2.

32.7K 807 177
                                    



- Fais attention à toi ma belle, sourit le vieux taximan avant de refermer le coffre de son véhicule.

- Merci, rendais - je. Mon périple prend fin ici, donc tout ira pour le mieux maintenant

- Je l'espère, me dit - il avant de remonter et de s'en aller

           Bon... J'avais enfin réussi. Les bouchons en route nous avaient ralenti et trente minutes de trajet étaient de nouveau devenues une heure, m'épuisant alors, encore plus. Alors, puisque j'étais enfin arrivée, il ne me restait plus que quelques étages à monter et tout serait enfin fini.
      Je trainaillais cependant un peu. Il ne pleuvait plus, mais une petite brise fraîche parcourait l'air glacial de cette fin d'automne New-yorkais. Je souris. Ça faisait du bien. Et ça calmait surtout.
           J'inspectai les alentours. La rue était calme et n'était ni trop bondée ni trop vide non plus. Quelques ados étaient de sorties malgré ce froid, animants alors la nuit. Il y avait des lampadaires de part et d'autre de la chaussée.
     Les lumières orange et tamisées allaient bien avec la couleur des immeubles qui se ressemblaient tous. Murs en briques rouges, fenêtre aux bordures et volets noirs ou en bois. Ils étaient tous pareils et mon immeuble à moi aussi ne faisait pas exception à la règle.
           Cette petite ambiance victorienne en plein New-York plus, précisément en plein Manhattan me plaisait. J'inspirai alors bruyamment l'air froid qui m'entourait, avant de prendre en main ma première valise sur trois que je montais à l'intérieur de l'immeuble.
     J'appréciais beaucoup le charme du lieu, mais quand il fallut prendre la seconde valise, je me demandai tout à coup pourquoi ces escaliers avaient été construits. Ne pouvait-il pas construire un immeuble plain-pied ? Juste comme à Mexico.
    Le pire, c'est que je ne faisais que les rentrer dans l'immeuble. Il fallait ensuite toutes les monter au troisième étage. Il me fallait quelqu'un, un ange sorti de nulle part même s'il le fallait, mais j'avais besoin d'aide. Alors que je redescendais, à bout de souffle pour aller prendre cette dernière valise, j'entendis une fille crier contre un mec de l'autre côté de la rue.

- Espèce d'incapable ! Tu n'es même pas foutu de te trouver un boulot et tu veux me donner des raisons de rester avec toi ?! Hurla-t-elle en le frappant à la poitrine

- Je fais tout ce que je peux

- Non ! Paie - toi un vrai appartement, une Mercedes, un truc classe pour une fois et ce jour-là, tu pourras me donner une raison de me trimballer un mec comme toi et de l'appeler '' copain ''

            Elle s'en alla, faisant claquer ses longs talons aiguilles sur le goudron du trottoir, laissant alors l'interlocuteur, là, en plan.
       Il était détruit. Son visage était meurtri par la douleur. Il leva alors la tête et son regard croisa le mien. Il était sur le perron de son immeuble ce qui faisait qu'on était au même niveau donc on se voyait très bien.
    J'essayai alors de lui sourire. Un peu de gentillesse pouvait peut-être l'aider ? Mais il me regarda étrangement avant de me toiser et de rentrer chez lui, faisant claquer la porte du grand bâtiment derrière lui.


- Super...

Je redescendis, pris ma dernière valise, et retournai m'enfermer à mon tour dans mon immeuble.
        Qu'est-ce qu'ils avaient tous, ces américains, à être aussi froid ? Je venais de lui sourire, pour le réconforter de sa pathétique rupture, et lui, il me toisait. Non mais ! Je venais de faire preuve de sympathie. Visiblement mes voisins et moi, ça n'allait pas être ça.
Heureusement que l'ensemble des habitants de ce quartier ne se résumaient pas à un mec qui venait de se faire larguer.

'''

J'ouvris à bout de souffle, mon appartement. Je n'y croyais pas. Bon, déjà, oui, je n'y croyais pas d'avoir pu monter toutes mes valises toute seule, sans l'aide d'un ange. Mais surtout, je ne croyais pas, au fait que j'avais enfin pu quitter Mexico, j'avais voyagé seule malgré le long périple que j'avais dû traverser, mais je l'avais fait et j'avais aménagé dans cet appartement à MANHATTAN !
           Je poussai alors la porte d'entrée en bois et rentrai, avant de jeter mes trois bagages à l'intérieur. Une fois cette histoire de valises terminée, j'allumai l'interrupteur et fus ébahie. C'était petit mais cozy et mignon.
     Je retirai mes chaussures un peu trop serrées à mon goût, et posai enfin les pieds sur du sol. C'était du parquet en bois. Il était froid donc il rafraîchissait bien ces pieds qui avaient couru pour ne pas rater un vol aller sans retour.
           Je souris à cette sensation de pur bonheur avant de frissonner. J'avançai alors dans l'appartement pour le découvrir. Découvrir, parce que c'était un appartement que je m'étais louée à distance, car je n'aurais pas eu les moyens de me payer trois billets d'avions c'est-à-dire,  deux pour une visite et un dernier pour l'installation définitive.
    En résumé, le visiter physiquement m'aurait coûté toutes mes économies que j'avais obtenues en un an et c'était hors de question. J'avais opté pour une visite par vidéo. Le proprio avait proposé alors, j'avais dit oui. J'avais craqué sur cet appartement de là où j'étais ce jour-là et il était l'heure pour moi de le découvrir.
               Je m'avançai alors et poussai une porte qui s'avéra être celle des toilettes et de la salle de bain qui étaient dans la même pièce. C'était classique. Petit comme partout à Manhattan, mais propre. Le sol était en carrelage blanc, mais les murs étaient, eux, en bleu. Je sortais et refermai derrière moi. J'avançai de quelques pas et comme par magie, j'étais dans le salon. Cet appartement était vraiment petit ce qui me fit presque rire. La façon dont toutes les pièces étaient proches me surprenait.
        Je jetai un coup d'œil à ma droite et vis que c'était la cuisine ouverte qui se tenait là avec un évier et ses plaques de cuisson à côté. Devant moi, il y avait donc le fameux salon avec mon lit pensais - je émue en le voyant. Enfin ! Il y avait aussi un canapé en face d'une télévision qui n'était pas à moi, mais qui avait été abandonné par l'ancien locataire qui n'avait pas voulu s'encombrer avec ça. 

    Super ça me ferait une télé gratos riais - je. 

Enfin, mes yeux se posèrent sur une petite table basse posée sur un tapis gris assez mignon.   Tout était meublé, c'était sympa.                   
   Meublé à mes frais en fait. Rien qu'en y pensant, je perdais mon sourire. Seule la télé avait été offerte par un locataire flemmard. Sinon, la déco, les meubles comme le canapé, les tables, chaises, commodes avait été payée par moi. Obtenir ces services n'était pas gratuit et si une personne en avait bien profité, ce n'était pas moi, mais le propriétaire de l'immeuble qui avait dû se faire beaucoup d'argent quand il avait su que j'acceptais l'appartement avec le confort offert à mes frais. Ma visite était terminée.

Comme je n'avais plus rien d'autre à voir, je m'approchai des fenêtres

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Comme je n'avais plus rien d'autre à voir, je m'approchai des fenêtres. De nuits, la vue était magnifique, avec tous les immeubles illuminés à l'horizon. Alors que j'observais, je fus tout à coup prise d'un coup de barre et me laissai tomber de fatigue sur mon lit.

STOLEN HEART [ DARK ROMANCE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant