Dans ma chair

20.Sohan "je déteste la violence"

- Il a vraiment accepté ?

- Je te dis qu'il va venir !

- On parle bien de ton pote Fantomas, hein ?

- Arrête de l'appeler comme ça, bon sang !

Je me regarde dans la glace, de face puis de dos, me détaillant sous toutes les coutures afin d'être parfait pour Damian. Impatient, je jette un coup d'œil à ma montre qui m'indique vingt-trois heures pétantes, il ne devrait plus tarder. Enfin... Si je pars du principe que cette fois-ci, il soit à l'heure.

- Tu lui a précisé que c'était une boite gay au moins ? insiste Jay, tranquillement affalé sur mon lit, en train de grignoter des chips.

- Tu crois que je suis le genre de connard à le prendre par surprise ?

Bon Dieu, jamais je ne pourrais lui faire ça. Lorsque j'ai émis l'hypothèse d'aller en boite avec Damian, il y a de ça plusieurs jours, j'ai réellement cru qu'il allait refuser en bloc. Trop tôt, trop précipité, bref, impensable pour lui. Mais contre toute attente, et après de longues minutes de silence pensant, il a dit oui, malgré son malaise évident. Et j'avoue en avoir profité.

Depuis que son ami Vincent est au courant, je le sens libéré, moins à cran et de plus en plus ouvert.

- Tu ne veux vraiment pas venir ? proposé-je à nouveau à Jay en ajustant ma coiffure.

- Je déteste les espaces clos. Bondés. Bruyants. Avec des gens. Je déteste les gens en fait.

Évidemment. De toute façon, mieux vaut qu'il ne nous accompagne pas, je préfère être seul avec Damian pour l'accompagner tranquillement dans ce nouvel univers qu'il ne va pas tarder à découvrir.

- Bordel, on dirait qu'il est à l'heure ce soir ! s'exclame Jay alors que la sonnette retentit.

- Je commence enfin à avoir un peu d'influence sur lui !

Tout guilleret, je me précipite jusqu'à la porte et lui ouvre, avant de me poster dans le couloir, comme à mon habitude. Le bruit de ses pas se met à résonner dans la cage d'escaliers, m'envoyant cette myriade de papillons si reconnaissable dans la poitrine. Les semaines ont beau passer, je frémis toujours d'anticipation dès que je l'entends arriver, bien qu'il vienne presque tous les jours à la maison.

Mais le moment que je préfère, c'est celui-ci, quand je le vois apparaitre de sa démarche trainante, les épaules voutées et le visage fermé qui s'illumine légèrement lorsqu'il croise mon regard. Pull noir, jean noir, boots noires, veste en cuir noire, il semble à la fois menaçant et captivant. L'obscurité qui se dégage de ses fringues exacerbant la pâleur de son visage.

- Salut beau gosse, sourit-il en coin en me prenant dans ses bras, son nez niché dans mes cheveux tandis qu'il m'embrasse langoureusement derrière l'oreille.

- Quelle ponctualité, tu m'honores !

- Je n'ai plus envie de perdre du temps à être loin de toi.

Le cœur à deux doigts d'exploser tant je suis heureux, je lui rends son étreinte et mordille sa nuque que je suce lentement, savourant le goût de sa peau.

- Tu dois vraiment l'aimer pour accepter d'aller là-bas, intervient Jay en ricanant.

Je me retourne pour adresser un regard noir à cet idiot tranquillement adossé contre le chambranle, son foutu paquet de chips entre les mains.

- Jay... Tu ne...

- Comme un fou furieux, répond platement Damian, ses orbes rivés aux miens.

Okay. Très bien. D'accord. Si je ne veux pas que mon cœur lâche dans la seconde, je ferais mieux de couper court à cet échange.