Valentina Mahon
Une semaine est passée depuis la mort de Jadzia. Sept jours.
Une semaine seulement et c'est comme si la propriété était devenue déserte et silencieuse ; abandonnée. Ramon est restée constamment avec moi, dans ma chambre. Il n'a pas quitté la chambre. Même pas pour manger. J'ai dû la quitter plusieurs fois presque en lui promettant que je ne partais pas pour m'enfuir, lui faire à manger. Car évidemment, il s'est permis de chasser le chef à son arrivée. Pourquoi ? Mystère. Il s'est renfermé envers tout le monde sauf moi. Même Fernando quand il est venu ce soir-là, il l'a repoussé. Il avait perdu la tête, en pleurs et fous furieux. J'ai envi de dire que désormais il sait ce que j'ai ressenti quand il a prit ma dernière famille Katarina, mais ce serait trop cruel. J'ai aussi envie de dire que je suis heureuse de savoir qu'il ne m'a pas repoussé moi, la seule, mais je ne le fais pas. Je ne sais pas quoi penser entre amour et rancœurs.
En tout cas, j'avais l'impression de me revoir entrain de gérer mon père après la mort de Luis. Quelqu'un qui ne se lève plus, reste silencieux. Lui ne pleure pas, il ne mange pas, ou ne boit pas. Et il s'accroche à moi. Ramon reste dans ce lit qui est censé être le mien, silencieux, comme sur un fil qui est sur le point de craquer à tout moment. En pleure ou en colère, je ne sais pas. C'est la seconde fois que je gère quelqu'un en deuil, mais cette fois je reste, car ça ne me dérange pas. Il vient de perdre un frère. Quelqu'un d'important à ses yeux juste après avoir perdu Neran.
Mais Jadzia lui c'est pour de bon.
C'est ce qui est le plus douloureux quand on se réveille après être resté une semaine dans son lit à ne rien faire et à dormir, à rêver ou à faire des cauchemars. On se réveille et on croit que tout n'était qu'un rêve. Puis on rencontre le silence et la solitude. La réalité nous retombe dessus et c'est fini. Fini tant que la page ne se tourne pas. Ce n'est pas un livre qu'on referme, car ce genre d'événement nous suit toute notre vie.
J'ai appris que la sœur et le père de Ramon s'étaient fait assassinés. Il ne lui reste plus que Neran qui n'est plus là. Je n'ose pas penser ni dire qu'il me reste moi car je ne connais pas les pensées qui l'occupent. Je ne sais pas quelle place j'occupe dans son cœur, et si ce n'est pas le cas, de quelle manière, il me considère à ses yeux.
- Ramon réveille-toi, nous sommes déjà le soir, je lui susurre.
Je sais que tôt ou tard, il se lèvera la haine au cœur et voudra tuer Oscar qui ne cesse de tout lui enlever, moqueur, et je ne pourrais pas l'y empêcher. Je ne pourrais pas l'empêcher de rencontrer cet homme qui se fera un plaisir de me dénoncer. J'en ai peur, je le crains. Car ce soir-là, lorsque je suis venue avec ses fusils, ça m'a fait plaisir de le voir me traiter en égal. En compagnon d'arme et cesser de me voir comme un objet. Mais je sais aussi que je suis venue par culpabilité, car si Oscar a découvert la planque c'est par ma faute.
Je la lui ai donné il y a longtemps sans savoir ce qu'il prévoyait. Ramon m'en voudra. Il me tuera. Je lui ai retiré deux frères. Neftali. Puis, Jadzia.
Ramon remue dans le lit et les draps. Il se réveille. Je m'approche de lui pour vérifier qu'il est bien réveillé. Et je lui susurre que ses hommes cherchent toujours Neran. Il s'assoit et ébouriffe ses cheveux. Il m'attire contre lui et je ne dis rien. Ce n'est pas une étreinte, pas réellement. Je ne pense pas qu'il pense à me faire ce câlin. Mais je sens ses bras m'entourer et ça me suffit. Quand suis-je devenue comme ça ?
Je sens son nez frôler le bas de mon cou près de mon épaule, puis sa bouche. Il y dépose quelques baisers et tente de m'embrasser mais je recule. Il a déjà tenté ce genre de choses plusieurs fois.
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HYDRA - the sinful souls {En Cours}
Romance« Au croisement de leurs âmes, là où leurs cœurs se sont égarés » Pour échapper à une vie de plus en plus désastreuse à Ave Maria, Valentina et son père Alvaro sont contraints de retourner à Porto Rico, sur les terres natales de son père et y vivre...