Skye

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Encore déboussolée je parvins à me relever difficilement, je m'appuyais contre le mur une main sur mon crâne légèrement égratigné.

Je tentai d'appeler Emmet mais ma voix ne surpasser pas celle des grenades. J'entrepris de le chercher lorsqu'on attrapa mon bras et qu'on me tira avec force.

- Emmet ! M'exclamai soudainement

Nous venions d'échapper à une balle.

- Il faut qu'on bouge ! lança t'il alarmé

Je l'arrêtai sans trop savoir.

- La salle d'armes ! m'indiqua t'il alors

J'hochai frénétiquement de la tête et ayant repris totalement mes esprits m'élançais à ces côtés évitant les balles de justesse. Plusieurs corps gisaient déjà sur le sol. Nous continuâmes notre course effrénée jusqu'à ce que nous arrivâmes à destination.

Immédiatement je m'équipais de multiples armes que je dissimulai sous mes vêtements. Je me munis également d'une mitraillette tandis que dans la foulée Emmet opta pour une carabine et un fusil à pompe qu'il accrocha dans son dos.

- Prête ? me demanda t'il

J'hochais la tête. Il me sourit d'un air qui se voulait rassurant auquel je répondis d'un faible étirement des lèvres. Il sortit le premier, je le suivis. D'en haut nous avions une meilleure vue et nous pouvions donc mieux analyser la situation. Malgré la hauteur nous ne parvint pas à voir grand chose. La fumée était beaucoup trop envahissante et devenait véritablement étouffante. J'essayai pour une courte durée et du mieux que je le pu de ne pas la respirer en recouvrant mon nez et ma bouche de mon bras. Nous nous rendîmes compte que plusieurs hommes vêtus de cagoule fortement armés réussirent à s'infiltrer et à rentrer dans l'entrepôt. Ils se furent pour la plupart criblés de balles. Mais quelques uns réussirent à y échapper et rentrèrent en terrain ennemi. Nous épuisâmes nos balles sur eux mais cette situation devint de plus en plus compliqué. Ils revenaient toujours plus fort et plus nombreux. L'entrepôt devint une véritable scène de guerre, des centaines de corps furent étalés sur le sol n'émettant aucun signe de vie. Nous n'étions plus qu'une trentaine encore debout. Insuffisant visiblement. Nous allions perdre. Ils étaient trop nombreux. Et pour la première fois je faillis devant l'échec. Je perdais espoir et cela se ressentis, je ratais mes tirs et mes balles atterrissaient ici et là. Des peurs insoupçonnées surgirent dans mon esprit, m'aveuglant un instant. Ma tête se mise à tourner de plus en plus vite, mon équilibre faillit. Je m'appuyai à la rambarde au risque de me prendre une balle.

Emmet le remarqua et se rapprocha précipitamment de moi.

- Respire Skye, respire ! cria t'il à travers les tirs

Je pris quelques secondes pour calmer les battements de mon cœur subitement multipliés.
Je pris une seconde de plus et le regardai. Ces yeux me redonnèrent un peu d'espoir. J'inspirai un bon coup et cette fois ne ratai pas ma cible.
Malheureusement, revigorée ou pas, mes balles furent toutes épuisées et il ne m'en resta plus une.

- Je suis à sec ! Criai je à Emmet
- Moi aussi !

Je soufflai et balançai mon flingue sur la tête d'un ennemi. Obligé de changer de tactique nous laissâmes ces traîtres montés jusqu'à nous.
Arrivant à mon hauteur j'en attrapai un par le cou et lui administrai un puissant coup de de genou dans le menton puis sans ménagement le fis passer par dessus la rambarde.

- À qui le tour ? lançai-je aux malheureux qui s'étaient aventurés à l'étage.

Un molosse de très grosse corpulence s'attaqua à Emmet. Grosse erreur, il n'en fit qu'une bouché. Une droite en plein dans le nez suffit pour le déboussoler une seconde et laissa à mon acolyte le temps suffisant pour l'envoyer valser dans les airs.

Les combats s'enchaînèrent de plus belle sans nous laisser une seconde de répit. Tous finissaient un moment ou un autre par dessus les rambardes. Mais nous ne possédions pas des sources de force infini et la fatigue commençait à se faire ressentir. Je n'avais pratiquement plus de force dans les bras. Quant à mes jambes elles réussirent encore à me porter, résistantes. Mais pour combien de temps ?
Je ne savais plus. Et entre ces canons qui n'arrêtaient pas de siffler dans mes oreilles et tous ces hommes qui s'enchaînaient sans ne plus s'arrêter. J'étais épuisée et désespérée.

- Ils sont beaucoup trop nombreux ! criai-je à Emmet tandis que j'évitai de justesse une droite

Il ne me répondit pas et lâcha un grognement lorsqu'il reçu un coup de poing dans l'abdomen. Son rival n'attendu pas sa réponse et il enchaîna avec une droite en pleine face.

Il tomba KO.

J'hurlai son nom mais il ne réagis pas. Avec horreur je regardai la scène et il ne me fallut alors qu'une demi seconde pour être sûr de ce que je voulais faire. Au risque que mon assaillant, avec lequel j'étais justement en train de combattre, prenne l'avantage, je ne pu me résoudre à laisser mon ami et fonçai sur l'antagoniste. Surpris, il ne réagis pas assez vite et je profitai de ce moment de confusion pour lui planter ma lame cillante dans son cou. Il tomba à genoux tandis que je me précipitai sur Emmet. Il se reprit rapidement.

- Emmet ! L'appelai je en l'aidant à se relever
- SKYE ATTENTION

Trop tard.

Je sentis deux mains attraper ma taille. Mes pieds ne touchaient plus le sol. Je tentai de m'échapper mais il était bien trop fort. Et mon corps était bien trop épuisé. Emmet n'eu pas le temps d'intervenir car deux hommes profitèrent de son moment de faiblesse pour lui sauter dessus et l'assaillirent de coups. Je criai impuissante son nom. Des larmes de rage coulèrent le long de mes joues regardant cette horrible scène. Tandis que je me débattais de toutes mes forces, de toutes mes tripes. Mon assaillant se rapprocha dangereusement de la rambarde. Et plus il se rapprochait, plus je sentis la peur imprégnée toutes les pores de mon corps. Je ne connaissais que trop bien ces intentions. Malgré l'épuisement je criai et me débattais dans tous les sens, lorsqu'il m'éleva un peu plus je m'accrochai du mieux que je le pu à la rambarde.

Emmet, lui, leur hurla d'arrêter. Il fut pris par une montée d'adrénaline et se leva d'un bond.
Mais malheureusement pour moi l'ennemi ne perdit pas une seconde et il me balança violemment par dessus la rambarde. Me laissant ainsi seule dans ma chute. Mes hurlements résonnèrent à travers l'entrepôt faisant écho aux balles tirées par les assaillants.

Durant ma descente vers une mort certaine. Mon regard ne quitta pas le sien et mes yeux refusèrent de s'en détacher. Mais mon heure était venu.
Et Dieu ne me sauverait pas.

Quelle fin misérable.

« Tel est ainsi fait le monde, on vit, on meurt, pour l'honneur, c'est viscéral. »

PhœnixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant