9.Sohan "passion coco"

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L'éclat d'un soleil timide perçant difficilement les nuages me sort d'un sommeil plus que réparateur. Je papillonne des cils, m'étire, le corps encore fourbu et l'estomac criant famine, lorsque je me fige aussitôt.

Ses mains, son corps, son profil endormi. Damian.

Je me redresse lentement pour ne pas le réveiller et m'aperçois qu'il a ramené la couette sur nous dans la nuit, surement après que je me sois écroulé. Il est si proche de moi que nous avons partagé le même oreiller, la même chaleur, le même air durant de longues heures sans même que je le sache. Le cœur au bord des lèvres, j'approche mes doigts de son beau visage détendu, sans oser le frôler, me contentant de redessiner la ligne de sa mâchoire dans un soupir bas.

Il fait si jeune, encore une fois, je le trouve presque innocent lorsqu'il dort, ses mèches brunes éparpillées sur le coussin, ses lèvres boudeuses entrouvertes, sa respiration grave et régulière. Je laisse glisser mon regard sur ses biceps tatoués que le t-shirt que je lui ai prêté la veille ne cache pas, détaillant chacun de ses tatouages, résistant tant bien que mal au désir ardent de les caresser tendrement.

Je me penche doucement et inspire avec révérence son parfum masculin mélangé à mon gel douche, étrangement excité et épanoui de sentir ma propre odeur sur sa peau. Plus je le vois et plus je me sens tomber, inexorablement. Ce qu'il s'est passé hier, sa façon de se blottir contre moi, son envie de caresser mes cheveux, ses aveux quant à son besoin de protéger ceux à qui il tient. Seigneur, chaque minute passée en sa compagnie me fait chuter toujours plus loin, j'ai l'impression de me perdre en lui, de me noyer dans l'océan glacé de son regard.

Et je ne suis même pas sûr de vouloir stopper ma chute, même si je devais en crever une fois arrivé au bout.

Un dernier soupir franchit mes lèvres avant que je ne me décide à me lever, le cœur froid de devoir quitter ce lit chaleureux et ce corps bouillant. Je sors en silence de la chambre et referme précautionneusement la porte derrière moi.

- Il dort encore, l'autre ?

La douce voix amicale de Jay me remet directement les pieds sur Terre. Toujours affublé de son ridicule masque chirurgical et muni de gants en caoutchouc, je devine rapidement que ce taré a décidé de nettoyer l'appartement de fond en comble.

- Tu sais qu'il n'a pas la Peste, hein ? me moqué-je en allant piocher quelques denrées dans le frigo.

- Tu sais qu'il me suffit de penser au vomi pour avoir envie de dégobiller dans la seconde, hein ?

- Putain Jay, il a juste fait un malaise vagal, remballe-moi tout ton attirail !

- Et il avait vraiment besoin de venir s'écrouler chez nous ? tempête-t-il, les poings sur les hanches, debout devant le plan de travail. Il n'a pas de maison ? De toilettes ?

Je me contente de hausser les épaules en ricanant, il est inutile de lui avouer que je suis incroyablement heureux que Damian ait ressenti l'envie ou le besoin de venir ici, chez moi, pour me voir, alors qu'il était au plus mal. Ça me donne l'impression de compter pour lui, réellement.

- Quand est-ce que ton chien errant va arrêter de squatter ta chambre ? bougonne mon agaçant colocataire en retirant, enfin, gants et masque.

- Pourquoi tu es aussi chiant avec lui ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Ses sourcils épais se froncent, exacerbant son regard assassin, un truc qu'il a vraiment chopé de sa mère.

- Je le sens pas ce mec, je suis sûr qu'il va t'apporter un tas d'emmerdes.

- Pourquoi ? Parce qu'il ne correspond pas à tes critères de bienséance ? répliqué-je excédé et surpris de me rendre compte que je ne supporte vraiment pas qu'on puisse mal parler de Damian.

Dans ma chairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant