Héra passa un doigt dessinant la cicatrice qui aurait dû se trouver là. C'était absurde. Athéna était-elle née différemment cette fois ? Peut-être un peu plus à gauche ? Ou à droite ? Elle ne se rendit compte de l'absurdité de son comportement qu'en croisant le regard du dieu qui la fixait, interloqué. Elle avait cessé de se débattre, de protester. Pire elle semblait caresser ses cheveux...
- Je... commença-t-elle, cherchant une excuse, une explication... n'importe quoi pouvant justifier son comportement des plus étranges.
- C'est l'heure de dîner, la coupa-t-il. Tu as faim ?
- Non, répondit-elle, son ventre la contredisant en gargouillant.
- Menteuse, pouffa-t-il.
- Lâche-moi.
- Une seconde. Accroches-toi, ajouta-t-il en décollant d'une simple poussée, atterrissant sur le balcon d'où elle s'était échappée.
Elle s'agrippa malgré elle, entourant le cou du roi des dieux de ses bras et fermant les yeux, ne les ouvrant qu'une fois à l'intérieur de ses appartements. Il la déposa délicatement au sol, devant ses sandales dorées. Voulait-il qu'elle les enfile avant de la tuer ? Elle n'esquissa pas le moindre geste.
- Tu as parlé à Dionysos... récemment ? demanda-t-elle.
- Non, pourquoi je devrais ? s'enquit-il amusé.
Elle haussa les épaules, feignant à merveille l'indifférence, enfilant les sandales sans un mot de plus. Elle ne comptait pas le lâcher d'une semelle. Si le dieu du vin tentait un rapprochement, elle le tuerait sans hésiter. Sa punition serait légère puisqu'il n'était pas officiellement l'enfant de Zeus.
- Allons manger.
- Je croyais que tu n'avais pas faim.
- Je croyais que j'étais une menteuse, rétorqua-t-elle cinglante.
- Tu es impossible, soupira-t-il sans se dépêtre de son sourire.
Elle détourna le regard, ne supportant pas de le voir aussi heureux. Elle le suivit sans un mot jusqu'à la salle où était dressée la table pour deux. Superbe. Un dîner en tête à tête... Elle ne se souvenait plus de la dernière fois qu'ils avaient mangé ensemble sans personne d'autre. Elle avait en horreur cette table autour de laquelle s'était installé peu à peu chacun ses enfants illégitimes. Tant et si bien qu'elle avait fini par ne plus venir...
Un serviteur tira la chaise pour elle et elle le remercia d'un sourire. Le buffet était somptueux bien qu'elle n'ait besoin d'aucun des aliments sur la table en cet instant si ce n'est l'ambroisie. Elle attrapa la coupe d'or qui contenait le nectar des dieux et la porta à ses lèvres avant de s'arrêter. Rien ne lui disait que son verre n'était pas empoisonné... Tout comme le reste des plats disposés devant elle. Elle ne pouvait pas en mourir bien sûr mais la souffrance était bien réelle et parfois même insupportable en fonction du poison utilisé. Elle reposa le nectar sans y toucher. La déesse avait pu boire sans s'inquiéter du temps où Hébé était responsable de l'ambroisie.
Sa jolie princesse n'existait pas dans cette réalité. Elle posa un coude sur la table et appuya son visage contre sa paume, son regard s'attardant sur le ciel étoilé. Elle ne remarqua pas que Zeus s'était levé jusqu'à ce qu'il se saisisse de la coupe et y trempe ses lèvres avant de lui tendre.
- L'économie d'Olympe ne doit pas être florissante si le roi doit remplir le rôle de gouteur.
- Je me suis dit que tu ne ferais confiance à personne d'autre.
Elle ne put s'empêcher de lâcher un rire incrédule sans faire mine de prendre la coupe qu'il lui tendait encore.
- J'irais me servir toute seule à la source. J'ai entendu dire que c'était ouvert au public et même aux mortels.
- Tu parles encore de Dionysos, fit-il remarquer.
- Et de sa mère, précisa Héra en fixant le dieu cette fois, jaugeant de sa réaction. On dit que c'est une véritable beauté.
- Je ne l'ai jamais vue.
Elle était passée maître dans l'art de déceler les mensonges du roi des dieux et en cet instant, aucun doute n'était permis, il mentait.
- On la dit digne d'un roi...
- J'ai quelqu'un d'autre en tête, la coupa-t-il, montrant pour la première fois de l'agacement.
- Vraiment ? Qui donc ? demanda-t-elle, ressentant un plaisir certain d'être parvenue à le contrarier ainsi.
- Si ce n'est pas une évidence, c'est que je ne suis pas assez entreprenant.
- Ou qu'elle n'est pas intéressée. Mais ça serait plutôt étonnant. Qui refuserait d'être la reine des dieux ? ironisa-t-elle. Je suis certaine qu'elle accepterait même Séléné si tu décidais de la prendre pour maîtresse.
- J'en doute la connaissant, répliqua-t-il.
- Qui oserait interdire quoi que ce soit au roi des dieux. Tant que tu ne mens pas en lui jurant fidélité. Après tout, le monde t'appartient et l'éternité dure un sacré moment... Personne ne peut décemment s'attendre à ce que tu ne batifoles pas.
- Ça suffit Héra, lui ordonna-t-il sèchement.
- Je m'excuse si mes paroles vous ont contrarié votre majesté, j'ai oublié ma place, répondit-elle tout aussi sèchement en se levant.
L'expression de Zeus changea du tout au tout. Il n'y avait plus aucune trace de colère sur son visage, seulement de la tristesse.
- Je ne voulais pas crier. Tu n'as rien mangé...
- Quelqu'un m'a coupé l'appétit.
- Je suis désolé, c'est pas ce que je voulais.
Comme toujours ses désirs devaient passer avant. Qu'est-ce qu'il attendait d'elle ? Qu'elle joue la comédie de la parfaite famille unie et heureuse ? Qu'elle accepte sans poser de questions son hospitalité, ses cadeaux ? Qu'elle fasse comme s'il n'allait jamais demander quoi que ce soit en contrepartie ?
- Et ce que je veux moi doit passer en second plan ?
- Non bien sûr que non ! Je ferais ce que tu veux...
- Je veux retourner dans ma chambre.
- Pas avant que tu n'aies bu l'ambroisie. Si on veut que ça fonctionne, tu dois me faire confiance.
- La confiance se mérite et pour le moment tu es plutôt très mal partie.
Elle s'éloigna sans un regard en arrière, le cœur tambourinant d'avoir tenu tête au roi des dieux. Elle venait de remporter une petite bataille certes mais c'était une victoire malgré tout.
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À bientôt pour un nouveau chapitre !
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Oh My Goddess!
ParanormalSi vous aviez une chance de tout reprendre à zéro, qu'est ce que vous changeriez ? C'est un choix que se voit offrir Hera, la reine des dieux. Peut-on échapper à son destin ? Et surtout à quel prix ?