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- Ça va, tu mates bien ?

Je papillonnai des cils, honteuse, avant de m'excuser en me justifiant maladroitement :

- Non, bien sûr que non ! C'est pas ce que tu crois, c'est juste que... enfin je...

Ok, d'accord.

Là, je ressemblais totalement à une fillette prise en flagrant délit.

Mais ce n'était pas de ma faute !

Qui ouvrait sa porte à moitié à poil, sérieux ?

Je fronçai les sourcils. Je pouvais parier qu'un minuscule sourire avait trôné sur ses lèvres le temps d'une fraction de seconde. Cela m'encouragea à croiser son regard mais son visage s'était déjà refermé. Je soupirai, regardant le couloir silencieux, sur le pas de sa porte :

- Tu me laisses entrer ? tentai-je faiblement.

Il ouvrit plus grandement le battant pour réponse avant de refermer dans mon dos.

Son appartement était aussi vide que la fois dernière. Je m'arrêtai en plein milieu du salon, scrutant les alentours. Je me perdis un moment dans mes pensées, fixant le balcon, me rappelant de ce qui s'y était passé.

Mais je sentis une aura dans mon dos et me retournai vivement pour croiser les orbes du propriétaire des lieux. L'odeur de son gel douche m'envoûta alors qu'il lançait platement :

- Je vais m'habiller. Prends place.

Je m'exécutai en soufflant alors qu'il me tournait déjà le dos pour s'enfoncer dans sa demeure. Le parfum de son champoing me resta en gorge tant je l'avais aspiré en pivotant. Et sans vraiment savoir pourquoi, je me demandai ce que ça donnerait si je me douchais avec. C'était une fragrance, mélange de menthe et d'aloe Vera, qui recouvrait tout l'espace.

Il revint des minutes plus tard, habillé trop légèrement pour un mois de décembre, se postant contre le mur au lieu de prendre place.

- Qu'est-ce qui t'amène ?

Son ton froid me donna envie de me racler la gorge.

- Tu ne réponds plus à mes messages.

- Et tu ne t'es pas dit que je n'en avais pas envie ?

Je le détaillai du regard, sondant son expression figée en une grimace dont je ne comprenais pas la raison.

- Si, bien sûr, et c'est pour ça que je suis venue te voir, répondis-je. Pourquoi m'ignores-tu ?

Il haussa un sourcil :

- Tu me demandes ça, vraiment ?

Son ton était ironique et je ne le comprenais toujours pas.

Pourquoi ne pouvait-il pas parler clairement ? Comment allais-je comprendre s'il ne me facilitait pas la tache ?

J'allais m'énerver s'il continue ainsi, c'est clair.

- L'autre jour, consentit-il à avancer.

- Je ne comprends pas..., admis-je. Quoi l'autre jour ?

- Tu m'as laissé en plan, tu te souviens ? Je t'ai ramené chez toi et c'est à peine si tu m'as dit au revoir.

- C'est mon frère qui avait appelé, je te l'avais dit, expliquai-je. C'est assez inhabituel alors j'ai vite accouru. Mais là n'est pas le problème, n'est-ce pas ? Ce n'est seulement ça qui te mets en rogne.

Son regard se fit dur en me fixant. J'avais la sensation de suivre un interrogatoire, comme si Jonathan était l'enquêteur et moi la criminelle qui faisait tout pour ne pas se perdre dans ses questions incessantes.

InattendusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant