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Je poussai ma portière, laissant la voiture en feu de détresse. Une odeur de gaz carbonique m'envahît les narines. Je me mis à courir vers l'autre côté de la rue, vers mon immeuble en feu. La voiture de pompier passa juste derrière moi. Je fixai l'immeuble enflammé et pensais à tout ce que je venais de perdre. Je pensais à ma grand-mère. Abuela.... J'avais laissé le buste. J'avais laissé mes affaires de peinture. J'avais laissé toutes mes affaires de dessins et mes livres.

- Comment... Dis-je

Je venais de me prendre un coup de massue. Le peu de choses qu'il me restait de mon pays... Tout. Je n'avais plus rien pour me relier à mon pays d'origine. En une soirée j'avais donc vraiment tout perdu. Je n'avais plus rien pour penser à ma grand-mère adorée. Je n'avais plus tous ces objets qui me permettaient de prendre du plaisir. Ma vie était réduite à néant et quand je disais ça, ce n'était pas un euphémisme. Je n'avais plus rien. Du tout. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer en un laps de temps aussi court.
Je me retournai alors tétanisée, en entendant les pas des pompiers derrière moi. Je voyais flou, et l'air commençait à se faire rare. Ce n'était pas le moment. J'essayais de retrouver mon souffle, j'avais laissé la portière ouverte, et de nombreuses voitures commençaient à affluer, à la recherche de spectacle. Ma vie était gâchée et des gens voulaient en voir plus. Je vis une personne, en costume m'approcher, mais l'image était floue. J'avais la tête qui tournait, j'avais besoin du dernier inhalateur qu'il me restait. Celui dans mon sac. La personne se prostra devant moi, je laissai une larme s'échapper et l'image se fit plus clair. J'agitai la tête, ne pouvant en croire mes yeux. Je me retournai vers l'immeuble, puis sur lui.

- C'est vraiment toi qui as fait ça ?

Il me fixa de son aire maléfique. Mes jambes se mirent à trembler et j'imagine qu'il le sentit car il se rapprocha de moi, sans pour autant me regarder, et comme si le geste le répugnait, il passa son bras derrière moi.
Je n'avais pas la force de me battre. Je n'avais pas la force de le repousser. J'étais à un stade où tout maintenant pouvait me tomber dessus, je n'aurais aucune réaction. Je n'étais pas loin d'avoir vécu le pire : j'avais perdu tous mes liens avec Abuela.

- Je... Je ne pensais pas, mon souffle se coupa, mais je repris, je ne pensais pas que tu irais aussi loin dis-je dans un profond abattement.

- Tu aurais dû m'écouter

- Tu as gâché ma vie

- Je sais ma belle, mais je t'avais prévenu, me dit-il, tandis qu'on avançait doucement

Mon souffle se coupa de nouveau. C'est comme si ma Abuela mourrait de nouveau. Il m'avait tout pris.

- Je te hais

- J'obtiens toujours ce que je veux, Lucia. Tu aurais dû faire attention

Il me guida vers sa voiture, avant de me l'ouvrir. Il lâcha ma hanche, et me fit comprendre que j'avais tout intérêt à rentrer. Je fis une pause, me ressaisissant. Je me retournai alors violemment et l'attrapai par le col.

- TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU AS FAIT ?!, je hurlai dans la rue, mais il ne cilla pas une seule seconde. Je lui donnai une claque, mais toujours aucune réaction.

- Monte Lucia. La voiture de ton amie rentrera chez sa propriétaire, j'ai un bon chauffeur

- Et tu veux que je te fasse confiance ?!

Il me fit signe de rentrer.

- Pourquoi ce besoin de détruire, tous ceux qui s'approchent de toi. Tu aurais pu me blesser, me laisser pour morte ! Mais tu savais très bien que j'avais des choses qui m'étaient chères dans cet appartement Ace !

