Chapitre 28

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Héra n'était pas sortie de sa chambre trois jours d'affilés et elle aurait probablement continué sur sa lancée si Poséidon n'avait pas décidé de lui rendre une visite impromptue. Elle était allongée sur son lit, les bras en étoile tandis que des nymphes lui préparaient un bain, leur voix la berçant doucement. Soudain l'une d'elles poussa un cri, rapidement imité par les autres. La déesse se redressa, curieuse de voir qui avait perturbé son havre de paix. Elle poussa un soupir, levant les yeux au ciel à la vision du jeune dieu qui enjambait la rambarde de son balcon. Elle se rallongea, posant un bras par-dessus ses yeux.

- Laissez-nous, ordonna-t-elle, les nymphes se dispersant en une nuée de gloussement.

- Je t'ai manqué ? demanda Poséidon en grimpant sur le lit, passant au-dessus d'elle, une main de part et d'autre de sa tête.

- Non, répondit-elle sans bouger, l'ignorant en se disant qu'il finirait par partir de lui-même.

- Tu m'as manqué.

Elle bailla et s'étira délicatement à la manière d'un chat, donnant de manière totalement fortuite un coup de genou entre les jambes du dieu qui bascula sur la droite, le matelas s'affaissant. Son rire éclatant au milieu des protestations de douleur. Il resta allongé là un moment sans rien dire tandis qu'elle profitait des derniers rayons d'Hélios qui baignait de rouge rosé et orangé sa chambre.

- Je croyais que le plan était de rester aussi loin que possible de Zeus, dit-il avec ce qu'elle crut percevoir comme une pointe de reproche.

- Les choses ne se passent pas toujours comme prévu.

- Je t'avais dit de ne pas t'attacher aux mortels, leur vie est trop éphémère.

Elle ne prit pas la peine de répondre. Elle lui en voulait presque autant qu'au roi des dieux. Lygia était une ville portuaire essentiellement composée de familles de pêcheurs. Il avait sans aucun doute possible dû entendre leurs supplications lorsque la foudre les avait frappés. Il avait choisi de les ignorer. Il n'avait même pas essayé de sauver ceux qu'il savait chers à son cœur. Son affection n'était qu'une façade. Il se fichait de tout.

- Tu es en colère, constata-t-il en jouant avec l'une de ses mèches rousses. Tu ne penses pas que je devrais être celui avec cette attitude ?

- Pourquoi je devrais penser ça ?

- Au lieu de venir directement me voir après s'être libérée seule des mains de ses assaillants, mon amante a préféré rejoindre le roi des dieux.

- Le but de cette mascarade était de tenir Zeus à distance.

- Encore une fois je me permets de constater que ça ne semble plus être le cas.

- J'ai changé d'avis.

- Pas moi.

Elle soupira face à son attitude enfantine mais ne prit pas la peine de répondre quoi que ce soit, refusant de rentrer dans son petit jeu. Elle le laissa prendre sa main sans protester.

- Je suis désolé... Il ne méritait pas une fin aussi cruelle.

Elle ne se rendit compte qu'elle pleurait que lorsqu'il essuya ses larmes. Elle enfouit son visage contre son torse, pleurant silencieusement tandis qu'il la serrait contre son cœur. Poséidon était ironiquement la seule personne qui avait connu Janus. Il n'avait fait que l'apercevoir bien sûr mais c'était déjà plus que la plupart des divinités ici. C'était étrangement réconfortant de savoir que l'existence du doux garçon résidait dans la mémoire d'une autre personne qu'elle. La jeune déesse se laissa bercer.

- Tu aurais pu l'aider, lui reprocha-t-elle. Le cacher pour moi.

- J'ai essayé mais... qui que ce soit, il était plus fort que moi.

Elle lâcha un rire dépité de le voir couvrir Zeus malgré tout. Il n'y avait qu'une divinité plus forte que lui et c'était le roi des dieux. Elle le poussa essuyant les dernières traces de chagrin de son visage avant que la porte ne s'ouvre à la volée laissant apparaitre un Zeus à peine essoufflé.

- Poséidon !

Ce dernier était encore allongé à côté de la déesse décoiffée et dont la tenue avait été froissée par leur étreinte.

- Bonsoir...

- Qu'est-ce que tu fais ici ? le coupa son cadet sans plus de cérémonie.

- La rumeur disait qu'Héra était saine et sauve ici. En tant que fiancé...

- Fiancé ? Depuis quand es-tu son fiancé ?

- Tu sembles bien intéressé par ma vie sentimentale.

- Tu comprendras mon étonnement vu ceux à quoi tu m'as habitué jusque-là, répondit le roi des dieux sans cacher son mépris. Je ne pense pas t'avoir entendu te qualifier de fiancé pour Amphitrite auparavant.

- Je n'éprouvais rien pour elle.

- Est-ce que vous pourriez poursuivre cette conversation ailleurs, les interrompit Héra. Je dois prendre mon bain.

- Je peux me joindre à toi ? demanda Poséidon sans aucune pudeur ou honte.

- Bien sûr que n...

Zeus brisa la baignoire en deux, les faisant sursauter et se redresser. L'eau se répandit dans toute la chambre.

- C'est l'heure de dîner, dit-il sans se laisser déstabiliser par leurs yeux qui devaient être ronds comme des soucoupes.

- Tu as fissuré le sol, fit remarquer Poséidon en se levant comme si la zébrure en question ne serpentait pas droit vers lui, passant un bras autour du cou de son frère pour l'entrainer hors de la chambre. Héra lèves-toi, je meurs de faim !

Elle ne bougea pas immédiatement, fixant toujours les dégâts. Elle avait oublié sa violence. Son comportement des derniers jours lui revint en tête. Elle s'était montrée bien insolente alors qu'il pouvait l'occire d'un simple geste. Elle essayerait de ne pas oublier ce « détail » de taille la prochaine fois qu'il lui prendrait l'envie de se montrer désagréable avec le souverain. Elle se leva finalement, une nymphe se faufilant pour l'aider à s'habiller aussi rapidement que possible.

Lorsqu'elle rejoignit les deux dieux dans la salle à manger, Zeus et Poséidon conversaient de manière tout à fait cordiale. Elle s'installa à « sa place » et attrapa la coupe, buvant celle-ci sans protester. Lorsqu'elle leva les yeux vers le dieu du tonnerre, il la fixait. Étrangement il ne semblait pas satisfait de la voir aussi docile. Peut-être que ce n'était pas assez convaincant ? Elle baissa la tête.

- J'ai fait préparer des fraises... Poséidon m'a dit que tu en raffolais.

- Merci, dit-elle sans le regarder. Je ne mérite pas tant d'attention.

- Je n'aurais pas dû m'emporter Héra... tu n'as pas à avoir peur. Je ne te ferai jamais de mal.

- Ce n'est pas contre toi Héra, ajouta Poséidon. Je n'aurais pas dû le taquiner ainsi.

Encore des excuses. Toujours des excuses. Est-ce qu'il s'excuserait ainsi quand il l'aurait tué par erreur dans un excès de colère ? Il fallait qu'elle devienne plus puissante. Assez pour parvenir à ne pas trembler devant lui. Assez pour réduire l'écart entre eux. Assez pour réussir à se tenir à ses côtés sans trembler. Comme Poséidon en cet instant. Il mangeait avec appétit sans penser à ce qui s'était passé.

- Zeus ?

- Oui ? répondit-il immédiatement cachant difficilement sa surprise de se voir interpellé par la déesse.

- Je voudrais un domaine, dit-elle en serrant dans ses poings les pans de sa toge.

***

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