6.Damian "plaies à vif"

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Le Tic Tac de l'horloge appartenant à mon voisin semble résonner dans mon propre appartement.

Ses cheveux bouclés qui tombent de façon éparse sur son front.

Les ombres projetées sur le plafond, éclairées par les phares des voitures.

Son t-shirt relevé sur ses hanches, ses côtes nues offertes à mon regard.

Les grincements du lit à chacune de mes respirations.

Ses lèvres entrouvertes, laissant échapper un souffle tout bas.

Merde. Merde. Merde.

Je me redresse et m'assoie en tailleur sur le matelas, le cerveau en ébullition et la poitrine en feu. Ça fait six jours, six putain de jours que j'ai dormi chez lui comme un bienheureux, avant de me réveiller et de le scruter tel un foutu voyeur pervers alors qu'il était inconscient. Je n'ai jamais dormi avec qui que ce soit, le fait que je me sois assoupi si facilement chez ce garçon que je connais à peine montre bien à quel point je suis en train de dérailler sévère.

Mon regard se pose alors sur le t-shirt Batman, tranquillement suspendu à un cintre, bien en évidence à côté de toutes mes autres fringues roulées en boule. Cette envie presque douloureuse de voir sa peau bronzée complètement nue m'a poussé à faire cette demande totalement ridicule, il a dû me prendre pour un malade. Mais ce que j'avais entraperçu lorsqu'il dormait avait été bien trop tentant pour ne pas en quémander plus, quitte à passer pour le timbré que je suis.

Je revois encore ses épaules dénudées, ses mamelons plus sombres que les miens, la cambrure de son dos, ses hanches étroites et ce ventre plat strié de quelques abdos à peine visibles. C'est un sportif, pas de la même catégorie que moi à soulever de la fonte en salle, mais davantage du genre à courir ou nager, quelque chose de ce style. Il est svelte mais ferme, sa peau parait outrageusement douce et sous son nombril se dessine une ligne de poils plus visible que la mienne.

Ce genre de détails, putain, c'est ce qui me rend fou. Et depuis, je n'arrête pas d'y penser, de m'imaginer poser ma paume sur son ventre et titiller ce chemin du bonheur jusqu'à descendre plus bas, descendre trop bas.

Fait chier !

Un pic d'adrénaline explose dans mes veines et me pousse à bondir de mon lit pour attraper ce t-shirt ridicule que j'enfile sans même réfléchir à la portée de ce geste. N'ayant qu'un tout petit miroir accroché au mur de la salle de bain, je me poste devant la plus grande fenêtre de ma piaule et m'observe dans le reflet presque intact que me procure la nuit.

Le vêtement me serre au niveau des biceps et du torse, je suis définitivement plus lourd que lui, et cette constatation me fait étrangement plaisir. Mon estomac se contracte alors que je prends conscience que je suis en train de porter le t-shirt qu'il avait sur lui il y a encore quelques jours, j'ai l'impression que le contact du tissu contre mon épiderme est semblable à un de ses frôlements. C'est sa chaleur qui m'enveloppe, son odeur dont je m'imprègne, son corps tout entier qui me recouvre.

La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter, et c'est vaguement honteux que je m'en empare, déçu de ne pas voir le nom de Sohan s'afficher à l'écran.

De toute façon, il ne m'appelle jamais, comme s'il avait pressenti que c'était un moyen de communication qui m'horripilait. A vrai dire, tous les moyens de communication m'horripilent grandement.

- Tu ne dors jamais ? aboyé-je en me laissant tomber lourdement sur le lit.

- J'ai besoin de toi chez moi, maintenant, me supplie cet idiot de Vincent.

- En quel honneur ?

- Celui que si tu ne te pointes pas, je te vire.

- Et quel serait le motif ?

Dans ma chairOù les histoires vivent. Découvrez maintenant