Dire que je jouai le plus gros coup de poker de ma vie était un euphémisme. Je jouais gros, très gros. Avec ce petit mensonge je craignais la réaction de mes camarades, peur qu'il ne comprenne pas mon choix, peur qu'il ne respecte pas ma décision. Certes, ce qui unissait la mafia était la famille et ce qui unissait la famille était l'amitié, la loyauté mais surtout la confiance. J'avais dérogé à toutes mes règles pour elle et elle n'avait même pas l'air de s'en apercevoir.
Était-il si difficile de croire que je n'étais pas un monstre ? Apparemment oui.
Je reconnaissais que mon comportement envers elle laissai parfois quelque peu à désirer, je l'admis, oui, je ne savais pas y faire. Mais merde c'était moi le chef, après tout, si l'envie me prenait de vouloir élever un troupeau de canard qui m'en aurait empêcher ? Qui aurait eu l'audace de me contredire ? Bon, il est vrai que la situation était pour le moins délicate et qu'elle ne ressemblait en rien à un élevage de canard. Enfin. Bref.
C'était mon ennemie, ma prisonnière et j'en faisais ce que je voulais. Si ça ne plaisait pas, tant pis, la vie était ainsi faite. Lorsque je leur expliquerais la raison de sa présence, c'est à dire son rôle "d'intervenante extérieur" qui nous permettra d'obtenir des informations de l'ennemi directement de l'ennemi ils me féliciterons pour cette excellente idée.
Inconsciente, stupide mais admirable idée. Avec elle dans nos rangs nous partions gagnant. Bon, il ne restait plus qu'à régler le tout petit problème qui se poser. Et quand on parle du loup l'a voici qui rentra furibond dans mon bureau précédé de Scott qui, vu sa mine dépitée, avait du subir un sale quart d'heure.
L'explosion, que dis-je l'ouragan fit irruption dans la pièce retournant tous à son passage.
- Je te manques déjà c'est ça ? demandai-je ironiquement en m'installant dans mon fauteuil
Son regard emplit de haine me fit une seconde froid dans le dos mais, me reprenant vite, mon masque impénétrable sur le nez je lui lançai un regard glacial.
Je détournai les yeux et me servis un verre de scotch ne souhaitant pas une seconde me laisser prendre au piège. Si elle pensait pouvoir m'amadouer avec son jolie minois elle se mettait le doigt dans l'œil. Il était hors de questions que je perde de vue mes objectifs. Je ne devais pas me laisser prendre au jeu, ne pas fléchir, ne pas me disperser. Cette fille était en ce moment même le plus gros de mes soucis et il fallait absolument y mettre un terme, définitivement.
- Briac Parker, chef de la mafia de mon cul ! Je ne suis pas ton employé, ni ton amie et encore moins ton alliée ! Je ne suis que ta captive que tu retiens prisonnière depuis des semaines pour ton bon plaisir. Après tout ce que tu m'as fais endurer comment peux-tu croire, ne serais ce qu'imaginer une seconde que j'accepterais de t'aider ? Que volontiers, je me plierai à tes ordres en me faisant passer pour une "intervenante extérieure" sans blague ? Plutôt mourir que de trahir les miens ! Tu m'entends ? Jamais je ne bosserai pour toi ni t'aiderais à attraper mes frères. Non mais es-tu un abruti finit ou simplement complètement débile ? Es-tu réellement le chef de cette putain de mafia ou seulement d'un petit gang minable ? Vous ne fonctionnez peut-être que pour l'argent, la drogue et je ne sais quoi d'autre mais la mafia de l'Est est avant tout une famille ! Et on ne trahit pas sa famille !
Elle prit une grande inspiration puis reprit
- Bordel de merde c'est la meilleure ! Putain mais vas-y, fais toi plaisir, menace-moi ou non, mieux que ça, frappe-moi comme tu le fais si bien ! De toute façon si tu ne le fais pas j'irais voir tous tes petits camarades et leur révélerais la vérité sur vos incommensurables mensonges ! Je suis sûr qu'ils apprécierons et feront le travail à ta place ! Non mais sérieux tu est vraiment le pire des chefs que j'ai jamais vu. Mentir à sa "famille" comment oses-tu ? Bande de bouffons.
Ses paroles me blessèrent, je m'attendais à ce qu'elle réagisse ainsi, pas aussi violemment ou bien peut-être que si, enfin. Si j'avais laissai parler ma colère je l'aurais fais taire la première fois ou elle avait osé ouvrir la bouche mais bon cela n'aurais mené à rien. Si je voulais régler ce "petit problème" il me fallait prendre le taureau par les cornes. Ainsi, j'aurais ce que je veux et tout le monde sera contents.
Enfin, surtout moi. Ahah.
Merde elle en avait des couilles, ça ne faisait aucun doute. Son cran, sa fidélité et son courage faisait d'elle un atout majeur. Dommage pour elle qu'elle ait choisi le mauvais camp. Même si son intégration à la mafia de l'est restait encore un grand mystère. Elle me fascinait autant qu'elle me terrifiait.
Elle était forte, téméraire, obstinée et terriblement séduisante. Si elle n'appartenait pas à l'ennemi il y a longtemps que je ... Enfin ça ne sert à rien d'éluder. Elle leur appartenait et leur était fidèle. Jamais elle ne changerai. Elle était prête à mourir pour eux et pour lui. Elle ne serait jamais à moi puisqu'elle leur était dévouée.
Maudite frontière.
Pourquoi n'était-elle pas issue de l'ouest ? Pourquoi fallait-il qu'elle y soit tellement attachée ? Bordel. Aujourd'hui je lui demandai littéralement de jeter sa famille en pâture aux lions. Jamais elle n'accepterai ni ne changerai de camp. Jamais elle ne m'accorderai le bénéfice du doute ni ne concéderais que peut-être, je n'étais pas aussi cruel et monstrueux qu'elle le pensait. Je voulais sincèrement la paix sur ce territoire. Plus de tueries, plus de massacres.
Finira t'elle par me croire ? J'allais devoir lui prouver le contraire. J'allais devoir lui prouver que c'est avec moi qu'elle trouverait le bonheur, que c'est avec moi qu'elle trouverait une famille.
Il le fallait.
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Phœnix
Romance« Mais pourquoi étais-je ici ? Qui était-il ? Que comptait-il me faire ? La peur m'envahit en une fraction de seconde. Et des milliers de questions m'assaillirent. Je devais trouver un moyen de quitter cet endroit. Mais comment ? - Je dois aller a...