Ramon Cano
C'est un grand jour. Je me tiens au milieu de l'église, là où je suis censé me tenir comme à tout mariage. Mes hommes sont déjà assis à leurs places et la moitié de ceux des Mahon sont aussi installés, calmes mais pas moins méfiants de nous. De moi. Et ils le doivent, c'est mieux ainsi.
Nous n'attendons plus que les principaux concernés. Aujourd'hui, je rencontre Gustavo Mahon et sa petite fille. Celle qui m'est promis, celle qu'il m'a donné pour une simple alliance. D'un côté, j'ai de la peine pour cette fille. Non en fait pas du tout. Son grand-père l'a vendu pour assouvir ses dettes mais il sait que s'il n'avait pas trouvé une solution, je l'aurais descendu.
Mourir, c'est le traitement qu'on réserve aux mauvais payeurs dans la mafia, et même un chef de familia n'y échappe pas. Certains n'ont pas peur pour leur vies mais pour leurs familles, ce n'est pas le cas du grand Gustavo. Il a vendu sa fille en s'attendant à ce que je lui efface ses dettes en échange. Son entreprise coule, il n'a plus la main sur rien et il sait que dans peu de temps, s'il ne trouve pas de solution, il sera à mes ordres. Car ces moi qui à la main sur les affaires. Et ce n'en sera pas autrement.
Pendant que j'attends, en costume, la fille, que je patiente, je viens pour la première fois à me demander quel genre de fille me serait confié. Qui subirait ma présence et moi la sienne. J'ai entendu parler de l'histoire de sa famille. Son père a abandonné lâchement la familia et est parti pour une femme. Un idiot qui comme attendu n'a pas terminé sa vie avec cette gringa. A la place, son fils est mort, et sa fille est de retour avec lui, ici, contrainte à vivre cette vie. Mais ce n'est pas moi qui l'aidera. Les choses sont comme elles sont, tout n'est qu'une question de choix.
Honnêtement, l'idée de me marier avec une femme que je connaisse ou non, m'ennuie et me dégoute. Sceller ma vie avec elle ne m'intéresse pas. Mais j'ai des plans. Et je suis prêt à subir n'importe quoi pour arriver à leur fin. Et cette fille est passeport à l'un deux. Alors elle s'y soumettra. Puisque désormais : elle m'appartient. Qui qu'elle soit.
Je me tourne vers Jadzia. C'était le plus réticent à cette affaire et il n'a pas manqué de faire savoir son avis. Il pense que c'est une mauvaise idée. Je n'aime pas qu'on me donne un avis que je n'ai pas demandé. Mais c'est un frère pour moi, alors pour lui, je peux être clément.
- Où sont-ils ? je lui demande.
Jadzia qui vient tout juste de rentrer dans l'église pointe deux portes qui soudainement s'ouvre. Elle est là. Alors il va s'asseoir. Elle est enfin là.
Les deux portes s'ouvrent sur nous. Les bancs de l'église sont remplis et deux personnes entrent alors que les hommes restants se range discrètement sur les bancs restant. C'est Gustavo et sa petite fille. El Gran des Mahon est pomponné au maximum. Comme si c'était un grand jour pour lui. Évidemment, c'est celui où il efface ses dettes.
Mais qu'il ne se trompe pas, c'est mon jour. C'est moi qui a le plus à gagner dans cette histoire et il le sait.
Celle qui l'accompagne est une femme assez grande. Elle a des cheveux noirs et des yeux sombres, autant que son père. Je décèle dans son regard de la haine et de la tristesse, mais je ne sais pas sur qui elle est dirigée. Elle n'est pas mal, plutôt jolie. Son corps d'aussi loin que je peux le discerner est assez bien proportionné, bien que pas aussi bien doté que d'autres femmes mais elle est encore jeune. Vingt ans ? Je discerne aussi autour de la robe, plusieurs tatouages. Ils lui vont bien. Je sais aussi qu'elle s'appelle Valentina. Valentina Mahon, je connais assez de son histoire pour être mitigé à son sujet. Je ne sais pas quoi penser. C'est une première.
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HYDRA - the sinful souls {En Cours}
Romance« Au croisement de leurs âmes, là où leurs cœurs se sont égarés » Pour échapper à une vie de plus en plus désastreuse à Ave Maria, Valentina et son père Alvaro sont contraints de retourner à Porto Rico, sur les terres natales de son père et y vivre...