Ramon Cano
Attendre que la trahison ne vienne à moi ? Ce n'est pas mon genre.
Benicio m'a éduqué à éradiquer toute menace avant qu'elle ne naisse, même de simples soupçons. Pourtant, je m'apprête à le faire pour la première fois. Valentina ne cesse de me forcer à explorer de nouvelles premières fois, me prouvant un peu plus chaque jours à quel point elle me change, à quel point elle m'est indispensable.
Jadzia le sait, je sens qu'il le sait et c'est pour ça qu'il s'est énervé contre moi. Je change, c'est bien réel, mais je ne peux pas me résoudre à m'avouer que je le fais totalement. Pourtant, je change, c'est indéfectible. Alors Jadzia ne doit pas le savoir. Pas maintenant, sinon il m'en voudra à vie de le savoir moi-même mais de ne rien faire afin d'arrêter ça. Car je n'ai aucune envie de ne pas le faire. Je veux espérer que Valentina soit à moi comme elle le prétend et ne traite pas affaire avec quelqu'un d'autre.
Nous sommes tard, mais ce soir nous devons aller voir el Contador. Notre bon vieux compteur Lopez qui nous a appelé ce soir pour faire les comptes. Je n'ai amené pour une fois que Jadzia et non nos hommes pour nous retrouver à deux. J'ai la sensation qu'il faut qu'on souffle un bon coup nos problèmes si nous ne voulons tôt ou tard pas exploser pour de bon. En attendant de retrouver Neran, il faut que je ne perde pas Jadzia.
Alors nous marchons dans les rues de San Juan sous les lampadaires oranges discutant comme s'il n'y avait pas de conflit entre nous deux. Malgré tout, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas chez Jadzia depuis hier soir. Je ne sais pas ce qu'il se passe, il semble préoccupé.
- Tu sembles tendu, hermano, lui fis-je remarquer en le détaillant méfiant.
Jadzia se tendit un peu plus mais ne voulu rien montrer, pas qu'il sache bien me cacher quoi ce soit malgré tout.
- Es-tu toujours en colère ?
J'ai dans l'espoir que ce ne soit pas encore pour Neran, car lui plus que n'importe qui sait à quel point je me donne en ce moment à le chercher ce stupide connard introuvable. Mais je sais que ce serait logique.
- Pourquoi pas, répond-il précipitamment mais durement.
Je sais qu'il le pense mais je sais aussi qu'il me cache quelque chose. J'ai l'impression que ce n'est pas ça, comme s'il c'était passé un truc hier.
- Ce n'est pas ça, lui révélais-je plus intrigué.
Jadzia sans cesser de marcher me fixe du coin de l'œil sans la moindre expression mais ne répond rien. Dans ce silence, il me confirme que c'est le cas. Au moins, je sais qu'il n'y a pas que ça qui le torture. Pas que moi.
Jadzia boit cul sec la canette de bière qu'il tenait depuis un moment dans ses mains puis m'adresse un grand sourire comme s'il venait de se rappeler un événement heureux.
- Il m'est arrivé quelque chose d'incroyable très récemment mec, commence-t-il en regardant la rue face à lui que nous contournons.
- Qu'est-ce que c'est pour que tu souris comme ça ?
- J'ai retrouvé mon frère au bar. Javier, articule-t-il. Combien de temps ça fait dis-moi. Une éternité que je ne l'ai pas vu et l'endroit où je le retrouve c'est au bar du coin ese malparido !
Javier est le seul frère et la seule réelle famille qu'il n'a jamais eu dans les favelas à l'époque. J'ai rarement entendu parler de lui car il n'y avait pas grand-chose à dire, mais je sais qu'il est son vrai frère. Il était avec Jadzia avant que ce dernier tout jeune ne rencontre Neran. Javier était son seul tuteur, et avait dix ans de différence avec lui. Javier était son pilier dans la pauvreté et le malheur, un frère qu'il prétendait ne jamais quitté jusqu'à ce que dernier ne le quitte.
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HYDRA - the sinful souls {En Cours}
عاطفية« Au croisement de leurs âmes, là où leurs cœurs se sont égarés » Pour échapper à une vie de plus en plus désastreuse à Ave Maria, Valentina et son père Alvaro sont contraints de retourner à Porto Rico, sur les terres natales de son père et y vivre...