Chapitre 26

89 9 1
                                    

Dionysos n'avait pas menti, les archives se trouvaient bien face à l'Agora. La déesse aurait dû connaitre l'Olympe comme sa poche mais Dédale passait son temps à tout refaire. Seul le palais de Zeus était épargné. Elle se faufila à l'intérieur de la bâtisse dont le silence contrastait avec le bourdonnement sonore ininterrompu des rues transversales à celle-ci. Héra ne croisa pas âme qui vive et s'installa à l'une des tables d'ébène noire pour consulter les parchemins plongeant dans les récits à la fois familiers et étrangers de l'histoire des dieux. Rien n'avait changé pour ce qui était de la Cosmogonie qui décrivait comme à son souvenir la naissance de l'Univers et du monde. Pas plus de changements non plus du côté de l'Anthropogonie qui relatait la naissance et le destin de l'humanité. Elle ne pouvait en dire autant de la Théogonie sur les origines et les généalogies divines. Sans compter le fait que Zeus ait mené la guerre contre les titans sans sa fratrie, les « incohérences » étaient multiples, infinies même. Héra ne parvenait pas à savoir si la raison était une « censure » de l'auteur ou la réalité altérée par ses proches choix.

- Une visiteuse. C'est plutôt rare.

Athéna se tenait devant elle. La jolie rousse ne savait pas quoi dire et opta pour le silence tant que les intentions de son interlocutrice n'étaient pas claires, bien qu'elle ne déceler nulle animosité de sa part.

- Qu'est-ce qui te passionne autant ? Demanda la déesse de la sagesse en se penchant par-dessus son épaule pour lire le parchemin. Dionysos ?

- Oui... j'ai fais sa rencontre il y a quelques minutes, éluda Héra.

- Dans les jardins de Pan ?

- Oui.

- Tu es pourtant encore saine d'esprit, s'étonna-t-elle.

- Pour l'instant.

- Tu souhaites te venger ?

- Non, non, bien sûr que non. Je voulais juste en apprendre plus sur « ce qu'il est ».

- Dionysos est spécial. Contrairement à toi ou moi, il a été un simple mortel.

- Vraiment ? S'étonna Héra en baissant les yeux sur le parchemin qui confirmait en effet les dires de la jeune femme aux yeux d'un gris hypnotisant.

- Presque. Sa mère était une princesse, Séléné la fille du roi de Thèbes, Cadmos.

- Le parchemin dit qu'Harmonie est la grand-mère de Dionysos.

- Oui elle a renoncé à son immortalité. Ses parents Electre et Hyas en ont eu le cœur brisé.

Electre et Hyas. Pas Arès et Aphrodite.

- Mais leur petite fille est devenue une immortelle grâce à Dionysos.

- Comment ? S'enquit Héra qui trouvait bien plus agréable de s'entendre conter l'histoire que de devoir parcourir les lignes sibyllines du poème.

- Sémélé eut une aventure avec un esclave de son père et se retrouva enceinte. Ses propres sœurs la chassèrent du palais, pour ne pas avoir à subir le déshonneur de celle-ci. Elles l'enfermèrent dans un coffre avec l'enfant et ils dérivèrent à la merci des flots. La princesse était déjà morte lorsque les Spartiates les trouvèrent mais ils recueillirent le nourrisson.

Héra ne savait que penser du récit. C'était si différent de la vérité... sa vérité tout du moins.

- Une fois adulte, Dionysos se rendit à Lerne et guider par le berger Prosymnos, trouva une route vers les Enfers. Il arracha sa mère au royaume des Ombres et la transporta à Olympe. Ensemble ils burent le nectar des dieux rejoignant ainsi le panthéon divin.

- Alors Zeus n'est pas... le père de Dionysos ?

- Zeus est notre père à tous... répondit Athéna en fronçant les sourcils. Mais ce n'est qu'une métaphore. Notre roi n'a encore enfanté personne.

- Pas même toi ? Insista Héra essayant de déceler sans succès si la déesse mentait ou non.

Cette fois-ci la stratège déesse s'esclaffa ne pouvant de toutes évidences pas retenir son hilarité face à l'absurdité de sa question avant de chercher parmi les parchemins le sien et de lui tendre.

- Mon histoire est moins extraordinaire je te préviens. Ma mère est Métis la déesse de la ruse.

- Et ton père ?

- Asope, le dieu du fleuve Asope.

- Tu es sortie de son crâne en poussant un cri de guerre et en tenant dans une main une lance et dans l'autre un bouclier ?

- Tu as une imagination débordante, pouffa Athéna. Rien de tout ça. J'étais un bébé parfaitement normal. Peut-être un peu plus maligne que les autres.

Héra ne parvenait pas à comprendre pourquoi Zeus se serait autant démené pour dissimuler ses enfants alors qu'il n'avait pas de reine vengeresse et meurtrière pour menacer leur vie ou celles de leurs génitrices. Elle n'avait qu'un seul moyen de vérifier... Lorsqu'Athéna avait fendu le crâne du roi des dieux, elle avait laissé une cicatrice. Même chose pour Dionysos lorsqu'il s'était extirpé de la cuisse du souverain.

- Tu as l'air soucieuse. Dionysos n'est pas bien méchant, tu ne devrais pas trop t'inquiéter. Il a juste tendance à faire boire ses invités à outrance pour leur soutirer leur secret. Peu de personnes se souviennent avoir dit quoi que ce soit à cause de la musique hypnotisante de Pan.

La déesse retint son souffle en comprenant pourquoi Dionysos l'avait appelé « deux fois née ». Lui avait-elle tout raconté ? Elle se leva d'un bond, abandonnant Athéna, les parchemins et les archives derrière elle, ne s'arrêtant qu'une fois devant les jardins... ou tout du moins là où les jardins s'étaient tenus un peu plus tôt.

- Oh non...

Elle avait probablement avoué au fils de Zeus qu'elle était revenue à la vie et qu'elle avait l'intention d'assassiner le roi de l'Olympe. La déesse se mit à courir. Elle devait fuir avant qu'il...

- Héra.

Elle sursauta et poussa un cri, se retrouvant face à Zeus qui marchait vers elle. Il semblait en colère. Elle recula prête à décamper au premier éclair.

- Pourquoi est-ce que tu te balades pieds nus ? Regarde dans quel état tu es !

Il posa un genou à terre, attrapant sa cheville et examinant son pied, puis le second, les deux étant effectivement « en sang ». Il se releva et la souleva dans ses bras, lui arrachant un hoquet de stupeur.

- Lâche-moi, siffla-t-elle en se débattant.

- Non, gronda-t-il.

Elle attrapa ses cheveux et les tira avec force, s'arrêtant brusquement puisqu'au milieu des boucles noires du monarque ne se trouvait nulle cicatrice.

***

Si ce n'est pas encore le cas, je vous invite à aller lire le chapitre promo sur webtoon !

N'oubliez pas d'aller soutenir l'artiste sur Instagram grâce au lien sur mon profil !

À bientôt pour un nouveau chapitre !

Oh My Goddess!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant