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Le lendemain, je retrouvai l'université.

Avec ses nombreux étudiants de tout âge, venant de tout le pays, ses logements bondés, et ses
bâtiments gigantesques mais vieillis par les ans, l'Université Assane Seck me paraissait comme une ville à part entière. Elle était pourtant minuscule comparée à celle de Dakar. Cela n'empêchait que je m'y sentais oppressée.

En général, personne ne faisait attention à moi. J'avais un habillement assez neutre pour parvenir à passer inaperçue. Je venais toujours tôt comme à mon habitude. En plus de garder mon
emplacement favori, j'évitais le plus de monde possible. Ce jour-ci, j’étais venue bien plus en avance que d’habitude...

Je traversai les bâtiments des différentes filières en observant les alentours. Je ne me ferais jamais aux longues allées de gravier, ni aux magnifiques petites fleurs qui laissaient une
fragrance légère qui flottait dans l'air matinal. Cela donnait une douce ambiance qui réveillait en moi l'envie de savourer le calme. Je m’arrêtai quinze secondes, juste quinze secondes, pour laisser ce parfum envahir mes poumons. Je le savourai les yeux clos avant d’expirer et de reprendre mon chemin. J’avais l’impression que mon souffle de vie venait de m’être rendu.

Des minutes plutard, j’étais dans le logement social. J’avançai vers l’un des bâtiments, au premier
étage, tapai contre une porte puis patientai. Les étudiants s’affairaient déjà. Certains faisaient la queue devant les douches, d’autres en sortaient tout juste. Je soupirai en réalisant que la plupart d’entre eux se mettront en route à moins d’une minute de l’heure réglementaire et arriveront, bien évidemment, en retard. Ils n’étaient en rien différents de ces lycéens qui inondaient l’entrée du lycée. Ils en étaient même la version adulte. En les voyant ainsi, je me disais que la ponctualité n’était
pas une qualité qui s’acquiert avec l’âge.

La porte s’ouvrit. A l’entrebâillement, la personne que je cherchais justement.

- Je t’ai dit de plus venir ici ! siffla Abdel.

Quel accueil chaleureux…

- Je t’ai dit de toujours me le dire si tu comptes dormir ici ! répondis-je sur le même ton.

Mon frère me toisa d’un air mauvais. Il avait sa tête du matin et c’était pas beau à voir… Il sortit complètement en prenant soin de bien fermer derrière lui, ce que je trouvai suspect. Il portait un haut quelconque sur son short préféré.

-J’ai zappé ça, fit-il en s’avançant dans le couloir. T’aurais pu juste m’envoyer un sms pour demander.

- Tu y aurais répondu ?

Il mima une grimace, sachant bien que non.

- C’est ma’ qui t’envoie ?

- Non, je pense qu’elle s’est faite à l’idée que tu dois mener une vie estudiantine… C’est moi, je
voulais te voir...

Il s’adoucit en s’adossant à l’un des piliers du balcon. Des lignes à linge reliaient un poteau à l’autre, des vêtements y voltigeaient encore au grès d’une brise légère.

- ça va depuis l’autre jour ?

Je hochai la tête.

-C’est moi qui t’ai amené à ton lit.

Je m’en doutais.

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