Skye

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Il n'avait même pas réagit, son regard était tout simplement resté bloqué sur mes blessures apparentes. Je me sentais vraiment mal de cette situation et en même temps, je me demandai bien pourquoi il en faisait tout un plat. Après tout, je n'étais que sa prisonnière habitant au-delà de la frontière, je ne représentait rien pour lui. Alors pourquoi me regardait-t-il de cette manière ?

Mon corps me surpris à frissonner face à cette attention particulièrement déconcertante.

Et alors que je tentai de maintenir un contact visuel, je ne sais si ce fut de la fatigue, le stress d'avoir failli me faire prendre, la pression qui s'en était allée maintenant que nous étions enfin rentrés ou bien si ce fut autre chose. Mais je me sentis soudain si faible face a l'ardeur de son regard que je dû m'accrocher à Jacob une seconde, afin de ne pas perdre l'équilibre.

Aussitôt, cela le fit enfin réagir et il m'attrapa immédiatement la main, initialement posée sur mon ami. Je le regardai sans comprendre et avant même que je n'eu le temps de le lui demander il me tira hors de la pièce, ma main toujours retenu dans la sienne tandis que son autre main s'attelait à me maintenir par la taille.

Il m'emmena rapidement à la salle de bain du rez-de-chaussée là où, il me fit asseoir sur le bord de la luxueuse baignoire.

Sans un mot, il se mit à rassembler compresses et autre désinfectant qu'il prépara avec habilité.

Ce silence me mis mal à l'aise et me plongea dans la confusion. Pourquoi ne disait-il rien ? Il aurait dû me crier dessus, me menacer de mort ou pire, m'exécuter pour cet affront.

J'aurais presque préféré qu'il le fasse plutôt que de devoir supporter ce silence, impuissante. C'était étrange, mais je ressenti comme une sorte de culpabilité me ronger en le regardant approcher cette compresse.

L'expression de son visage avait beau être glacial, tout au fond de ses yeux je perçu comme une sorte d'inquiétude. Et elle ne fit qu'accroître mon malaise.

Depuis toujours, j'avais beaucoup de mal à m'excuser. Peut-être parce que je n'avais jamais eu à le faire, peut-être parce que je n'avais jamais eu quelqu'un à qui les présenter.
Peut-être bien aussi parce que ce n'était pas à moi d'être désolé mais aux autres. C'était leur faute si j'étais devenu cette personne après tout. J'avais changé, le jour ou mon pied avait franchi le seuil des Cooper.

J'étais devenu quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre. J'étais cruelle, glaciale, sans aucun état d'âme, j'exécutai les ordres sans poser de questions.
Je n'avais ni cœur ni morale, même si je tâchais de respecter certaines règles que je m'étais établi. Mais la vérité était que j'étais tout simplement vide de l'intérieur.

Bizarrement, pour la première fois de ma vie, je ressenti le besoin d'être pardonné. Il y avait quelque chose au fond de moi qui me remuer l'estomac si bien que je grimaçais. Je me sentais coupable. Et je voulais qu'il me pardonne.

Alors, lorsqu'il désinfecta ma pommette, je secouai la tête en signe de refus et me reculai légèrement de façon à ce que la compresse ne soit plus en contact avec ma peau.

- Je suis désolé soufflai je en rencontrant son regard.

Il s'immobilisa, visiblement surprit mais ne répondit rien.

La déception se peignît sur mon visage lorsque je compris qu'il ne me répondrait pas. Frustrée, je tentai de me lever afin de regagner ma chambre mais je fus stopper par ses mains qui m'arrêtèrent et me maintenue dans ma position.

Perplexe, je relevai la tête tentant de comprendre son geste. C'est alors que mes yeux rencontrèrent les siens et se noyèrent dans l'étendue de son regard.

Quelque chose avait changé. Au fond de lui, à travers la lueur de ses iris je découvris une chose qui me fis dangereusement tressaillir.

Il s'ouvrit pour la première fois et me dévoila un fragment de son intériorité. Un fragment profondément enfoui en lui qu'il venait de me révéler mais n'avait pas l'impression de le réaliser.

Il était différent, il semblait plus accessible.
Je le sentais, il me laissait le voir. Le voir, vraiment.
Et sans en avoir conscience, il se révélait.
Et inconsciemment je le fis aussi.

Notre conscience avait appris à se taire.
Nos corps avaient appris à se battre.
Mais nos regards, eux, trahissaient tous ce qu'on tentaient de refouler.

Ils luttaient à présent pour affranchir nos consciences, purifiés nos âmes, apaisés nos corps et libérés nos cœurs.

Un sourire esquissa le coin de mes lèvres.

Nous étions si semblables.

Et ce n'est que maintenant que je m'en rendais compte.

Mon rythme cardiaque s'affola tandis que mon souffle resta bloqué dans ma poitrine. 

Que peut tu bien ressentir ? Interrogeai-je silencieusement mon organe vitale, soudain prise d'empathie envers ce petit être qui mouvait en moi, m'insufflant sa force.

Il éprouve chuchotai-je en moi même.

Mais il fut encore trop tôt pour le dire.
Ou du moins, pour me l'avouer.

PhœnixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant