Elle aurait probablement duré plus longtemps encore si Arès n'était pas né.
Elle avait été si heureuse. Et lui si peu. Héra n'avait compris que trop tard que le roi des dieux pensait que son fils était l'enfant de la prophétie de Métis. Celui destiné à le détrôner. Il avait été rassuré de voir que le sang de leur fils était aussi rouge que celui des mortels. Quant à elle, elle avait été terrifiée que ce dernier soit vulnérable. Hebe était née, les rapprochant de nouveau. Encore une fois, Zeus avait été conforté par l'incapacité de la petite fille à devenir adulte. Elle n'était pas une menace pour lui. Il décida néanmoins de ne plus prendre de risque. Elle avait compris pourquoi Demeter avait caché Perséphone à leur frère. Les enfants issus de l'union des enfants de Cronos et Rhéa étaient trop puissants. Capable d'usurper son précieux trône.
Il s'était mis à la tromper.
Elle s'était mise à se venger.
Il lui avait menti avec plus de vigueur encore.
Elle n'avait plus jamais eu confiance en lui.Aveuglée par la colère et la tristesse, à défaut de pouvoir s'en prendre à lui, elle avait concentré sa rage sur ces maîtresses. Même celles qui avaient été comme elle piégés par le dieu. Elle était allée jusqu'à s'attaquer aux enfants. Un palmarès peu glorieux pour la déesse du mariage, de la famille, de la maternité.
Elle avait essayé de lutter contre le destin. Elle avait tenté d'échapper au dieu. Sans succès. Elle refusait de baisser les bras. Elle refusait de gâcher cette seconde chance. Elle ne le laisserait pas ruiner cette seconde vie. Elle ne le laisserait pas la briser comme la première fois. Elle ne pouvait qu'espérer que la voir avec Poséidon le dissuaderait de la courtiser. Non pas que le dieu ait déjà été arrêté par l'existence d'amants ou d'époux. Il arrivait même que cela attise d'autant plus son désir pour l'objet de ses convoitises mais il n'avait jamais porté la main sur Amphitrite. Elle osait donc espérer qu'il éprouvait suffisamment de respect pour Poséidon pour ne pas s'y risquer.
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À bientôt pour un nouveau chapitre !
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Oh My Goddess!
ParanormalSi vous aviez une chance de tout reprendre à zéro, qu'est ce que vous changeriez ? C'est un choix que se voit offrir Hera, la reine des dieux. Peut-on échapper à son destin ? Et surtout à quel prix ?