La biche bondissait à une vitesse vertigineuse. Elle slalomait gracieusement entre les arbres de la forêt millénaire. La nature semblait être un témoin impassible de sa détresse. Loin de gambader sans but, l'animal fuyait. La peur hantait ses yeux. Dans ses iris mordorées teintées de saphir et d'émeraude, nulle trace d'espoir. Elle se savait condamnée. Une flèche d'or siffla entre ses oreilles et se ficha dans un tronc. La pauvre bête dévala une falaise abrupte. L'une de ses pattes se brisant. Son corps s'écrasa lourdement dans la clairière en contrebas, les feuilles automnales amortissant tant bien que mal la chute de la créature. Les rayons de la Lune glissèrent avec indifférence sur le corps inconscient.
Une femme gisait là où, un instant plus tôt, haletait une biche. Sa toge qui avait dû être d'un blanc immaculé n'était plus qu'une toile de pourpre bien différent du roux vibrant de sa chevelure de feu. Ses paupières closes ne le restèrent pas longtemps. Elle se redressa brusquement, trop brusquement, ce qui lui arracha un cri de douleur qu'elle étouffa en se mordant l'avant-bras. Elle tenta de se relever mais ses jambes refusaient de la porter et pour cause... Seule une vision d'horreur accueilli son regard lorsqu'elle posa celui-ci sur l'os à vif qui avait transpercé sa chair. Les larmes coulèrent à flot, laissant des trainées sur sa peau couverte de terre. Seuls ses yeux trahissaient encore l'existence de la beauté autrefois mythique qui, apeurée et acculée, vivait ses derniers instants.
Une femme munie d'un arc fit son entrée à son tour dans la clairière. La lune semblait la caresser de ses rayons, à la manière d'un amant. Sa chevelure argent concurrençait l'astre qui offrait à la chasseresse sa proie. Elle attrapa dans son carquois une seconde flèche d'or, l'encocha et banda son arc. Il n'y avait aucune hésitation. Son geste fut précis, pour une mise à mort sans douleur. Le sang s'écoula de la poitrine de la belle rousse, qui leva les yeux vers le ciel, une centaine d'éclairs striant le ciel et offrant à la déesse une ultime vision de l'Olympe avant que les ténèbres ne l'enveloppent.
La reine des dieux n'avait jamais eu à réfléchir à la fin de son histoire. L'immortalité était un privilège qu'elle n'avait pas cru perdre un jour. Pourtant cette existence supposément éternelle arrivait à son terme. L'infini lui échappait. Les trois sœurs fileuses imperturbables, implacables, défaisaient leur œuvre, remontaient le temps.
La biche gravit à reculons la montagne. De nouveau, elle se retrouva dans cette cellule, recroquevillée à même le sol. Elle se voyait ensuite dévorer un pignon de pain noir. Agripper de ses mains les barreaux. Hurler à plein poumons aux gardes de la libérer. À genoux dans la salle du trône, crier qu'elle était la reine alors qu'une autre prenait sa place...
Les souvenirs défilaient, leur intensité diminuant jusqu'à devenir moindre, comme si sa vue s'était troublée. Elle était soudain seule dans ce lit bien trop grand, dans ces appartements luxueux mais désolés. Elle ressentait tellement de colère, tellement de tristesse, tellement de regrets. Ses mains étaient teintées du sang de celles qui lui avaient volé ce qui ne lui avait jamais vraiment appartenu. Elle se souvenait de la dernière fois qu'elle avait été trahie. De toutes les fois qui l'avaient précédée. Et de la première fois qu'elle avait cru être la dernière. Elle se retrouva face à ses enfants. Les images s'accéléraient. Son couronnement. Son mariage. Les fêtes. La douce chaleur d'un bonheur révolu. La première fois qu'elle était tombée amoureuse. La première fois qu'elle l'avait rencontré.
Elle flottait dans cet espace dénué de lumière qu'elle avait cru ne jamais revoir. Qu'elle avait espéré ne jamais revoir. Elle pouvait entendre les sanglots d'Hestia sur sa gauche ainsi que les murmures de Demeter qui tentait tant bien que mal de la calmer. Poseidon était bien silencieux après s'être épuisé à rouer de coups le vide. Hadès continuait de tâtonner à la recherche d'une sortie. Sans succès.
Elle trouvait le dieu des Enfers bien cruel. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à l'Elysée mais il ne connaissait que trop bien l'effroi suscité par ces centaines d'années prisonniers de leur père. Le dévoreur d'enfants, le Roi des Titans, Kronos. Est-ce qu'il avait ordonné cette punition ? Son âme était-elle condamnée à revivre ce cauchemar. Une voix lui souffla que cette fois-ci il ne viendrait pas la délivrer.
Et alors qu'elle s'apprêtait à accepter son sort, les ténèbres qui l'avaient enveloppée, éclatèrent de lumière et une main la tira des entrailles de son géniteur. Sa main.
- Hera.
Sa voix.
- Zeus ?
***
Bonjour à toutes et à tous,
Je vous fais pas souvent d'annonce mais pour info, la couverture de cette histoire a été réalisé par une illustratrice de talent et les planches pour les personnages ci dessous également !
L'idée serait de faire un webtoon et ça serait super si vous pouviez donner un petit coup de pouce dans la limite de vos moyens bien évidement ! Même 1 euro ça serait super ! N'hésitez pas à aller la suivre sur son Instagram et à jeter un œil à ses créations sur son site internet pour lui donner un peu de visibilité, elle le mérite très très fort !
Tous les liens sont dans ma bio comme je ne peux pas les mettre dans un chapitre.
Merci d'avance et à bientôt pour un nouveau chapitre !
VOUS LISEZ
Oh My Goddess!
ParanormalSi vous aviez une chance de tout reprendre à zéro, qu'est ce que vous changeriez ? C'est un choix que se voit offrir Hera, la reine des dieux. Peut-on échapper à son destin ? Et surtout à quel prix ?