Chapitre 1 : Valentina Mahon

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Valentina Mahon

Les salutations qui attendent mon père, à son retour, ne sont pas aussi chaleureuses que je l'avais imaginé au départ, dans l'avion. Les deux hommes, avant que la femme qui est censée être mi abuela ne rejoigne l'interaction restant à l'arrière, ont échangé un regard commun oscillant entre l'inexpressif de deux étrangers et la froideur de deux hommes qui ont encore trop à se reprocher.

Nous nous sommes tenus près de la porte du salon alors que nous nous étions fais conduire jusque-là. L'homme censé être mi abuelo n'a pas cessé de gratter de son stylo le papier et lire tout un tas de feuille, alors que derrière des perles opales et brillantes aux coins de ses yeux, la mère de mon père le fixe avec amour et douleur, celle de revoir un fils de vingt ans perdu. Au-delà, la communication est inexistante depuis cinq bonnes minutes. Mais en y repensant, cette attitude ne me surprend pas.

Dès notre sortie de l'aéroport, Major, qui m'avait désormais ordonné de l'appeler Álvaro sur ces terres si ce n'était papá, n'avait pas décroché un seul mot. Un silence complet qui m'a fait me demander si la vie avec mes grands-parents allait être si bien que je l'avais pensé. Désormais, la réponse m'est donnée... Elle me l'avait été de toute manière, dès l'instant où mon propre père m'a demandé de l'appeler par ce nom que moi-même je n'ai jamais osé prononcé. Un comportement d'une étrangeté folle.

- Álvaro, l'homme en face de moi entame la conversation en disant son nom juste après avoir reposé son stylo, croisé ses mains et fixé mon père bien plus sérieusement qu'avant.

La résidence de cet homme est assez grande et très belle. Typique du genre qu'un haut fortuné prendrait, à l'image de ces grands hôtels à laquelle cette maison en plein milieu de San Juan ressemble. Il est riche, immensément riche, c'est certain. Et cet homme bien qu'apparaissant mystérieux n'a pas l'air d'être n'importe qui. Mais voilà, qui est-il ?

- Gustavo ? le ton est tendu et mal caché.

Je lance un coup d'œil à mon père qui lors de nos discussions en chemin sur le comportement que je devrais adopter ici l'avait appelé padre et non Gustavo. Il l'appelle par son nom comme je le fais avec lui, et si j'as finis par le faire par affection, comme moi il semble le faire à l'origine par distanciation volontaire. Ces hommes sont en conflits.

- Hace tiempo que no te vemos. (ça fait longtemps qu'on ne t'a pa vu)

L'homme qui vient de se lever fixe Major avec un ennui réel. Il est vraiment désagréable.

- Lo sé (je sais)

Major... Enfin, Álvaro, semble penser la même chose.

- Que haces ahí, estonces ? Alvaro, demande acerbement l'homme. (qu'est-ce que tu fais là, alors)

Alvaro ne semble pas à l'aise durant quelques instants car comme je le pensais, ce que nous allons lui demander ne va pas être « facile » ou du moins de ce que j'ai compris à son comportement. Il joint ses deux mains dans son dos et prend une stature pour éviter de paraître aussi stressé qu'il ne l'est.

- Je suis venu te demander un service.

A l'instant, où mon père a décidé de parler anglais, le regard froid de son propre père devient méprisant et sa bouche se courbe vers le bas. Ses poings se ferment et il regarde sur le côté comme pour oublier sa présence. Ce n'est pourtant pas une histoire de langue ici, car l'anglais est également beaucoup parlé à Porto-Rico, mais une histoire au-delà que je ne connais pas.

HYDRA - the sinful souls {En Cours}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant