Oh My Goddess!

Chapitre 4

Elle s'arrêta. Non pas parce que Janus s'époumonait à l'appeler mais parce qu'elle s'était rendue compte qu'en tentant de fuir le jeune mortel, elle s'était aventurée sur le territoire d'un être potentiellement bien plus menaçant pour elle. Si elle s'était contentée de rester aux abords de la côte, nul doute qu'elle serait passée inaperçue. Mais à cette distance de la terre ferme, aucun doute n'était permis. Elle avait officiellement mis les pieds dans le domaine de...

- Ma très chère sœur, susurra une voix qu'elle ne reconnut que trop bien.

- Poseidon, répondit-elle d'une voix aussi neutre que possible, ne voulant pas alerter son interlocuteur sur l'état de panique dans laquelle son apparition l'avait plongé.

Le jeune dieu affichait un sourire éclatant. Il avait comme toujours bonne mine avec ses yeux rieurs, son air malicieux et sa peau tannée. Un trident à la main, les vagues semblaient émaner de sa personne, explosant en écume blanche et brillante. Il passa une main dans ses cheveux Elle tenta de se raisonner. Elle n'avait rien à craindre. Ce n'était qu'une rencontre fortuite. Elle avait juste besoin de lui expliquer qu'elle était simplement venue se baigner. Que ce n'était pas une déclaration de guerre. Elle le vit lever les yeux vers le ciel et tressailli à l'idée qu'il n'appelle le roi des dieux à la rescousse pour trancher ce litige.

- Merci de m'avoir permise de me baigner, je vais y aller maintenant, dit-elle avec bien plus d'assurance qu'elle n'en possédait.

- Si vite ? s'étonna-t-il. Je ne peux pas te laisser partir comme ça.

- Pourquoi pas ? s'enquit-elle en penchant la tête jouant les idiotes.

- Tu as juste à repartir vaquer à tes tâches pendant que je regagne le rivage.

- Impossible. Il en va de ma réputation d'hôte. Je dois t'accueillir comme il se doit.

- Ça ne sera pas nécessaire.

- J'insiste.

- Je ne suis pas seule.

- Il est également le bienvenu même si je ne pas certain qu'il survive à la pression à une telle profondeur. À supposer qu'il sache respirer sous l'eau.

Il tendit la main comme pour se saisir de Janus et elle s'interposa. Nul besoin de mêler le mortel aux affaires des dieux.

- Laisse-le en dehors de ça ! Et pour ta gouverne, je ne suis pas certaine de survivre non plus.

- Je m'attendais à quelqu'un d'exceptionnel. Je suis déçu, admit-il.

Hera ne pouvait nier que le désavantage la contrariait. Elle ne pouvait nier qu'elle avait aimé être au sommet. Poseidon ne se serait jamais permis de lui parler ainsi autrefois. Elle se raisonna en se disant la hauteur était synonyme de chute et que la sienne avait été trop douloureuse pour être regrettée. Il fallait qu'elle se concentre. L'impétueux dieu de la mer avait un caractère changeant mais plutôt arrangeant. Dans un premier temps, il fallait qu'elle gagne du temps pour se laisser le temps d'adopter l'attitude la plus appropriée à la situation.

- Quelqu'un d'exceptionnel ? s'enquit-elle vraiment intriguée pour le coup, après tout, on ne pouvait pas vraiment dire qu'ils avaient pu faire connaissance à l'intérieur de Kronos.

- Pourquoi est-ce que Zeus te chercherait aussi activement si ce n'était pas le cas ?

- Il me cherche ? s'étrangla-t-elle oubliant de dissimuler ses émotions.

Qu'est-ce qu'il lui voulait ? S'était-il offusqué qu'elle soit partie sans le remercier ? Dans cette vie, d'après Janus, le roi des dieux s'était allié avec les géants dès le début pour réduire les Titans à néant et il n'avait libéré ses frères et sœurs qu'une fois la guerre terminée, l'assassinat de leur père marquant la fin d'années de conflit.

- Zeus est très famille. Il m'a offert un royaume colossal sans rien me demander en échange. Juste parce que nous étions frères. Je me demande quelle récompense il me réserverait si je lui annonçais que j'avais mis la main sur toi.

- Je t'en prie, bluffa-t-elle. J'en profiterais pour lui dire que moi aussi je veux ma part. Les cieux ne m'intéressent pas. La terre et les Enfers non plus. Peut-être les océans. Je te laisserais les mers.

Le dieu sembla hésiter, pas complètement convaincu par sa petite plaidoirie. Il ne voulait pas non plus prendre le risque de perdre une partie de son territoire. Hera le vit peser le pour et le contre. Elle devait faire pencher la balance en sa faveur à tout prix. Elle ne savait pas ce que le roi des dieux lui voulait et elle ne voulait pas le savoir. Il n'avait jamais essayé de chercher Hestia lorsqu'elle était partie par le passé. En quoi était-elle différente ?

- Si tu ne dis rien à notre frère... et que tu me laisses partir, tu n'auras pas à t'inquiéter.

- Je peux aussi te tuer.

- Essayes et tu découvriras pourquoi je suis exceptionnelle, le menaça-t-elle.

Encore une fois, elle vit le doute s'insinuer dans le bleu sombre des yeux du jeune dieu. C'était tout ce dont elle avait besoin. Elle afficha un sourire triomphant lorsqu'il la congédia d'un signe de tête. La déesse ne se fit pas prier, nageant aussi vite que le lui permettait sa condition physique, ne s'arrêtant qu'une fois les pieds de nouveau sur la terre ferme. Elle enfila avec empressement sa toge qui se plaqua contre son corps, le tissu devenant transparent au contact de sa peau mouillée. Janus l'accueilli, son visage tordu en une expression qu'elle ne parvint pas à déchiffrer.

- Qui es-tu ? lui demanda-t-il en desserrant à peine les dents.

- Rahé, répondit-elle avec assurance puisqu'il ne s'agissait pas d'un mensonge.

- Quel est ton lien avec le souverain des mers et des océans ? insista-t-il.

- Je n'en ai pas.

- Pourquoi est-ce qu'il t'a laissé partir ?

- Parce que je lui ai demandé.

- Tu allais m'abandonner.

Le reproche était évident. Elle ne répondit pas. Sa phrase était une affirmation, pas une question. Elle ne voyait pas l'intérêt de lui mentir en le contredisant, ni celle de confirmer cette accusation. Ce n'est pas comme si elle lui avait promis quoi que ce soit. Elle était libre de partir si cela lui chantait.

- Est-ce que tu comptes le faire de nouveau ?

- Pas tout de suite.

- Pourquoi ?

- Parce que ce n'est pas dans mon intérêt.

Elle le planta là, reprenant sa route vers la forêt, le mortel la suivant comme toujours. Il fallait qu'elle reste là où il ne penserait jamais à la chercher. Se mêler aux mortels était le meilleur moyen de rester cacher. Elle s'arrêta brusquement et se tourna vers le jeune homme.

- Emmène-moi chez toi.

- Quoi ? s'étrangla-t-il.

Elle n'attendit pas sa réponse, se remettant en marche d'un pas assuré, bien décidé à mettre autant de distance entre elle et Poseidon. Ce n'est qu'en apercevant la cité de Lygia en contrebas qu'elle se rendit compte que sous la surprise elle avait lâché son peigne dans l'eau. Elle en fut contrariée mais se rassura en se disant que la soeur si talentueuse de Janus lui en confectionnerait un nouveau.

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À bientôt pour un nouveau chapitre !