- Tu as cinq secondes pour monter dans cette voiture

Il ignora mon discours, il s'en fichait complètement. Ce que je ressentais passait après, rien ne comptait pour lui, à part lui-même. Il se détourna et fit le tour de son énorme voiture avant de monter à l'intérieur. Un frisson me traversa. J'étais épuisée. Les larmes coulaient incontrôlablement, mais il s'en fichait complètement. Malgré ma haine pour lui, il était la dernière solution que j'avais.
     Je me retournai vers mon immeuble embrasé. Une armée de petites personnes en rouge en train de se battre pour son sauvetage, mais il était évident qu'il était trop tard. Ace se mit à klaxonner avec insistance. Je ne bougeai pas, tétanisée. Finalement, il comprit que me demander de monter avec lui était comme lui dire que j'acceptais ce qu'il avait fait, il refit le tour de la voiture puis revint se mettre devant moi, puis dit :

- J'ai gagné... Tu as perdu Lucia, fais avec

Je n'avais plus la force de réagir. Je regardais juste mon immeuble dont beaucoup se battait pour sa sauvegarde. Les fenêtres de mon joli appartement étaient toutes fondues, rien n'était plus debout. Je regardai la voiture d'Alex comme idée d'échappatoire, mais il avait déjà tout préparé car elle était en train d'être prise en charge, par un homme de la cinquantaine. Il était bien habillé, mais sobre, ce n'était pas un voleur.

- Tu remercieras ta sœur

- TU NE PEUX PAS METTRE TOUT ÇA SUR LE DOS D'UNE ENFANT DE QUINZE ANS ?!!

- Elle ne m'aurait pas mis en rogne si tu avais accepté plus tôt

- Tu es vraiment le pire de tous

- C'est pour la bonne cause, rétorqua t - il avec désinvolture

Je me remis à pleurer de plus belle, face à lui, et lui, toujours aussi détestable, continua d'afficher un air sûr de lui, comme s'il n'avait été coupable d'aucun méfait. Une rage folle s'empara de moi, mais au lieu de le combattre, je me mis à courir, mais à peine avais-je fait trois foulées, qu'il m'attrapa par le poignet. Il me le serra au point où j'eus peur de me le faire briser. Je sentais mon poignet brûler, se mettant presque à la même température que celle que l'on pouvait ressentir en approchant mon immeuble. Immeuble que j'avais moi-même choisi pour en faire mon chez-moi, immeuble que j'avais habité pendant si longtemps en même temps, en si peu de temps. Et qu'en était-il de la vieille femme ? Était-elle encore là-dedans ?
Cet homme était dangereux. Il pouvait tuer pour obtenir ce qu'il voulait. Il pouvait tuer tant qu'il n'était pas satisfait. Il détruisait tout sur son passage, et malgré la haine et le dégoût que je ressentais pour lui, je ne pouvais pas le combattre. Pas maintenant. Il fallait que je fuis, même si le feu que je ressentais en moi était plus brûlant encore que celui qui était en train d'emporter mon immeuble.

- Lâche – moi, hurlais-je

Mais comme si je n'étais qu'une poupée de chiffon pour lui, il tira violemment sur mon bras, puis se mit derrière moi, mes fesses collées contre lui.

- Tu vas regretter de t'être amusée avec ce type, simplement pour me mettre en rogne Luchita

Est-ce que tout ça était en fait un problème de jalousie ? Est-ce que tout ce serait mieux passé si je m'étais abstenu de me venger ?

- Je ne t'aiderai pas, je ne serai jamais ton esclave Scotten. Hors de question

- C'est ce qu'on verra

Sans que je n'eus le temps de réagir, ou même de répondre, sans que l'information n'eus le temps de monter dans mon cerveau, il plaqua sa main contre ma bouche et mon nez. Je sentis un tissus humide et je compris que quelque chose de pas net se tramait. En un rien de temps, je perdis mes moyens, et en à peine quelques secondes, j'étais dans ses bras, endormis. Mes yeux se fermèrent incontrôlablement. Mon sort ne reposait maintenant plus que sur lui.

STOLEN HEART [ DARK ROMANCE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant